A la rencontre du peuple sahraoui


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Plusieurs dizaines de jeunes franco-algériens sont allés en mars à la rencontre du peuple sahraoui dans la région algérienne de Tindouf. L’objectif de ce projet, initié par le Comité national algérien de soutien au peuple Sarhaoui (CNASPS), est de sensibiliser la société civile française sur l’épineux dossier du Sahara occidental. Reportage.

Ils n’auraient jamais cru pouvoir vivre une telle expérience. Entre le 14 et le 20 mars, plusieurs dizaines de jeunes franco-algériens, âgés de 18 à 28 ans, issus de plusieurs villes françaises : Lyon, Marseille, Metz, Lille, Paris, Bordeaux, sont allés à la rencontre du peuple sahraoui, dans le désert algérien, à Tindouf. Ils ont été accueillis par différentes familles de la région.

Pour la plupart d’entre eux, c’est la première fois qu’ils foulaient le sol du désert algérien. Tous assis autour d’une table ronde, dans la salle Robespierre, près de la mairie d’Ivry, ils sont venus nombreux vendredi dernier raconter leur expérience, à l’appel du Comité national algérien de soutien au peuple Sahraoui (CNSPS).

L’objectif de l’organisation, à l’initiative du projet, est de sensibiliser la société civile française sur l’épineux dossier du Sahara occidental, qui oppose les autorités marocaines au peuple sahraoui. Cette ancienne colonie espagnole est sous le contrôle du Maroc, alors que les Sahraouis réclament l’autodétermination de la région et le droit de vivre dignement et librement sur la terre de leurs ancêtres.

Rudes conditions de vies

Leurs rudes conditions de vie ont particulièrement touché les jeunes franco-algériens venus à leur rencontre pour mieux comprendre leurs revendications. Une expérience unique que Sonia Garèche n’est pas prête d’oublier. « Au début, je pensais que j’allais être dépaysée mais en fin de compte pas du tout. Ils ont internet, la télé. Certains parlent même le français », raconte la jeune femme de 25 ans. Elle admet toutefois avoir été « choquée et peinée par tous ce qu’ils ont vécu : des actes atroces de barbaries, des viols, la répression omniprésente ».

Sami, qui était aussi du voyage, s’est quant à lui rendu compte que les problèmes que les jeunes rencontrent en France sont minimes comparés à ce que vivent les Sahraouis. « En France on a beaucoup de chance. Eux, ils n’ont rien. Et malgré tout, ils sont déterminés dans leur lutte », note le jeune franco-algérien de 24 ans. « J’ai aussi été impressionné par leur accueil chaleureux. Ils gardent le sourire et vivent avec beaucoup de dignité malgré leur situation », poursuit-il.

Résistance

« La résistance est une seconde nature chez le peuple sahraoui », note quant à elle, Sonia Enjeu, 28 ans, maire adjointe de la commune de Vitry-sur-Seine. La jeune femme, elle, contrairement à ses compatriotes, n’en était pas à son premier voyage, à Tindouf. Elle a déjà rencontré à plusieurs reprises les Sahraouis. Mais à chaque nouveau séjour, son émotion est aussi vive. « Cela fait 37 ans qu’ils luttent pour leur liberté, leur indépendance, leur dignité. Ça suffit ! », fustige-t-elle. « Il faut faire connaître cette cause en France, où elle est encore méconnue, interpeller la société civile mais aussi les responsables politiques ».

Lettre à Hollande

Raison pour laquelle, elle et tous ceux qui ont participé au séjour, ont décidé de créer une association pour prêter main forte au peuple sahraoui. Ils ont aussi envoyé un courrier au ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius afin que Paris s’implique d’avantage sur ce dossier.

Selon Sonia, « les négociations avec les autorités marocaines doivent avancer, d’autant que le peuple sahraoui est profondément pacifiste et espère beaucoup des pourparlers ». Toutefois, « les jeunes s’impatientent de plus en plus et souhaitent désormais prendre les armes. Heureusement que les plus vieux, qui prônent la solution diplomatique, les en dissuadent », souligne la jeune femme. « Les plus jeunes sont fatigués d’espérer à l’aboutissement des pourparlers. Ils veulent passer à la vitesse supérieure. Ce qui est compréhensible, ils veulent aussi rêver à un avenir meilleur. »

La maire adjointe de Vitry-sur-Seine est particulièrement rodée sur ce dossier. Chaque été entre juillet et août, elle organise des rencontres de jeunes sahraouis en France. Une fois en France, ces derniers sont accueillis par des familles, qui leur font découvrir l’Hexagone. « L’objectif est de leur faire découvrir la mer et la montagne comme ils ne connaissent que le désert. C’est une expérience unique pour eux », explique-t-elle. L’occasion de les extirper de leurs rudes conditions de vie, le temps d’une escale dans l’Hexagone.

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