600 millions d’abonnés mobiles en Afrique en 2016!


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Poussé par des investissements massifs et une hausse exponentielle du nombre d’abonnés, le marché des télécommunications africain connaît une croissance inédite.

Avec 500 millions d’abonnés mobiles en 2012, et un taux de pénétration supérieur à 40%, l’Afrique attire tous les regards. Le montant total cumulé des investissements en téléphonie fixe et mobile devrait passer de 78,8 milliards de dollars en 2008 à 145,8 milliards de dollars d’ici 2015. Face à la faible couverture de la téléphonie fixe, les pays africains développent des réseaux et des services mobiles de grande diffusion, qui bouleversent l’économie tout entière. En Afrique, les paiements mobiles (c’est-à-dire l’utilisation d’un appareil portable pour effectuer des paiements par voie électronique) transforment radicalement les modes d’interaction entre les entreprises et les particuliers et leur banque. L’étude de PwC souligne les opportunités des différents pays et propose une méthodologie pour accompagner les entreprises qui veulent suivre la croissance de ce secteur.

L’Afrique, un des marchés des télécommunications les plus dynamiques au monde

Alors que la pénétration de la téléphonie fixe est très faible sur la plupart des marchés africains – elle est inférieure à 10 % en moyenne- les services de téléphonie mobile explosent. « Cette croissance exponentielle s’explique par l’insuffisance relative des infrastructures dans les secteurs des télécommunications et des services bancaires, l’augmentation des revenus disponibles et bien sûr, par la vitalité économique croissante de la population rurale » indique Bernard Gainnier, directeur général de PwC France.

Dans certains pays, le taux d’abonnement est largement supérieur à 100 % (135% pour le Botswana avec 2,65 millions d’abonnés mobiles en 2011 ; 110% pour l’Afrique du Sud). Le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile a explosé en Afrique, passant de 16 millions en 2000 – année au cours de laquelle il a dépassé le nombre d’abonnés au téléphone fixe – à 246 millions en 2008 et à plus de 500 millions actuellement. On estime ainsi qu’il y aura 600 millions d’abonnés en 2016.

Pour limiter les coûts des communications, qui varient d’un opérateur à l’autre, de nombreux consommateurs possèdent plusieurs cartes SIM : 10 % des téléphones portables vendus actuellement au Moyen-Orient et en Afrique peuvent fonctionner avec deux cartes SIM, 25 % au Ghana et plus de 30 % au Nigeria. Cette utilisation intensive de deux cartes SIM génère un écart important entre le taux de pénétration des abonnements, estimé à 70% en 2012, et le taux de pénétration des abonnés, de 47%.

Un énorme marché inexploité s’ouvre encore à un large éventail d’acteurs locaux, régionaux et mondiaux : le secteur de la téléphonie mobile représenterait d’ici à 2015 plus des deux tiers (68,9 %, soit 100,1 milliards de dollars) des investissements réalisés en cumul dans les télécommunications en Afrique.

Deux paramètres à maîtriser pour les investisseurs : la réglementation et les spécificités du marché africain

Le principal enjeu des entreprises des télécommunications consiste à proposer des services dans de bonnes conditions de rentabilité à une population d’usagers qui disposent de revenus relativement faibles et qui sont dispersés géographiquement, notamment en zones rurales.

Par ailleurs, le marché africain connaît différents degrés de maturité et de réglementation selon les pays et le type de téléphonie. Si les services de téléphonie fixe se caractérisent par une réglementation stricte et par un nombre restreint d’acteurs, les marchés de la téléphonie mobile sont bien plus ouverts et concurrentiels, avec une pluralité d’acteurs et, souvent, un degré élevé d’actionnariat étranger.

Le marché ghanéen par exemple est très concurrentiel, avec six opérateurs titulaires de licence en téléphonie mobile (Airtel, Tigo, Vodafone Ghana, Expresso et Glo Mobile) et deux opérateurs de réseau fixe (Vodafone Ghana Telecom et Airtel Ghana), dont l’Etat possède encore respectivement 30% et 25% des parts.

« Si les marchés des télécommunications du Nigeria, de l’Afrique du Sud et de la région nord-africaine semblent parvenir à maturité bien qu’ils continuent à croitre, les autres pays sont en plein essor » commente Bernard Gainnier.

