Les présidentielles au Togo ont fait entre 400 et 500 morts


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Les violences survenues pendant les présidentielles au Togo ont fait entre 400 et 500 morts en l’espace de 4 mois, selon le rapport du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH) rendu public le 26 septembre 2005. Autorisé par le gouvernement togolais, ce rapport n’épargne personne.

Par Vitraule Mboungou

Entre 400 et 500 personnes sont mortes pendant la vacance présidentielle au Togo au printemps 2005. Suite au décès du président togolais, le général Gnassingbé Eyadéma, le 5 février dernier, le pays a vécu pendant plusieurs mois dans un climat extrêmement tendu qui s’est traduit par l’organisation de nombreuses manifestations de rue, dont certaines ont été réprimées dans le sang. Alerté par les violences et les atteintes aux droits de l’Homme, le bureau du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDH) a crée une mission chargée de faire la lumière sur cette période trouble, en accord avec le gouvernement togolais. Cette mission, déployée dans le pays du 13 au 24 juin, s’est aussi rendue dans les pays voisins, au Bénin et au Ghana notamment.

S’appuyant sur des « témoignages particulièrement crédibles », le rapport fait mention de 400 à 500 personnes décédées entre le 5 février et le 5 mai et de « l’existence de commandos de l’armée chargés, avec des véhicules préparés à cet effet, non seulement d’écraser les manifestants et des militants, mais également de ramasser et de faire disparaître systématiquement les cadavres ». N’ayant pas toujours la possibilité de vérifier les témoignages de ses interlocuteurs, la mission des Nations Unies n’est jamais catégorique. Cette réserve ne l’empêche toutefois pas de dénoncer farouchement l’attitude des autorités de Lomé, principaux responsables de ces actes de violences.

« Une violence atroce et aveugle »

Il semblerait que les forces de sécurité et l’armée aient joué un rôle primordial dans les violations des droits de l’Homme. Le rapport met ainsi l’accent sur une « série d’exécutions sommaires perpétrées par les forces armées à Lomé et dans un certain nombre de localités ». Il dénonce la « violence atroce et aveugle » dont la population togolaise a été victime. Il parle de « groupes organisés au sein des forces de l’ordre ». « L’utilisation des unités d’élite de combat, notamment les corps militaires des Bérets rouges et des Bérets verts, certains en provenance du Nord pour maintenir l’ordre dans toutes les villes importantes du pays, témoigne de la volonté de réprimer les manifestants », explique le rapport. Les forces de sécurité auraient également aidé les militants du RPT (Rassemblement du Peuple Togolais, au pouvoir) « armés de machettes, de coupes-coupes et de gourdins cloutés » à mener la répression pendant les manifestations.

Certains représentants des autorités auraient admis que « la force utilisée pour contrecarrer les mouvements des jeunes dans certains quartiers était disproportionnée » et que certains militaires avaient commis des « abus de pouvoir ». Même ils n’ont pas révélé l’identité des auteurs. Des responsables des forces de l’ordre ont reconnus, quant à eux, « qu’elles ne pouvaient pas contrôler toutes les troupes qui étaient sur le terrain au moment des événements ».

La mission met également la lumière sur la responsabilité des dirigeants des partis politiques de l’opposition et de leurs militants à l’origine de plusieurs actes de violence : « des militants transformés en milices politiques désorganisées commettant des actes de violences, notamment contre les ressortissants des communautés étrangères vivant au Togo ». Les forces de sécurité et l’armée se seraient donc pas les seules responsables des violences et violations des droits de l’Homme constatées au Togo, même si ce n’est pas dans les mêmes proportions.

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