Crise en Centrafrique : « Le président Bozizé est en train de reprendre le dessus »


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Les tractations se poursuivent à Libreville pour mettre un terme à la crise centrafricaine. Les rebelles devraient accepter un cessez-le feu provisoire d’une semaine. Ils ne réclament plus le départ du président Bozizé mais posent plusieurs conditions pour conclurent un accord avec ce dernier. Selon un spécialiste de la région contacté par Afrik.com, en tendant la main au chef d’Etat centrafricain, les rebelles ont perdu la bataille politique.

Le pouvoir et la rébellion du séléka ont fait un pas en avant, alors que les négociations se poursuivent à Libreville pour venir à bout de la crise centrafricaine. Les rebelles vont donner un accord de principe pour un cessez-le-feu d’une semaine. « Si le président Bozizé nous prouve sa bonne foi nous allons revenir à Libreville pour signer définitivement le cessez-le-feu », selon un des porte-parole du séléka, Nelson Djadder.

Toutefois, la rébellion qui contrôle les ¾ du pays pose plusieurs conditions pour conclure un accord avec le président Bozizé : « Les forces mercenaires venues d’Afrique du Sud doivent quitter le territoire centrafricain, les prisonniers politiques doivent être libérés sans conditions pendant la même période ». Les rebelles réclament aussi la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition suite à la proposition de François Bozizé de mettre en place un gouvernement d’union nationale.

« Les rebelles ont politiquement perdu »

Selon un spécialiste de la région, contacté par Afrik.com, les rebelles qui réclamaient le départ du président Bozizé sans conditions, auraient décidé de renoncer à cette revendication suite au haussement de ton du président gabonais Ali Bongo. Mais d’après ce spécialiste, « cette volte-face du séléka est une erreur. Les rebelles n’ont désormais aucune chance d’arriver à Bangui ! Ils auraient dû maintenir leur position. Ils ont eu tort d’accepter de négocier un cessez-le-feu et un gouvernement d’union nationale, sachant que les conditions qu’ils ont émises ne sont pas claires ! Réclamer la nomination d’un Premier ministre au sein de l’opposition ou encore la libération de prisonniers politiques sans donner des noms ne signifient rien ! Leur mouvement s’affaiblit de jour en jour. Ils n’ont plus les moyens de mobiliser leurs troupes au sol encore longtemps ».

« Le séléka aurait pu tester la force sud-africaine »

Pour le moment, François Bozizé, arrivé à Bangui jeudi, « n’a encore rien cédé. Il a une longueur d’avance sur la rébellion. Il est entrain de reprendre le dessus. Les rebelles ont perdu la bataille politique. Le seul moyen qu’ils ont de reprendre la main c’est de mener une autre offensive pour montrer au pouvoir que le régime est très fragile », selon cet expert du pays. Mais le chef d’Etat centrafricain, qui n’a plus confiance en sa propre armée, ni en celle de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (Cemac), a fait venir une force sud-africaine pour le protéger en cas d’attaque de Bangui. Dans cette armée, il y a aussi des mercenaires. « Le séléka aurait pu tester cette force pour voir jusqu’où elle est capable d’aller. Car pour le moment, elle n’a reçu aucun mandat pour ouvrir le feu. Elle ne peut intervenir que si ses chars son attaquées », affirme ce spécialiste de la région.

D’après ce dernier, « les rebelles auraient dû aussi tendre la main à l’opposition centrafricaine. Malheureusement ils n’ont pas une vision stratégique de ce qu’ils font et se sont très mal préparés pour les négociations à Libreville. D’ailleurs, aucun des chefs d’Etat de l’Afrique centrale n’y est allé avec un agenda précis. Chacun change de monture au fur et à mesure de l’évolution des évènements. »

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