Adieu Sœur Emmanuelle


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Soeur Emmanuelle
Soeur Emmanuelle

Sœur Emmanuelle avait 99 ans. La religieuse catholique est décédée dans sa maison de retraite du Var, en France. Elle est connue pour avoir mené, notamment en Egypte, une lutte acharnée contre la pauvreté et l’exclusion.

« Yallah ! » (en avant !), criait Sœur Emmanuelle. Lundi, sa voix a fait place au silence. La religieuse, petite silhouette perdue dans une éternelle blouse grise, s’est éteinte dans la nuit de dimanche à lundi dans sa maison de retraite à Callian dans le Var, en France. Elle avait 99 ans. Elle s’est battue tout au long de sa vie contre la pauvreté et l’exclusion des plus pauvres.

À la rencontre de l’Egypte

Née Madeleine Cinquin le 16 novembre 1908 à Bruxelles dans une famille franco-belge aisée, Sœur Emmanuelle prononce ses vœux dans la congrégation Notre-Dame de Sion en 1931. Un an plus tard, elle quitte l’Europe pour enseigner dans les missions des pays de la Méditerranée. Elle découvre la Turquie, la Tunisie et en 1965, l’Egypte. Pendant 22 ans, elle va partager la vie des chiffonniers (personnes vivant des déchets qu’ils ramassent, Ndlr) dans un bidonville au Caire. Elle consacre toute son énergie à faire construire des écoles, des jardins d’enfants, des dispensaires et œuvre pour le dialogue avec les juifs et les musulmans. « Mes 22 ans dans le bidonville d’Ezbet el-Nakhl ont été l’accomplissement de ma vie », dira-t-elle, nostalgique, à propos de son séjour en Egypte. Sur ordre de sa hiérarchie, Sœur Emmanuelle se voit contrainte de quitter l’Egypte et ses « amis les chiffonniers » pour prendre sa retraite en France. Celle qui aurait voulu mourir dans son bidonville du Caire, prendra ses quartiers dans une maison de retraite pour les religieuses à Callian dans le Var.

Une liberté de ton

La chiffonnière n’avait pas d’âge. Tout le monde se souvient de son visage creusé par le temps, de cette mèche blanche balayant son front et de sa voix tranchante et fluette. Un franc parler dans un si petit gabarit, disaient certains… Quand les journalistes l’interrogeaient sur l’Islam et l’islamisme, Sœur Emmanuelle s’emportait : « par essence, le musulman n’est ni violent, ni un fanatique. J’en ai connu des milliers. Seulement chaque homme, surtout jeune, est enclin à libérer ses instincts primaires ». Elle n’était pas favorable à l’interdiction du foulard à l’école : « N’est-il pas essentiel de respecter celui qui pense autrement? Si aujourd’hui j’étais chrétienne à l’école, je porterais un voile uniquement par instinct », cite le Monde. Des paroles qui s’inscrivent dans une liberté de ton, propre à la religieuse.

« Tant que je peux marcher et être utile, je marche ; et le jour où je tomberai, et bien quelqu’un d’autre prendra ma place et continuera le mouvement », disait Sœur Emmanuelle. Espérons que d’autres reprendront son combat en faveur des plus démunis.

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