Le défi des opérateurs : soutenir et améliorer les performances des réseaux

L’Afrique compte plus de 200 opérateurs de téléphonie mobile distincts répartis dans plus de 50 pays, parmi lesquels figurent quelques grandes multinationales et un grand nombre d’opérateurs de taille plus modeste. Bien que les réseaux 2G soient les plus répandus, la quasi-totalité des pays sont dotés d’un réseau 3G opérationnel.

L’augmentation exponentielle de l’utilisation des téléphones portables, la complexité croissante des infrastructures réseau et les pressions concurrentielles sur le marché ont mis à rude épreuve la performance des réseaux de télécommunications.

« Pour assurer des télécommunications de qualité, les opérateurs doivent procéder à des investissements massifs. Les infrastructures actuelles ne sont pas suffisantes pour accompagner le développement de la téléphonie mobile » explique Bernard Gainnier.

Pour les opérateurs, il est impératif de résoudre les problèmes liés aux performances actuelles du réseau avant de passer aux technologies de troisième, voire de quatrième génération (3G/4G).

L’évolution des réseaux de télécommunication a un impact sur l’ensemble des économies africaines

Pour pallier la faible couverture de la téléphonie fixe, en particulier dans les zones rurales, les opérateurs qui proposent du haut débit par satellite développent des plateformes haut débit en Afrique.

L’augmentation de l’offre de bande passante a des conséquences qui dépassent le cadre du secteur des télécommunications. Notre étude constate ainsi qu’une augmentation de 10 % du taux de pénétration de la téléphonie mobile équivaut à une progression du taux de croissance économique de l’ordre de 0,6 %.

Ce développement de la téléphonie mobile impacte aussi le mode de vie des Africains, en favorisant l’accès aux services bancaires et aux soins. En Afrique, les utilisateurs d’Internet via un téléphone portable sont plus nombreux à préférer acheter des vêtements, des appareils électroniques et des articles de loisirs, comme des billets ou de la musique, à l’aide de leur téléphone portable (46 %) qu’à partir de leur ordinateur de bureau (10 %) ou même dans un magasin (44 %).

Une avancée rapide et nécessaire des services bancaires mobiles

Alors qu’en Europe, la banque mobile est encore un service peu rentable que les consommateurs considèrent comme accessoire, les paiements mobiles en Afrique rencontrent un grand succès, les infrastructures bancaires matérielles étant en effet souvent inexistantes.

En utilisant leurs téléphones portables comme des guichets automatiques de banque, les Africains peuvent désormais transférer des fonds, payer des produits et des services et accéder à des prêts ainsi qu’à la microfinance – sans avoir à transporter physiquement des espèces ni à les conserver chez elles.

Dès lors, sur le continent, le nombre de personnes ayant accès à la téléphonie mobile dépasse d’ores et déjà celui des titulaires de comptes bancaires !

Deux modèles de paiement mobile existent -un bancaire et un non bancaire- mais c’est le modèle non bancaire qui a obtenu le plus de succès en Afrique.

« Au Kenya, 13 millions de clients utilisent le système mobile non bancaire M-PESA, soit plus de 30% de la population totale. Ce nombre est supérieur au nombre de comptes bancaires du pays » souligne Bernard Gainnier.

Galvanisés par ce succès, les opérateurs de téléphonie mobile ont noué des partenariats avec les banques et les autres acteurs du marché, afin de tirer profit de l’opportunité que les paiements mobiles représentent en Afrique.

Les difficultés restent nombreuses : la réglementation, la rentabilité, le réseau d’agents, la prévention du vol d’identité et des fraudes, la sélection des fournisseurs sont notamment des points de vigilance à considérer dans le développement des paiements mobiles.

L’étude intégrale est disponible sur le site.

Méthodologie

L’enquête de PwC a été réalisée sur la base d’entretiens avec 42 dirigeants du secteur des télécommunications dans 23 pays.

Concernant l’étude des paiements mobiles, PwC a effectué une enquête, achevée en février 2012, auprès de 11 opérateurs de téléphonie mobile dans huit pays répartis sur le continent : l’Afrique du Sud, la Tanzanie, le Botswana, la Zambie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Namibie et le Kenya.
Certaines des informations utilisées proviennent de Business Monitor International (BMI).

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