Abdoulaye Wade veut « repenser la définition de la pauvreté »


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Le président sénégalais a déclaré, mardi, à Genève (Suisse), que le temps était venu de redefinir le concept de la pauvreté, afin de mieux la combattre. Abdoulaye Wade s’est aussi exprimé, à l’occasion de la Conférence internationale du travail, sur le défi de la mondialisation et le projet d’Etats-Unis d’Afrique.

De notre envoyée spéciale à Genève

« Que recouvre le concept de pauvreté qui continue de rythmer le quotidien de millions d’hommes et de femmes ? » a interrogé le président sénégalais, mardi, à Genève (Suisse), lors de la Conférence internationale du travail du Bureau international du travail. La question, qui pourrait étonner, interpelle en fait plus qu’autre chose. Pour Maître Abdoulaye Wade, Professeur agrégé de sciences économiques, il est en tout cas clair pour lui que les normes internationales définissant la pauvreté ne sont pas adaptées.

La pauvreté est un « bouquet de manques »

« La définition classique, admise par la communauté internationale, considère comme pauvre toute personne vivant avec moins d’un dollar par jour. C’est trop simplifier le problème. Le temps est venu, à mon sens, de repenser la définition de la pauvreté. Peut-on raisonnablement, même avec deux ou trois dollars par jour, se procurer un toit décent, se nourrir, s’habiller, éduquer et soigner sa famille ? » interroge de nouveau le chef de l’Etat sénégalais, contre qui une manifestation d’opposants s’est tenue, mardi, à Genève.

Et de répondre que « la pauvreté ne s’exprime pas en termes de revenus mais de conditions de vie. (…) Voilà pourquoi je suggère plutôt d’appréhender le phénomène de la pauvreté par un cumul de déficits dans les besoins individuels et les services sociaux de base. Je propose donc de définir la pauvreté comme un « bouquet de manques » ». Abdoulaye Wade cite les « sept plaies de l’époque contemporaine pour la majorité de la population mondiale »[[« Non accès à un toit décent, non accès à l’habillement, non accès à l’eau potable, non accès à une nourriture en qualité et en quantité suffisantes, non accès aux soins de santé, non accès à l’alphabétisation et à l’éducation pour les enfants, non accès à un environnement sain » ]], également qualifiées de « besoins humains fondamentaux », en précisant qu’il faut toutes les soigner de front.

Pour des Etats-Unis d’Afrique

Dans son discours fleuve, le président du Sénégal, qui a énuméré les efforts de son pays contre ces plaies, est aussi revenu sur la mondialisation. « On ne choisit pas la mondialisation, on la vit car elle s’impose à tous, a-t-il déclaré. La question n’est donc pas de savoir si on est pour ou contre la mondialisation, mais plutôt comment l’apprivoiser en intégrant les paradigmes de vitesse, de compétitivité et les facultés d’anticipation qui la commandent. »

Abdoulaye Wade a ajouté que dans ce contexte de mondialisation l’une des solutions pour que l’Afrique ne reste pas perdante était le « parachèvement de l’unité africaine par l’avènement des Etats-Unis d’Afrique ». Car « aucun pays africain ne peut, isolément, soutenir la compétition avec les grands pays industrialisés et les ensembles supra nationaux », justifie le chef de l’Etat, qui plaide pour un « gouvernement fédéral africain ». En juillet, au Ghana, il fera d’ailleurs valoir ces points de vue lors du Sommet d’Accra, qui sera dédié à l’étude d’un tel gouvernement et au projet d’Etats-Unis d’Afrique.

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