Adultes vénaux, enfants exploités


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Drapeau du Bénin
Drapeau du Bénin

Progéniture de familles pauvres, ne pouvant assurer leur éducation, certains enfants atterrissent dans des familles où ils deviennent « des bonnes à tout faire ».

Maltraitées, les petites filles béninoises et ivoiriennes ne finiront pas comme Cendrillon. Leur lot quotidien : s’échiner à exécuter les différentes tâches domestiques de leurs hôtes. L’histoire est toujours la même.

Au Bénin ou en Côte d’Ivoire, leurs parents les confient à des proches ou à des personnes susceptibles d’assurer leur émancipation. Leur raisonnement : assurer une éducation, un avenir à leur descendance puisque la pauvreté ne leur permet pas de le faire par eux-mêmes. Mais ce schéma ne vaut que pour les plus naïfs.

Des motivations inavouables

Bema Coulibaly, responsable du projet d’appui aux jeunes filles domestiques, au sein du Bureau international catholique pour l’enfance (BICE – Côte d’Ivoire), explique : « Dans le Nord-Est du pays où les jeunes filles se marient vite, les parents confient leurs enfants en connaissance de cause. Il s’agit pour eux de percevoir à la fin de chaque année l’argent du fruit du travail de leurs filles. Les sommes cumulées vont constituer une dot puisque les parents seraient incapables d’en faire autant autrement ». Ainsi l’enfant, qui commence à travailler en moyenne dès 8 ans, prépare son futur mariage précoce par son travail. Il aura lieu vers l’âge de 15 ans.

Des réseaux se constituent aussi autour de l’exploitation de ces enfants. « Depuis que nous luttons activement pour que ce phénomène d’enfants domestiques cesse, nous avons constaté qu’un véritable commerce existait au Bénin. Les parents échangent leurs enfants contre de l’argent. Des enfants qui se retrouvent généralement à l’extérieur du pays », explique un administrateur de l’action sociale.

Des solutions pour endiguer le mal

A contrario, ce n’est pas le cas en Côte d’Ivoire ou le trafic reste interne. Bema Coulibaly rapporte pourtant le cas de cette petite Ivoirienne, récupérée par une tante vivant à Londres avec son concubin britannique. Cette petite fille, partie de sa Côte d’Ivoire natale à 8 ans, est morte 5 ans plus tard des maltraitances subies et du fait d’avoir été « la bonne à tout faire ». Le couple a écopé d’une peine à perpétuité.

« Pour lutter contre ce fléau, nommé au Bénin ‘vi do megon’ – ‘enfant chez autrui’ en fon (ethnie la plus couramment parlée dans le pays) -, une action concertée a été mise en place entre les ministères de la Protection sociale et de la Famille, de l’Intérieur et de la Justice. Il s’agit de ramener les enfants à leurs familles d’origine, de les scolariser et d’aider leurs familles à résoudre les difficultés qui les minent. Pour mener une action plus efficace, un numéro vert sera bientôt opérationnel », affirme l’administrateur social béninois.

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