50 ans après la décolonisation de l’Afrique, quel bilan ?


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Le 30 juin 1960 à Kinshasa (ex Léopoldville) à travers le discours de Patrice Emery Lumumba, tous les africains ont étés des congolais. Nous avons tous étés des congolais car le message à retenir de ce discours, c’est que la reconstruction de l’Afrique ne peut se faire qu’en s’appuyant sur deux piliers que sont la dignité et la confiance de soi. En balayant d’un revers de main le racisme paternaliste contenu dans le discours du roi Baudouin et en montrant aux congolais que la décolonisation est de leur fait et uniquement de leur fait, le premier ministre et ministre de la défense nationale de la République du Congo est entré de plein pied sur la longue liste de référence de ces africains dont les noms seront à jamais gravés dans nos mémoires.

Le 25 août 1958, s’adressant au général de gaulle, Sékou Touré, Président de la Guinée Conakry mettait l’accent sur le fait que le peuple africain avait un premier et indispensable besoin, celui de sa dignité (cf. le discours de Sékou Touré en 1958). Et pour ce dernier, « il ne peut y avoir de dignité sans liberté car tout assujettissement, toute contrainte imposée et subie dégrade celui sur qui elle pèse, lui retire une part de sa qualité d’homme et en fait arbitrairement un être inférieur. Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans l’esclavage. Ce qui est vrai pour l‘homme l’est autant pour les sociétés et les peuples. »

Le 25 août 1958, avec Sékou Touré, nous avons tous étés guinéens. A travers le discours de Sékou Touré révolutionnaire et à contrecourant si on le recontextualise en prenant en compte les rapports de forces, le rôle de la France et son degré de contrôle de la sous région, nous pouvons être fiers d’être africains.

Le 24 août 1963, lors du sommet de l’OUA, Kwamé Krumah Président de la République du Ghana disait : « … L’Unité africaine est, avant tout, un royaume politique qui ne peut être conquis que par des moyens politiques. L’expansion sociale et économique de l’Afrique ne se réalisera qu’à l’intérieur de ce royaume politique, et l’inverse n’est pas vrai….Si nous n’abordons pas les problèmes de l’Afrique avec un front commun et une résolution commune, nous perdrons notre temps en marchandage et en arguments vides jusqu’au moment où nous serons de nouveau colonisés et nous serons devenus des instruments d’un colonialisme bien plus puissant de celui dont nous avons souffert jusqu’à présent. ». Aujourd’hui, au moment du développement du régionalisme dans sa forme la plus aboutie avec l’union européenne, la question de l’unité africaine pour faire face aux défis du monde actuel est plus que d’actualité. Aussi, le 24 août 1963, nous avons tous étés ghanéens.

Le 27 mai 1963 Jomo Kenyatta, premier président du Kenya, disait en s’adressant au peuple : « …Nous avons l’ambition de créer une société juste, dans laquelle chaque citoyen malade aura accès aux soins médicaux. Nous croyons qu’aucun enfant ne devrait être privé d’accès à l’instruction, simplement parce que sa famille est pauvre. Le gouvernement s’efforcera d’en finir avec la pauvreté abjecte dont tant de gens sont victimes parmi nous… Pour atteindre ces objectifs, nous n’attendrons pas la charité venue de l’extérieur. Nous ne compromettrons pas notre indépendance en quémandant l’aide. Le gouvernement proclamera clairement que nos progrès, notre espoir, nos ambitions seront réalisés grâce au dur labeur de chaque citoyen. »

Le 27 mai 1963, avec Kenyatta, et aujourd’hui, nous disons en reprenant le sens de son discours que la main qui tend est toujours en-dessous de la main qui donne. Alors, arrêter la posture de dominé pour une autre Afrique, c’est refuser la politique de la main tendue.
Nous pouvons continuer cette énumération. Il s’agit aujourd’hui pour tout africain de s’approprier cette partie de notre histoire et de nuancer le jugement sur nos premiers chefs d’Etat.

Bien entendu, l’histoire de l’Afrique commence bien avant la colonisation. Nous y reviendrons.

Conclusion : 50 ans après, faut-il parler de fête de la libération ou fête de l’indépendance …Ou encore fête de la libération et de l’indépendance ? Dans l’éducation de la nouvelle génération, les mots ont un sens. A vous d’en juger à travers vos contributions. Le débat est ouvert.

Par Daby Pouye

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