Liberia : Charles Taylor incarcéré à La Haye


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Charles Taylor, l’ex-Président libérien, a été transporté mardi matin de Freetown (Sierra Léone) vers le tribunal international de La Haye (Pays-Bas) où il doit être jugé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et autres violations graves des droits de l’Homme. Il a été incarcéré au centre de détention de Scheveningen dès sa descente d’avion. S’il est condamné, l’ancien homme fort du Liberia purgera sa peine dans une prison britannique.

Par Vitraulle Mboungou

L’ancien dictateur libérien Charles Taylor est arrivé à La Haye (Pays-bas) mardi soir. Il a été évacué par un avion des Nations Unies des locaux du Tribunal spécial international pour la Sierra Léone (TSSL) à Freetown où il était détenu depuis son arrestation en avril dernier. « Il a quitté l’aéroport international de Lungi hier matin à 9h40 », a confirmé Peter Andersen, le porte-parole du TSSL. « Je pense que tout ce qui intéressait les Sierra léonais c’était de voir Taylor arrêté et inculpé, ce qui est fait », a souligné le vice-président sierra léonais, Solomon Berewa. L’ancien dictateur est arrivé à 17h14 (GMT) à Rotterdam. Il est sorti les mains menottées de l’avion avant de monter dans un fourgon escorté par plusieurs policiers à moto en direction du centre de détention de Scheveningen, dans la banlieue de La Haye. C’est dans ces locaux que sont enfermés les détenus du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPI) et de la Cour pénale internationale (CPI).

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bernard Bot, s’est « réjouit » dans une déclaration diffusée mardi après-midi, de ce transfert. « L’attention peut à présent se porter sur le procès (…). C’est un signal de la communauté internationale que l’impunité ne sera pas tolérée », a-t-il ajouté. L’ancien dictateur libérien a été inculpé en mars 2003 par le TSSL de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres violations graves des droits de l’Homme pour son implication dans les exactions commises pendant la guerre civile en Sierra Léone. Les 11 chefs d’inculpation de son acte d’accusation sont regroupés sous les chapitres « exécutions extrajudiciaires, violences sexuelles, violences physiques (notamment mutilations), utilisation d’enfants soldats, enlèvement et travail forcé, pillages ».

Il purgera sa peine dans une prison anglaise

Agé de 58 ans, l’homme, en exil au Nigeria depuis 2003, avait tenté de s’enfuir du pays en mars dernier alors que le Président nigérian Olesegun Obasanjo venait d’accepter son extradition vers la Sierra Léone. Il a immédiatement été interpellé à la frontière camerounaise et remis au TSSL. Ce dernier, inquiet d’un possible regain d’instabilité que sa présence pourrait provoquer dans la région, a aussitôt réclamé la délocalisation du procès. Il a été soutenu dans cette initiative par la nouvelle Présidente Ellen Johnson-Sirleaf tout aussi désireuse de préserver la paix encore fragile dans le pays. Solomon Berewa s’est, par ailleurs, déclaré satisfait du jugement prochain de Taylor dans un endroit sûr tandis que la Sierra Léone et les pays de l’Union du Fleuve Mano (Sierra Léone, Liberia et Guinée) « continueront de consolider » la paix. Les Pays-Bas ont été le seul Etat occidental à avoir accepté de le juger mais à condition qu’un pays tiers s’engage par avance à prendre l’ancien dictateur en détention s’il est condamné à une peine de prison.

La Grande-Bretagne, ancienne puissance coloniale de la Sierra Léone, a offert la semaine dernière de jouer ce rôle. Elle a effectivement fait savoir, le 16 juin, qu’elle acceptait de voir Taylor purger sa peine sur son sol en cas de condamnation. Le Conseil de sécurité de l’Onu a aussitôt adopté à l’unanimité de ses quinze membres une résolution autorisant le transfert du procès dans les locaux de la Cour pénale internationale (CPI) mais devant le TSSL.

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