Act-up : il faut que l’OMC change les règles sur la propriété intellectuelle


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

Selon l’un des responsable de l’association française, seule l’Organisation mondiale du commerce peut contraindre les laboratoires occidentaux à céder leurs droits.

Selon le coordinateur du projet Planet-Africa de l’association française Act-up, la communauté mondiale doit mettre fin à la propriété intellectuelle sur les médicaments destinés à lutter contre le sida. Parce qu’elles ne veulent pas  » renoncer à 5% de leur chiffre d’affaires les firmes pharmaceutiques occidentales condamnent 30 millions d’Africains à une mort certaine « , estime Sylvain Coudret.

Afrik : Vous organisez le 1er décembre une opération avec vos partenaires africains et une manifestation à Paris intitulée  » Casser les brevets « . N’accréditez-vous pas l’idée que la polémique sur les brevets est une question plus politique que juridique ?

Sylvain Coudret : Les lois ce sont les politiques qui les font. Il faut faire pression partout dans le monde pour que les chefs d’Etats et de gouvernements changent les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC – Ndlr). Actuellement les lois sur la propriété industrielle donnent aux détenteurs des droits le monopole de l’exploitation pour 20 ans. Concrètement, les premiers brevets des trithérapies vont entrer dans le domaine public dans les années 2013. D’ici là 27 millions d’Africains seront morts. Je ne trouve pas abusif de parler de non-assistance à personnes en danger et de crime contre l’humanité.

Plaider pour de meilleurs accords internationaux, c’est aussi plaider pour la fin des ambiguïtés juridiques actuelles. L’OMC interdit au Brésil de produire des trithérapies, mais la constitution du pays de 1998 l’oblige à soigner ses citoyens par n’importe quels moyens. Aujourd’hui 90 000 séropositifs brésiliens sont traités et ils vont mieux.

Afrik : Mais si les firmes pharmaceutiques doivent abandonner les formules de molécules pour lesquelles elles ont engagé des programmes faramineux, peut-on crainte un ralentissement des recherches ?

SC : Ecoutez, ça, ce sont les arguments des firmes. Aux USA, la plupart des programmes de recherche sont réalisés par des universités américaines ou canadiennes sur des fonds publics. L’argument commercial est d’autant plus faux que le marché des pays en développement pour les laboratoires pharmaceutiques, c’est 5% de leur chiffre d’affaires. Ce qui les guide, ce qui les pousse à faire du lobbying auprès du Congrès américain pour que soient décidées des mesures de rétorsion contre les pays comme le Brésil ou la Thaïlande qui produisent des médicaments contre le sida, c’est la plus élémentaire des cupidités. A produire, une trithérapie générique, c’est 500 FF. Une trithérapie  » originale « , 5 000 FF par personne et par mois. Voyez la marge !

Afrik : Les laboratoires affirment craindre que leurs médicaments soient substitués par des formules  » bidons « .

SC : Cela peut arriver, mais de façon très marginale. Cet argument, c’est aussi de l’intox. Une majorité écrasante des malades traités par les trithérapies et autres médicaments génériques sont soignés correctement. Mais dans leur guerre pour conserver la propriété intellectuelle, les laboratoires organisent des campagnes auprès des médecins africains sous formes de séminaires ou de sessions pseudo-scientifiques pour leur expliquer la nocivité des médicaments produits ailleurs. Du coup, certains médecins traitants, en toute bonne foi, se refusent à les prescrire, préférant des médicaments 20 à 40 fois plus chers. A ce tarif là seuls quelques rares élus ont une chance de vivre avec la maladie.

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