Abdou Fleur : « Tracer les chemins d’une Afrique émergente »


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La diaspora africaine de France regorge de jeunes souhaitant développer leur continent par leur travail mais également par leurs associations et projets dans leurs pays d’origine. C’est dans cette perspective que le Réseau Afrique Stratégies (RAS) a vu le jour. Depuis plusieurs mois, des jeunes issus de toute l’Afrique ont créé ce réseau. Afrik.com est allé à la rencontre du vice-président du RAS,Abdou Fleur. Entretien

Abdou Fleur, natif de la région de Louga, est un jeune homme présent sur tous les fronts. Arrivé en France après avoir obtenu son baccalauréat haut la main, il y poursuit des études de droit. Avide d’apprendre, il obtient deux masters en droit international public et en diplomatie et négociations stratégiques. Actuellement, doctorant en études internationales sur les questions de paix et de sécurité en cotutelle avec l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal), il a décidé de s’engager dans la vie associative et la politique. Abdou Fleur est en effet aussi le secrétaire administratif de la COJER France (Convergence des Jeunes Républicains). Du point de vue associatif, il a été membre de l’association étudiante TRAIT D’UNION, membre de la fédération sénégalaise de la diaspora, membre de l’AMAASDI (Association des Anciens du Master Diplomatie et Négociations Stratégiques). Cependant, sa plus grande expérience a été l’Etudiant 221. Cette association dont il fut le président est son « bébé » : « Nous l’avions mise en place avec beaucoup de volonté, beaucoup de détermination, une foi inébranlable, ce qui nous a valu beaucoup de succès en peu de temps. Aujourd’hui j’ai un autre projet porteur avec le Réseau Afrique Stratégie dont je suis le vice-président« .

Afrik.com : Comment s’est créé le réseau ?

Abdou Fleur : Le Réseau Afrique Stratégies a été créé en septembre 2016 à l’initiative de jeunes cadres, conscients des défis et du retard multiforme auxquels le continent africain est confronté. L’idée de mettre en place cette structure obéit à une conviction et une volonté ; la conviction que nous avons une mission, celle de tracer les chemins d’une Afrique émergente. C’est aussi une volonté : donner force et espoir à tout un continent où tout est à faire ou refaire, à travers une démarche novatrice et futuriste pour relever les défis du continent africain. Frantz FANON, s’adressant aux Africains disait que : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir ». Cette génération de jeunes Africains bien formé, décomplexé, veut parfaitement remplir sa mission pour une nouvelle Afrique car, cette nouvelle Afrique, nous y croyons. Nous y croyons d’autant plus que tous les experts avertis, les analystes de toutes tendances sont unanimes sur un fait : l’Afrique c’est le continent du futur.

AFRIK.COM : Quel en est ou sont les objectifs?

Abdou Fleur : Le Réseau Afrique Stratégies est une plateforme de réflexions, de propositions et d’orientations stratégiques. Il a vocation à jouer un rôle d’impulsion et stimulation de compétences et d’expertise au service du continent. Le réseau se veut d’être le laboratoire d’un nouvel axe des stratégies africaines.

AFRIK.COM : Concrètement comment s’organise le réseau?

Abdou Fleur : Pour plus de lisibilité et de pragmatisme, nous avons adopté une structuration pyramidale. En effet, nous avons : le conseil d’administration (CA) qui est l’instance suprême du réseau dont la mission est de proposer les membres du Bureau exécutif qui seront validés par l’Assemblée Générale, d’élaborer et contrôler la stratégie conduite par le bureau exécutif ainsi que valider les décisions prises par l’Assemblée. Le bureau exécutif a pour rôle de définir la politique du Réseau et d’orienter son action ainsi que d’assurer la mise en œuvre des décisions du CA et la gestion courante des activités du Réseau. Le RAS est composé de quatre Pôles (Intelligence économique et développement durable, communication stratégique et digital, publication et orientation stratégique et enfin gouvernance et relations internationales) et de douze Commissions. Tout membre du Réseau peut intégrer les pôles et les commissions de son choix. Les pôles coordonnent, assurent la mise en œuvre, l’exécution et le suivi des travaux du Réseau. Le fonctionnement de ce dernier repose principalement sur ses différents Pôles. Enfin au sein du réseau, il existe l’antenne régionale qui est un démembrement du Réseau dans une zone géographique spécifique. A ce titre, elle est investie d’une mission de représentation du Réseau Afrique Stratégies au niveau local. Elle est soumise à l’autorité tutélaire du Bureau exécutif.

