
Dakar accueille la cinquième assemblée générale des conférences épiscopales régionales d’Afrique de l’Ouest, un événement majeur pour l’Église catholique dans cette région en pleine turbulence. Plus d’une centaine d’évêques venus de seize pays se réunissent à huis clos pour réfléchir à l’avenir de l’Église dans un contexte marqué par l’instabilité politique, les crises sécuritaires et les divisions sociales. En parallèle, le Vatican entame un conclave pour élire un nouveau pape, et les regards se tournent vers l’Afrique, où l’idée d’un pape africain gagne du terrain.
Du 5 au 12 mai 2025, Dakar devient le centre spirituel de l’Afrique de l’Ouest en accueillant la cinquième assemblée générale des conférences épiscopales régionales. Alors que le Vatican se prépare à élire un nouveau pape à partir du 7 mai, les regards se tournent aussi vers la capitale sénégalaise, où plus d’une centaine d’évêques venus de seize pays planchent à huis clos sur l’avenir de l’Église dans une région troublée. Le thème choisi, « Pour une Église synodale et autonome au service de la justice et de la paix en Afrique de l’Ouest », résonne avec acuité dans un contexte de tensions politiques, sécuritaires et sociales.
Un contexte régional sous haute tension
Les travaux de cette assemblée se tiennent alors que l’Afrique de l’Ouest traverse une période d’instabilité marquée par les crises au Sahel et le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO. Des divisions politiques majeures qui fragilisent la coopération régionale. Mais pour les évêques, il est essentiel de maintenir l’unité ecclésiale. Derrière les portes closes, les discussions portent ainsi sur la manière de préserver les liens entre les Églises, indépendamment des fractures politiques. Un défi de taille dans une sous-région où la foi reste un repère fondamental pour des millions de fidèles.
Aucun ordre du jour officiel n’a été communiqué, et les sessions plénières se tiennent à huis clos. Toutefois, la présence du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye à l’ouverture en dit long sur l’influence morale de l’Église, même dans un pays à majorité musulmane. La cérémonie d’ouverture à la cathédrale Notre-Dame des Victoires de Dakar, et la messe de clôture au sanctuaire marial de Poponguine, donnent un éclat particulier à cet événement régional. Elles témoignent de la vitalité de la communauté catholique ouest-africaine et de sa volonté de s’affirmer comme acteur de paix et de justice sociale.
Une succession papale qui alimente les espoirs africains
Alors que le conclave s’ouvre à Rome pour élire le successeur du pape François, les discussions à Dakar ne peuvent ignorer ce tournant historique. Officiellement, les conférences épiscopales n’ont pas voix au chapitre dans le processus électoral du Vatican. Mais les évêques ouest-africains, comme beaucoup sur le continent, espèrent que l’heure de l’Afrique a sonné. Le rêve d’un pape africain est bien présent dans les esprits, tout comme celui d’un pontificat plus conservateur, en rupture avec certaines orientations jugées trop progressistes du pape sortant.
Plus qu’un simple rendez-vous ecclésiastique, cette cinquième assemblée générale est l’occasion pour les évêques ouest-africains de réaffirmer leur ambition : construire une Église plus synodale, c’est-à-dire plus participative et collégiale, mais aussi autonome face aux pressions extérieures. Dans une région confrontée à la pauvreté, aux conflits et aux mutations sociales, la mission de l’Église dépasse le domaine spirituel. Elle se veut aussi force de proposition, gardienne de la paix et porteuse d’espérance.