La Côte d’Ivoire parie sur ses jeunes pousses


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Qui a dit que l’agriculture ne rimait pas avec innovation ? La Côte d’Ivoire entend bien démontrer le contraire, tout en démontant quelques idées reçues. Le pays vient en effet de lancer, le 1er février, un « Fonds compétitif pour l’innovation agricole durable » (FCIAD), qui a pour objectif de donner un coup de pouce financier aux porteurs de projets agricoles innovants. A plus long terme, le FCIAD entend contribuer à la durabilité des systèmes de production agricole, animale, halieutique et forestière en Côte d’Ivoire.

La phase pilote du FCIAD s’étendra sur trois ans et est dotée d’une enveloppe de 5 milliards de francs CFA (environ 7,6 millions d’euros). Plus précisément, le fonds permettra de financer des projets de recherche appliquée porteurs d’innovations, compris entre 10 et 180 millions de francs CFA. « Il appartient donc aux chercheurs de pouvoir innover pour attirer les jeunes dans l’agriculture », dit-on au ministère.

L’innovation ivoirienne ne se limite pas au secteur agricole, loin s’en faut. Dix-huitième pays d’Afrique subsaharienne au classement mondial de l’innovation, le pays met les bouchées doubles pour rattraper ses concurrents. Et mise pour cela sur le développement des petites et moyennes entreprises (PME) et autres jeunes pousses.

Le gouvernement à la manœuvre pour favoriser l’innovation

Les jeunes pousses et PME jouent un rôle fondamental dans la création d’emplois et la dynamisation de la croissance économique d’un pays. Dans les pays à faibles revenus, les PME composent l’essentiel du tissu économique. Elles représentent ainsi plus de la moitié des emplois formels à travers le monde ; leur part dans l’emploi total est même comparable à celle des grands groupes internationaux. Dans les pays en développement, les PME spécialisées dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les technologies mobiles affichent une forte expansion : on parle d’un marché de 1 600 milliards de dollars d’ici à dix ans. Enfin, les PME sont en première ligne pour relever les défis que sont le développement durable et la prestation de services publics : accès à l’énergie et à l’eau potable, services de santé, éducation, etc.

Conscient de ces enjeux, le gouvernement ivoirien a annoncé, en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD) – dont le siège se trouve à Abidjan –, le lancement du Fonds ivoirien de l’innovation (FII). Ce mécanisme, lancé en juillet 2016 et doté de 200 millions d’euros, « aura pour mission de renforcer les infrastructures pour l’innovation et de soutenir les entreprises, en particulier les jeunes pousses, dans leur évolution », expliquent les autorités ivoiriennes. Avec le FII, le gouvernement entend montrer sa détermination à « investir durablement dans la croissance des entreprises technologiquement innovantes » en Côte d’Ivoire mais également, hors des frontières ivoiriennes, à mettre en place des « réseaux d’investisseurs (et de) formation d’entrepreneurs de la zone Uemoa par l’intermédiaire de plateformes physiques et virtuelles ».

En 2015 déjà, la Côte d’Ivoire avait levé 100 milliards de francs CFA (environ 152 millions d’euros) afin de financer le développement du secteur des TIC. Des fonds destinés à installer pas moins de 7 000 kilomètres de fibre optique, mais également plus de 5 000 cybercentres en milieu rural, ou encore l’opération « Un Ivoirien, un ordinateur », qui ambitionnait de distribuer 500 000 appareils à travers le pays.

Les start-up ivoiriennes à l’avant-garde numérique

Encouragées par ce soutien politique et financier, les jeunes pousses ivoiriennes fleurissent dans le pays. Elles offrent le visage de cette Côte d’Ivoire qui bouge, une Côte d’Ivoire résolument tournée vers le numérique. Prenons Jumia, l’un des pionniers et désormais leader ivoirien du e-commerce. Fondée en 2012, l’entreprise fonctionne comme un véritable magasin en ligne, qui permet de commander un produit et de ne le payer qu’à la livraison. Ou encore Qelasy, une jeune pousse qui entend révolutionner le secteur de l’éducation grâce à la première tablette numérique éducative africaine. Dénommée Qelasy, cette tablette est désormais utilisée au sein de près de 200 écoles en Côte d’Ivoire, mais aussi au Sénégal, au Niger et au Maroc.

Quant à Drive.ci, cette autre jeune pousse a choisi d’innover dans le secteur du transport urbain. Comme Uber en France, les VTC de Drive.ci sont accessibles depuis une application mobile ; un business qui cible la classe moyenne ivoirienne. Toujours dans le secteur des transports, mTick propose une plateforme de réservation de tickets de cars. Depuis leur ordinateur, mobile ou tablette, les voyageurs peuvent faire leur choix parmi six transporteurs permettant un départ d’Abidjan vers une soixantaine de villes à travers le pays. « Il nous a semblé naturel de lancer notre plateforme en priorité à Abidjan, là où le marché était le plus mûr et le plus organisé en Afrique de l’Ouest », explique Bill Diara, diplômé de la prestigieuse école de commerce Inseec Business School à Paris et cofondateur de la start-up. Les clients paient via leur opérateur téléphonique et reçoivent leur ticket de bus par SMS ou mail.

Lors de l’édition 2016 du Sommet mondial de l’entrepreneuriat, l’ancien président américain, Barack Obama, avait déclaré que « l’entrepreneuriat crée de nouveaux emplois et de nouvelles entreprises, de nouvelles façons de fournir les services de base, de nouvelles façons de voir le monde – c’est l’étincelle qui déclenche la prospérité ». La Côte d’Ivoire et ses jeunes pousses entendent bien lui donner raison.

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