150 parlementaires décident de faire des Grands Lacs « un véritable espace de paix »


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La conférence de Kinshasa a pris fin mercredi 28 février, en présence du premier ministre congolais, Antoine Gizenga. Dans leurs recommandations, les parlementaires des pays des Grands Lacs s’engagent à faire de cette région un « espace de paix », en ratifiant et en mettant en oeuvre le pacte de sécurité signé le 15 décembre 2006, à Nairobi, par 11 chefs d’Etat.

Par notre correspondant à Kinshasa

« Nous nous engageons à oeuvrer à la ratification rapide du pacte afin qu’il puisse entrer en vigueur dans les meilleurs délais », pouvons-nous lire dans la déclaration finale de la conférence parlementaire de la capitale congolaise.

Les 150 parlementaires (députés et sénateurs) qui ont participé à ces assises ont promis de « contribuer de manière indéfectible à la mise en oeuvre du pacte (…) dans un esprit de confiance mutuelle et de bonne foi, et à transformer la région en espace de paix, de sécurité et de développement pour les générations futures ». Ils se sont également engagés à « sensibiliser, au plan interne, nos concitoyens dans nos circonscriptions et pays respectifs, sur le contenu du pacte et sur les effets attendus ».

Un signal fort

Selon les observateurs, la réunion des parlementaires de la région des Grands Lacs est un signal fort pour renforcer la convivialité dans la région et s’engager sur le sentier de la prospérité. « Au moment où le continent bouge dans le cadre de la recherche de la paix, de la stabilité en vue d’assurer son développement durable, il s’avère important que soit mis fin aux conflits internes qui déchirent la région », affirme un analyste politique congolais.

« Ce pacte permettra de réduire la violence dans la région même si des poches de résistance surgissent encore, notamment avec les rebelles Hutus rwandais encore actifs dans l’Est de la RDC, ou les rebelles ougandais du NALU et d’autres rebelles actifs dans leurs pays et soutenus par des Etats voisins », affirme un journaliste.

Répondant à cette préoccupation, le président Joseph Kabila a déclaré que « des dispositions sont prises pour des solutions durables aux problèmes de sécurité qui se posent à l’Est de la République démocratique du Congo ». Après la signature par les Chefs d’Etat, à Nairobi, en décembre dernier, du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement de la région, Kinshasa devait donner le coup d’envoi de l’appropriation de ce précieux document. Il s’en suivra des ratifications par les différents gouvernements. Ce qui est déjà garanti du côté congolais. Joseph Kabila « a instruit son gouvernement pour déposer dans les meilleurs délais le texte relatif à la ratification du Pacte ».

Appels à la paix et « la bonne gouvernance »

Le chef de l’Etat congolais a enfin regretté, dans son discours d’ouverture, que les conflits dans les grands lacs aient entraîné « de graves perturbations émaillées de millions de morts, d’autant de déplacés internes et externes, doublés de destructions massives, de la pollution de l’environnement et des pillages. Une situation qui a ralenti la croissance et freiné le développement de la région ».

Pour sa part, l’ancien président burundais, Sylvestre Ntibatunganya, s’est appesanti sur la relation « démocratie-développemet ». Il a indiqué que « la démocratie ne suffit pas. Elle doit être nourrie. Elle est autant un facteur important pour le développement, que le développement constitue un facteur important pour nourrir et consolider la démocratie ».
D’après lui, « il faut non seulement insister sur la bonne gouvernance, notamment à travers le rétablissement de la démocratie, mais aussi sur un développement économique et social juste », a-t-il poursuivi. Et de renchérir : « La paix est souvent compromise quand il y a des injustices commises à l’endroit d’une catégorie ou d’une autre. C’est pourquoi il faut organiser nos économies de manière que les richesses dont nos pays regorgent profitent aux populations. »

A noter, enfin, cette interpellation du Représentant spécial de l’ONU dans la région. Ibrahim Fall qui considère que les parlementaires sont « la clef qui fera ébranler la locomotive des Grands Lacs, en les transformant en un espace de paix et de sécurité durables, de stabilité politique et sociale et en en faisant un cadre unique de coopération pour un développement partagé ». Il a pour sa part lancé un appel aux bailleurs internationaux pour « qu’ils assistent la région dans ses efforts de reconstruction » et réaffirmé le soutien de l’ONU pour le rétablissement de la paix et la sécurité dans la région.

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