Former les jeunes africains au leadership et à l’entreprenariat


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Serge Dossou Yovo
Serge Dossou Yovo

La Jeune chambre économique de l’Afrique à Paris apprend aux fils de continent les bases et les réflexes pour développer leur capacité de leadership et d’entrepreneurs. Serge Dossou Yovo, président de cette branche de l’organisation mondiale de la Jeune chambre internationale, revient sur les fondements de l’association et sur son actualité. Interview.

« Vous pouvez le faire et on peut vous montrer comment.  » Telle pourrait être la devise de la Jeune chambre économique de l’Afrique à Paris (JCEAP), une fédération dédiée aux 18-40 ans, elle entend former les Jeunes Africains de Paris et sa région aux techniques de leadership, à la prise de responsabilités sociales, à l’esprit d’entreprise et à la logique de l’entreprenariat. Serge Dossou Yovo, président 2004 de l’organisation, nous explique les objectifs généraux et présente les grands rendez-vous de la JCEAP prévus cette année.

Afrik : Quel est l’objet spécifique de la JCEAP ?

Serge Dossou Yovo : L’objectif de la Jeune Chambre, comme dans chaque pays, est essentiellement d’inciter les jeunes à la prise de responsabilité dans tous les domaines, politique, social et dans le monde des affaires. L’objet de la JCEAP de l’Afrique à Paris est d’initier des actions pour les Africains de Paris et sa région. Il est également de servir de trait d’union entre la France, l’Europe, et l’Afrique, en vue de créer des actions de synergie pour le développement du continent.

Afrik : Qu’est ce que cela signifie concrètement ?

Serge Dossou Yovo : Nous mettons en place des formations au développement personnel, comme par exemple la prise de parole en public, comment gérer un projet, comment créer une entreprise. Nous allons également mettre en place des formations plus générales comme le business plan, la recherche de partenariat, de sponsors, pour permettre aux membres de la Jeune chambre (JC) d’initier des projets sur lesquels ils vont appliquer ces formations-là. La Jeune Chambre est aussi un réseau de contacts. Nous organisons en ce sens des rencontres annuelles qui permettent de créer un réseau international (110 pays) dont chaque membre peut bénéficier.

Afrik : Le réseau représente combien de personnes ?

Serge Dossou Yovo : Le réseau compte 200 000 membres actifs, en sachant que les membres de la JC sont âgés de 18 à 40 ans. Sinon plus d’un million de ses anciens membres sont des Sénateurs JC, des anciens du mouvement. Ils sont là pour apporter leur expérience en terme de contacts ou de projets et de méthodes.

Afrik : Comment expliquez-vous que la JCI reste largement méconnue du grand public ?

Serge Dossou Yovo : La JC ne communique vraiment sur ce qu’elle fait que depuis 4 à 5 ans. Pendant longtemps nous avons essentiellement formé des formateurs. Parce que nous disposons d’une université de formation pour adultes. Depuis 5 ans, il y a un renouveau qui nous permet de revendiquer notre capacité à former des leaders. Des gens qui ont une vision, qui ont envie d’entreprendre des choses et qui doivent fédérer d’autres personnes pour réaliser leurs ambitions. Nous avons donc défini une nouvelle identité corporative, à travers un logo, à travers une épinglette que l’on porte partout pour montrer qui l’on est, à travers un site Internet pour l’international et pour la JCEAP. Nous espérons grandir d’année en année pour mieux faire découvrir ce que nous faisons. Nous avons d’excellentes références qu’il est dommage de ne pas faire connaître. Kofi Annan, le secrétaire général des Nations Unies, est un ancien membre d’une chambre. Tout comme les anciens présidents Nelson Mandela (Afrique du Sud, ndlr) et Bill Clinton (Etats-Unis, ndlr) ainsi que l’actuel chef de l’Etat français Jacques Chirac.

Afrik : Quel est le statut de la Jeune Chambre internationale ?

Serge Dossou Yovo : Les réglementations de la JC dépendent du pays dans lequel on veut la mettre en place. En France, bien évidemment, c’est une association de loi 1901, donc à but non lucratif.

Afrik : Qui a créé la JCEAP ?

