#365JoursDéjà #BringBackOurGirls : l’immense mosaïque de soutien aux lycéennes de Chibok


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La mosaïque de photos de l'opération

Voilà 365 jours que les lycéennes de Chibok sont prisonnières du groupe terroriste nigérian Boko Haram. A l’occasion de ce triste anniversaire, un collectif de femmes a lancé le mouvement #365JoursDéja #BringBackOurGirls sur la Toile. La marraine et porte-parole du projet, Marie-Roger Biloa, journaliste et présidente du groupe International Africa, explique à Afrik.com les raisons de cette initiative.

La mosaïque de photos de l'opération « Il est trop tôt pour faire le deuil de ces innocentes jeunes filles, mais il n’est pas trop tard pour les sauver.» Tel est le mot d’ordre de cette opération pour réclamer la libération des lycéennes de Chibok. L’objectif : inciter toutes les femmes du monde à manifester leur soutien aux lycéennes en envoyant leur photo avec le mot d’ordre de l’opération.

Afrik.com : Expliquez-nous le principe de cette mosaïque de photos ?

Marie-Roger Biloa : Une mosaïque exprime l’unité dans la diversité. C’est un symbole puissant, comme un chorale à plusieurs voix d’où émane un chant harmonieux, pourtant unique et commun, en l’occurrence l’appel à l’action adressée aux gouvernants africains et internationaux.

Afrik.com : Combien de personnes en tout y ont participé ?

Marie-Roger Biloa : C’est très difficile de compter parce que nous avons reçu un flux continu de photos et de témoignages de soutien. Nous ferons le point plus tard. Mais la réponse des femmes d’Afrique a été exceptionnelle ! Nous ne nous attendions pas à un tel niveau de compassion et d’engagement.

Afrik.com : Qu’attendez-vous d’une telle initiative ?

Marie-Roger Biloa : Un internaute a soupiré : « Si seulement cela était suffisant.. » – Et je lui ai répondu : « A défaut de pouvoir lever une armée pour aller au front, nous devons encourager ceux qui le peuvent en nous mobilisant »… Le but de notre initiative est donc clairement d’attirer l’attention des pouvoirs en place et de montrer que les femmes d’Afrique sont très sensibles au sort de jeunes élèves enlevées, en pleine nuit, de leur internat pour devenir des esclaves sexuelles de brutes insensées et sanguinaires, et dont, un an après, on est toujours sans nouvelles précises, malgré le choc et les réactions que leur rapt a suscité à travers le monde !

Afrik.com : Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre en œuvre un tel projet ?

Marie-Roger Biloa : En plus de la cause, qui est d’une insupportable violence, il nous tenait à cœur de faire réagir les femmes d’Afrique, les premières concernées, car certains en sont venus à prétendre que seules les Occidentales étaient affectées par le sort de ces jeunes filles… Une aberration. C’est juste une question de culture, car chez nous, ce type de mobilisation n’est pas dans les mœurs. Mais les choses sont en train de changer.

Afrik.com : Cela fait déjà un an que les lycéennes ont été enlevées. Est-ce qu’il n’est pas trop tard pour agir ?

Marie-Roger Biloa : Trop tard ? Nous espérons justement que non. Nous avons bien entendu eu écho des allégations parues dans la presse. Justement, elles sont contradictoires; un représentant du Haut Commissariat des réfugiés (HCR) affirme qu’elles sont mortes dans un assaut, tandis que l’armée tchadienne croit savoir qu’elles sont sur une des îles du Lac Tchad. Notre action a aussi pour but de faire la lumière sur leur sort.

Afrik.com : Le Président nigérian Buhari a affirmé, ce mardi, qu’il ne pouvait pas promettre de retrouver les jeunes filles. Qu’en pensez-vous ?

Marie-Roger Biloa : C’est à priori de mauvais augure, car on peut penser qu’il dispose d’informations négatives. Mais peut-être aussi qu’il joue simplement de prudence car le dossier est très délicat et il ne veut pas faire de fausses promesses aux familles.

Afrik.com : Depuis le début de cette affaire, l’Etat nigérian a été vivement critiqué pour son inefficacité. Est-ce que, selon vous, la communauté internationale a suffisamment aidé pour les retrouver ? Est-ce qu’elle n’est pas à blâmer ?

Marie-Roger Biloa : En effet. Mais le premier responsable reste l’état du Nigeria ! L’incurie du régime précédent et la corruption avaient atteint des niveaux himalayens. Vaincre Boko Haram n’a été un objectif que dans les derniers jours qui précédaient l’élection présidentielle de fin mars. Trop peu, trop tard. Ce qu’on appelle « la communauté internationale » ne pouvait donc pas aider un gouvernement qui ne s’aidait pas soi-même…

Afrik.com : Selon Amnesty International, Boko Haram a enlevé 2000 fillettes, jeunes femmes, et femmes depuis un an. Les lycéennes de Chibok sont loin d’être un cas isolé. Quelle est donc la solution pour que tout cela s’arrête ?

Marie-Roger Biloa : Eradiquer Boko Haram ! Les armées camerounaises et tchadiennes s’y emploient avec un succès grandissant. Sous l’égide du nouveau Président, nous comptons tous sur une impulsion nouvelle au sein des forces armées nigérianes, jusqu’ici la risée de l’Afrique.

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