Liberia : la Grande-Bretagne prête à emprisonner Charles Taylor


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Charles Taylor pourra purger sa peine en Grande-Bretagne s’il est condamné, a annoncé jeudi la ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett. L’ancien dictateur libérien, qui doit faire face à 11 chefs d’accusation pour crimes de guerre, est actuellement détenu en Sierra Leone sous la surveillance de Casque bleus attachés au Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), en attendant son procès à La Haye (Pays-Bas).

Par Vitraulle Mboungou

« Je suis ravie de pouvoir répondre positivement à la requête du secrétariat général des Nations Unies afin que, s’il est reconnu coupable, Charles Taylor purge sa peine de prison au Royaume-Uni », a annoncé jeudi dans un communiqué la ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett. Cette éventualité ouvrirait la voie à la délocalisation du procès de l’ancien Président libérien qui doit répondre de 11 chefs d’accusation devant le Tribunal spécial de l’Onu pour la Sierra Leone (TSSL). Il est accusé en outre de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de soutien aux groupes rebelles comme le RUF (Front Révolutionnaire Uni) sierra-léonnais, sinistrement connu pour les mutilations et autres atrocités sur les civils.

Le TSSL a récemment demandé la délocalisation du procès de Charles Taylor dans les installations de haute sécurité de la Cour pénale internationale à La Haye, la capitale néerlandaise. Les Pays-Bas ont accepté à condition qu’il soit incarcéré ailleurs. C’est pourquoi son transfert avait été suspendu jusque-là, les Nations Unies attendant qu’un pays accepte de l’emprisonner en cas de condamnation. Sollicités, l’Autriche, la Suède et le Danemark ont chacun à leur tour rejeté la requête de l’Onu.

Taylor, toujours une menace ?

L’ancien homme fort du Liberia s’était enfui en mars dernier du Nigeria où il s’était exilé depuis novembre 2003, après que le chef de l’Etat nigérian Olusegun Obasanjo ait donné son accord pour le remettre à la justice internationale. Directement déféré devant le TSSL à Freetown, il a comparu le 3 avril dernier et, refusant de reconnaître la légitimité de ce tribunal, il a plaidé non coupable. Il y est détenu depuis sous la surveillance de Casques bleus, en attendant son procès. Beaucoup craignent que sa présence menace l’équilibre encore fragile du Liberia, voire de toute la région, à commencer par la Présidente libérienne, Ellen Johnson-Sirleaf. Le fait que Charles Taylor bénéficie encore de nombreux soutiens en Sierra Leone et dans la région inquiète. Cela pourrait avoir des conséquences dans le déroulement des débats, créant des troubles sécuritaires.

Margaret Beckett a donc justifié sa décision en soulignant que « la présence de M. Taylor en Sierra Leone demeure une menace pour la paix dans la région » et que Londres entend ainsi « démontrer par des actions concrètes l’engagement du Royaume-Uni en faveur de la justice internationale ». Le transfert en Grande-Bretagne de l’ancien dictateur pour purger sa peine de prison reste cependant soumis à une autorisation du parlement britannique, qui devra adopter « la législation nécessaire » pour cette éventualité, précise le communiqué du ministère des Affaires étrangères.

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