Révélations sur la santé de Bouteflika : un patron de presse mis en cause par Alger


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Le parquet d’Alger a ordonné dimanche l’ouverture d’une information judiciaire contre Hichem Aboud, directeur de publication de deux quotidiens, qui ont annoncé dans un dossier la détérioration de la santé du président Abdelaziz Bouteflika. Les deux journaux ont été censurés samedi par les autorités.

Les autorités algériennes sont en rogne contre Hichem Aboud ! Le parquet d’Alger a ordonné dimanche l’ouverture d’une enquête à l’encontre du patron de presse pour « atteinte à la sureté de l’Etat ». On l’accuse d’avoir autorisé ses deux quotidiens : Mon Journal (francophone) et Djaridati (arabaphone) à annoncer la « détérioration de la santé » du président Abdelaziz Bouteflika, qui avait été hospitalisé à Paris, après un AVC.

Selon le parquet, Hicham Aboud a tenu des « propos infondés » selon lesquels M. Bouteflika, hospitalisé le 27 avril à Paris, serait rentré mercredi à l’aube à Alger dans « un état comateux ». Les poursuites ont lieu « suite aux propos tendancieux tenus sur certaines chaînes d’information étrangères, dont France 24, par le dénommé Aboud Hichem, sur l’état de santé du président de la République (…), et compte tenu de l’impact négatif direct de ces rumeurs sur l’opinion publique nationale et internationale », poursuit le parquet.

Des informations livrées par les proches de la présidence

Les deux journaux d’Hichem Aboub, qui avaient publié, en Une, un dossier de deux pages sur la santé d’Abdelaziz Bouteflika, ont été immédiatement censurés. Les deux publications ont en effet été bloquées samedi soir à l’imprimerie. Ce jour-là, elles ont envoyé la version finale de leur publication vers 17 heures.

Proche des services secrets algériens, Hichem Aboud, qui s’est confié à l’AFP, a assuré détenir ses informations de « sources médicales françaises et des proches de la présidence algérienne ». Selon lui, « le ministère de la Communication nous a demandé de supprimer les deux pages de l’édition de dimanche consacrées à l’état de santé du président Bouteflika », mais « nous avons refusé l’autocensure », expliquant qu’il était « techniquement impossible » de supprimer deux des 24 pages de ces éditions.

Multiplication des tracas de santé

Si ces informations sur l’état de santé du président « étaient non fondées, le mieux pour les autorités aurait été de publier un communiqué du médecin personnel du président pour démentir ces informations ou, mieux encore, de diffuser des images de M. Bouteflika », estime-t-il.

Cette nouvelle affaire pose une fois de plus la question de la liberté de la presse en Algérie. Mais aussi celle de la sucession du président Abdelaziz Bouteflika. Pourra-t-il briguer un quatrième mandat? D’autant que ce n’est pas la première fois que le dirigeant algérien a des tracas de santé. Après l’ulcère hémorragique qui l’avait contraint à prolonger son séjour à l’hôpital du Val-de-Grâce, à Paris, en 2005, son état de santé devient à nouveau matière à spéculation en Algérie.

Qu’il soit au coma, comme le révèle Hichem Aboud, ou non, une chose est sûre, son état de santé est surveillé comme de l’huile sur le feu par le pouvoir. Chacun des futurs présidentiables guette les moindres frémissements de son rétablissement ou de la détérioration de sa santé pour préparer les cartes à jouer lors de la prochaine présidentielle.

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