AFRIK.COM : Le 14 janvier, vous avez organisé la journée de lancement du RAS alors qu’il a été créé le 1er septembre 2016, pourquoi avoir attendu 4 mois?

Abdou Fleur : Cette journée de lancement est l’aboutissement de plusieurs mois d’échange, de travail, et de coordination. Vous comprenez dès lors le travail titanesque qui a été effectué, de Paris à Londres, de Dakar à Bamako pour la mise en place d’un tel réseau. Voilà ce qui justifie le délai entre la mise en place du Réseau et le lancement officiel de ses travaux.

AFRIK.COM : Quelles sont vos différents domaines d’interventions?

Abdou Fleur : Le Réseau Afrique Stratégies est généraliste, ouvert, qui embrasse quasiment tous les domaines. En effet, la structuration sous forme de commissions nous permet d’intervenir dans presque tous les domaines : éducation, formation, recherche, santé et services sociaux de base, énergie et ingénierie, agriculture et industrie, environnement et gestion des territoires, sociale et culturelle, digital, innovations technologiques, économie numérique, paix et Sécurité en Afrique, démocratie et droits de l’homme, intégration africaine.

AFRIK.COM : Depuis le 14 janvier, quelles sont les actions que vous avez mise en place?

Abdou Fleur : Depuis le lancement, on a lancé trois grands projets. Le projet d’électrification d’un village du Sénégal, un projet de parrainage et la revue « Afrique Stratégies » :

 Le projet d’électrification de village a pour but de mettre en place un réseau d’électricité avec des sources solaires. Un village de la Région de Louga, au nord-ouest du Sénégal, est choisi comme village test.

 Le projet Parrain/Filleul a pour but d’assister les élèves défavorisés pour une meilleure orientation scolaire. Le parrain accompagne l’élève durant toute sa scolarité matériellement comme moralement. La pauvreté ne doit être un obstacle à la réussite.

 La revue Afrique Stratégies est un magazine trimestriel d’informations, d’analyse stratégique et d’études prospectives, qui décortiquent et met en lumière toute l’actualité africaine autour de ses défis et de ses engagements.

AFRIK.COM : Vous avez prévu de créer une revue, qu’est ce qui va la différencier du site internet ou encore de la page Facebook ?

Abdou Fleur : La revue Afrique Stratégies est avant tout un magazine d’informations généraliste.Cependant, à la différence du site et de la page Facebook, la revue est une production scientifique basée sur des analyses stratégiques et d’études prospectives d’experts de différents domaines.

AFRIK.COM : Votre réseau paraît être un projet ambitieux, comment comptez-vous le financer?

Abdou Fleur : En effet, c’est un réseau ambitieux. Néanmoins, il faut toujours se donner les moyens de ses ambitions, de sa politique. Le réseau est financé par ses activités, les cotisations de ses membres, des subventions et des donations de personnes physiques et morales. Les moyens existent, il faut les chercher. Pour cela, il faut des projets viables, une vision claire et des ressources humaines de qualité.

AFRIK.COM : Quels sont vos projets futurs ?

Abdou Fleur : Personnellement je n’aime pas parler de mes projets futurs. Cependant, je peux vous dire que nous allons lancer très prochainement le mouvement « SAMA GOX SAMA YITTE », ( mon terroir, ma localité) qui est un mouvement citoyen pour le développement local, qui regroupe plusieurs localités du Djolof. Le but étant de prendre le destin de nos localités en main. Je suis convaincu que l’émergence commence au niveau local. Par ailleurs, nous avons créé une association dénommée Nord-Sud CO, pour donner un autre sens à la coopération décentralisée et au développent solidaire. Sur un plan strictement personnel, je poursuis mes recherches sur les mécanismes nouveaux face aux nouvelles formes de menace à la paix et à la sécurité en Afrique.

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