9e Congrès panafricain à Lomé : les religions africaines, levier de développement et lien avec les diasporas


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Vodun Days Une procession de masques Guèlèdè
Vodun Days Une procession de masques Guèlèdè

À Lomé (Togo), le 9e Congrès panafricain (8–12 décembre 2025) a consacré l’une de ses journées aux cultures africaines et aux mémoires afrodescendantes. Entre chants vodun, retrouvailles des diasporas et débats de fond, un message s’impose : la souveraineté politique et économique passe aussi par la reconquête des héritages spirituels, des traditions et des récits.

À l’esplanade du Palais des Congrès de Lomé, l’enthousiasme était palpable la semaine dernière. Des délégations venues des Amériques, de la Caraïbe et d’Europe ont renoué avec des rites, des chants et des symboles. C’etait comme un fil tendu entre le continent et ses descendants dispersés. Cette séquence culturelle a servi de cadre à un panel consacré à une question stratégique : le rôle des cultes et des cultures africaines dans le développement du continent et l’épanouissement des peuples afrodescendants.

Vodun, mémoire et souveraineté culturelle

Les échanges ont fait émerger une idée forte : panafricanisme et spiritualité peuvent former un même socle de pensée. Plusieurs intervenants ont défendu qu’aucune souveraineté durable n’est possible sans reprendre la main sur les traditions, en réintroduisant les savoirs ancestraux dans l’éducation et en resserrant les liens entre l’Afrique et ses diasporas.

En filigrane, il s’agit aussi de décoloniser les imaginaires : retrouver des récits, des langues, des pratiques et des repères africains qui ont longtemps été marginalisés.

Le panel a également insisté sur la nécessité de réparer certaines fractures historiques entre Africains et Afrodescendants. La mobilisation observée à Lomé illustre, selon les participants, le potentiel diplomatique et économique de ces ponts retrouvés : coopération culturelle, circulation des artistes, projets éducatifs, mais aussi affirmation d’un humanisme panafricain assumé.

Du symbole à l’action : archives, tourisme des racines, industries créatives

La clôture de la journée a débouché sur plusieurs pistes opérationnelles. Parmi elles : un programme continental de numérisation et de valorisation des archives, une structuration renforcée des industries culturelles et créatives, un développement ambitieux du “tourisme des racines”, ainsi qu’une coopération muséale accrue.

Les participants ont aussi souligné l’importance de la protection des patrimoines immatériels, rituels, savoir-faire, expressions orales. Mais aussi la mise en place de dispositifs dédiés aux jeunes talents et aux entrepreneurs culturels.

Enfin, l’idée d’instaurer une “Journée mondiale des traditions africaines et afrodescendantes”, pensée sur un week-end, a été évoquée comme un rendez-vous transcontinental fédérateur : un rituel commun, régulier, capable de faire converger mémoire, création, transmission et projection politique.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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