Nacer Ibn Abdeljalil, premier Marocain sur le toit du monde


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C’est un Nacer fatigué, usé mais tellement heureux, qui a fait une entrée discrète à sa conférence de presse organisée juste après son retour du Népal ; le jour des 60 ans de la première ascension de l’Everest, une belle coïncidence dirons-nous.

(De notre correspondant)

Nacer avait déjà des kilomètres dans les jambes très jeune, il participe à son premier semi-marathon à l’âge de 16 ans et enchaîne depuis marathons et triathlons. Ces disciplines n’ont plus de secret pour lui, il en compte quelques unes à son actif : marathon de Londres, de Paris, marathon des Sables font partie de son palmarès. Mais sa rencontre avec un collègue au début de sa carrière professionnelle va changer sa vision des défis ; ce dernier l’entraîne à l’alpinisme. « Je me suis rendu compte que finalement, le marathon ce n’est pas grand-chose », raconte-t-il.

De là, commence son entraînement et sa passion pour les sports extrêmes. Il enchaîne les ascensions et se lance le défi de gravir les 7 sommets les plus hauts du monde dont l’Everest. Il atteint le Mont Blanc en 2003 (4 810 m), l’Aconcagua, le plus haut sommet des Amériques en 2005 (6962 m), le McKinley en Alaska en 2007 (6194 m) et finalement le Toubkal le point culminant du Maroc en 2009 (4 167 m). En 2013, il s’attaque à l’Everest.

Plus qu’un défi sportif, c’est aussi un défi économique. Financier pour un fond d’investissement au Maroc, Nacer Ibn Abdeljalil quitte son travail quelques semaines avant son départ et se prépare. Plus de 100 dossiers envoyés aux entreprises et quasiment aucun retour. « Je m’attendais à ce que les entreprises suivent ce projet », déclare-t-il. Il ne désespère pas, fait parler de lui dans les médias et décroche finalement le sponsoring nécessaire à son ascension. « L’expédition coûte très chère, c’est près de 800 000 dhs qu’il m’a fallu pour couvrir tous les frais : visa de 200 000 dirhams pour sauvegarder l’Everest et son environnement, les tentes, les sherpas, la nourriture, le matériel, les porteurs, les guides, le billet d’avion », souligne-t-il.

Il va s’entraîner en Ecosse puis dans les Alpes Françaises, il court tous les jours et fait du vélo intensément. Arrivé à Katmandou, c’est une étape d’acclimatation qu’il vit les premiers jours, fait des voyages entre les camps de base et les camps intermédiaires et le 19 Mai à 23h50, Nacer devient le premier Marocain à atteindre l’Everest et avec une fierté en bout de ligne : planter le drapeau marocain sur le sommet du monde !

Il rentre dans son pays en héros, le Roi l’appelle pour le féliciter, amis, famille, médias et autres fans l’attendent à l’aéroport, c’est la consécration. « Je ne m’attendais pas à un tel accueil » clame-t-il à sa descente d’avion. Les réseaux sociaux s’enflamment, il reçoit des mots du monde entier, Nacer est entré dans l’histoire et par-là même, ouvre de nouvelles voies aux jeunes et les motive aller jusqu’au bout de leurs challenges.

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