Serge Dossou Yovo : La JCEAP dépend administrativement de la Jeune Chambre du Bénin qui a eu l’idée de créer cette branche délocalisée en France. Mais elle a décidé, il y a 5 ans, d’ouvrir ses portes à toutes les autres nationalités. Parce qu’elle s’est rendue compte qu’avec la mondialisation et tout ce qui se passe comme mouvements positifs, il était inutile de rester entre soi. Aujourd’hui, la JCEAP compte plus d’une dizaine de nationalités africaines. L’idée est d’être positifs ensemble, de créer des choses pour le développement du continent.

Afrik : Beaucoup dénoncent le manque de solidarité entre les Africains et qu’en conséquence chacun serait un peu obligé de faire les choses dans son coin. Est-ce une réalité dans le monde de l’entreprenariat ?

Serge Dossou Yovo : Complètement, vous n’avez qu’à rencontrer quelqu’un avec une idée de projet. Il aura du mal à en parler. Alors qu’en parler c’est pouvoir bénéficier des réflexions des autres qui vous permettront d’avancer. Mais cette logique n’est pas complètement ancrée. Je suis allé cette année au Cameroun, en Namibie et au Sénégal. Et l’on ressent un peu partout, mais à divers degrés, cet esprit. Nous devons lutter contre. Parce que si nous voulons avancer, nous avons besoin de toutes les contributions positives qui peuvent accompagner un projet.

Afrik : Comment se place la JCEAP par rapport aux organismes en France qui sont un peu sur le même créneau, comme Africa 2005 ou Africagora ?

Serge Dossou Yovo : Nous sommes complémentaires. Africa 2005 fait la promotion de l’Afrique. La JCEAP peut donner des outils pour réussir des projets qu’Africa 2005 va mettre en exergue. Nous avons nos propres projets, mais ils constituent des cadres d’exécution de nos méthodes pour montrer aux gens qu’elles fonctionnent.

Afrik : Quelle est l’actualité de la JCEAP ?

Serge Dossou Yovo : La JCEAP organise le 11 septembre prochain une formation pour entrepreneurs et porteurs de projets sur le business plan à travers le cycle de vie de l’entreprise (création, développement et changement d’activité). Mais notre grosse actualité reste notre Forum des entrepreneurs pour l’Afrique émergeante, le 4 novembre prochain dans les locaux de l’Unesco à Paris. Nous avons ciblé trois pays : la Namibie, l’Afrique du Sud et le Mali. Nous voulons faire découvrir toutes les opportunités d’affaires qu’il y dans ces pays. Nous échangerons également sur le monde des affaires en Afrique et les possibilités de financement de projets . Nous dispenserons des formations : l’une sur l’art oratoire et l’autre sur « Devenir un leader en Afrique ». Un projet qu’Africa 2005 a accueilli avec beaucoup d’élan et beaucoup d’enthousiasme et dont il se charge de faire la promotion.

Afrik : Pourquoi avoir choisi deux pays anglophones pour votre Forum des entrepreneurs ?

Serge Dossou Yovo : Nous n’avons pas choisi les pays. Nous avions lancé un appel à projets à tous les pays que nous avions pu contacter. Les deux premiers pays qui nous ont répondu ont été l’Afrique du Sud et la Namibie. Parmi les pays francophones, c’est le Mali qui nous a répondu favorablement. Nous avons essayé de travailler avec des pays comme le Sénégal ou le Burkina Faso. Les réponses sont venues plus tard. Le projet était déjà lancé pour la première édition. Mais nous comptons l’étendre, l’année prochaine, à d’autres pays.

Afrik : Les anglophones ont-ils la même approchent du business que les francophones ?

Serge Dossou Yovo : Le monde anglophone et le monde francophone sont très différents en terme d’appréhension du monde du business. Les anglophones sont très pragmatiques. Ils vous disent tout de suite : « Qu’est-ce que tu as envie de faire ? Je sais ce qui est possible de faire chez nous, quand est-ce qu’on commence ? » Avec les francophones, ca prend un peu plus de temps. Mais j’ai espoir que cela se mette en place. Et c’est justement le rôle que souhaite jouer la Jeune Chambre.

Visitez le site de la Jeune chambre internationale

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