Maroc : le rude combat des mères célibataires


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Aïcha Ech Chena avec un enfant
Aïcha Ech Chena avec un enfant

Au Maroc, être mère célibataire est très mal vu. Ces dernières sont exclues de la société. L’association Solidarité féminine se bat depuis 1985 pour offrir une meilleure vie et de la dignité à ses femmes.

Depuis 1985, l’association marocaine Solidarité féminine se bat pour offrir une meilleure vie aux mères célibataires qui sont exclues de la société. Les enfants nés hors mariages en effet ne sont pas tolérés et pointés du doigt, au Maroc. De nombreuses femmes se retrouvent démunies après des promesses de mariage non tenues par les pères de leur enfant.

Même si le chemin est long pour qu’elles retrouvent leur place au sein de la société, l’association Solidarité féminine n’abdique pas de son côté, et compte bien les aider à retrouver leur dignité.

Reportage sur l’association « Solidarité Féminine »

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Au Maroc, les femmes célibataires sont toujours exclues de la société. Les relations sexuelles avant le mariage sont interdites, et les enfants nés hors mariage sont considérés comme bâtards. L’association Solidarité Féminine se bat depuis 1985 pour offrir une meilleure vie et de la dignité à ces femmes.

Sarah (dont le nom a été changé) fait partie de ces mamans. Pour elle, elle est responsable de sa situation. Sarah a un garçon qui s’appelle Anouar, il a un an et trois mois. Avant, elle était fiancée avec son père (de l’enfant, ndlr). Ils vivaient dans sa famille à lui. Finalement, il n’a pas tenu ses promesses après son accouchement, ils ne se sont jamais mariés. Le papa a voulu garder son fils, elle a refusé, il l’a alors jetée dehors. Pour Sarah, c’était le début des problèmes.

Sarah se sent responsable « car c’est la femme qui porte l’enfant, pas l’homme. C’est les femmes qui subissent la grossesse, et c’est la femme qui accouche. C’est donc la femme qui est fautive ».

L’association Solidarité Féminine a été fondée par Aïcha Ech Chena. Pour elle, l’éducation sexuelle et la fin des tabous sont la clés vers une amélioration de la situation. « Les mères célibataires, rejetées par la famille, rejetées par la société, sont incomprises parce que les lois sont contre elles malheureusement. Elle sont traitées de ‘prostituées’ par les lois en vigueur. L’enfant né en dehors du mariage est considéré comme bâtard par la société et par certaines lois qui existent encore dans les registres officiels des tribunaux ».

Leîla, elle, vient de Fez. Sa famille n’a pas accepté quand elle tombé enceinte. Elle est alors venue à Casablanca où elle a été accueillie par l’association. Lorsqu’on lui dit que c’est la femme qui a voulu un bébé, et c’est la femme qui est partie, elle maintient que c’est faux. « Ce n’est pas la femme qui a voulu tout ça », dit-elle, « il y a des femmes à qui on a fait des promesses, on leur a dit qu’on allait les épouser, et on leur a menti. Parfois, des femmes se retrouvent seules, se font rejeter, parfois agresser. Les femmes ne sont pas les seules responsables : il y a deux personnes pour faire un bébé ».

Le chemin est encore long pour les femmes célibataires. Un changement dans les lois, et surtout dans les mentalités, et plus que nécessaire pour éviter d’autres drames sociaux.

Reportage pour Afrik.tv de Sabrina Hakim, voix off de Titouan Yhuel.

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