Mali : un accord « historique » ?


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Il a fallu quelques concessions pour trouver un compromis entre le gouvernement malien et le Mouvement national de l’Azawad (MNLA). Après 11 jours de négociations, toutes les parties ont signé mardi 18 juin « l’accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali ». Un texte de 12 pages qui prévoit, entre autres, le retour de l’armée malienne à Kidal et l’organisation de l’élection présidentielle dans tout le territoire malien. Peut-on parler d’un accord « historique » comme l’affirme l’Union européenne ?

Un accord « historique ». C’est en tout cas l’avis de l’Union européenne (UE). « Cet accord revêt une portée historique, dit-elle, il constitue une étape cruciale dans un processus de construction de la paix par le dialogue », a déclaré lundi Catherine Ashton, la responsable de la diplomatie de l’UE. Pourtant, « l’accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali » a été signé à l’arraché après des âpres tractations, à Ouagadougou au Burkina Faso, entre le gouvernement malien, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA).

Les trois parties ont dû faire preuve de beaucoup de pragmatisme et accepter quelques concessions pour trouver une sortie de crise à la situation sécuritaire qui règne à Kidal, troisième région administrative du Nord-Mali. A l’issue des négociations, menées depuis 11 jours par la médiation burkinabé dirigée par le président Blaise Campaoré, Bamako ; le MNLA et le HCUA ont enfin signé le texte de 12 pages et 25 articles qui prévoit d’une part la sécurisation de Kidal suivie de l’organisation de l’élection présidentielle en juillet et le retour de l’armée malienne dans la région, et de l’autre : un cessez-le-feu ainsi que le cantonnement des rebelles.

Un accord en demi-teinte ?

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a œuvré pour le maintien et la tenue de l’élection présidentielle au Mali en juillet, a salué cet accord entre les autorités maliennes et les groupes armés présents à Kidal. Soulignant « une avancée majeure », le chef de la diplomatie française a tenu à rappeler que le Mali était
« au bord de l’abîme terroriste » et à manifester sa satisfaction de voir le pays retrouver son intégrité territorial.

Pourtant, cet accord de paix laisse plusieurs questions importantes en suspens. Bamako a, par exemple, transigé sur le désarmement des rebelles. Le gouvernement malien devra se contenter de leur cantonnement. Les autorités maliennes ont, par ailleurs, lâché du lest sur la suppression du mort « Azawad » du texte final ; qui sera donc mentionné dans l’accord. Le MNLA et le HCUA ont, eux-aussi, fait des efforts. Les deux groupes armés, présents à Kidal, ont renoncé à l’annulation des poursuites judiciaires visant leurs membres, mais surtout ils ont accepté le déploiement de l’armée malienne dans la ville.

« L’accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali » est donc un accord en demi-teinte. Puisque l’armée malienne devra cohabiter avec les rebelles cantonnés. Et, la définition du statut de l’Azawad n’a pas encore été réglée.

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