Deux milliards d’euros français pour l’Algérie


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L’Algérie attendait un geste fort et concret de la France pour sceller la refondation de leurs relations. Elle n’a pas été déçue. A l’occasion de sa visite, hier à Alger, la seconde du genre en deux mois, le ministre français de l’Economie et des Finances, Nicolas Sarkozy, a annoncé l’octroi à l’Algérie de concours financiers d’un montant record de près de 2 milliards d’euros.

Baptisé «Aide-mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement», cet accord contribuera, entre autres, a déclaré Nicolas Sarkozy, à «donner les moyens aux entreprises françaises d’accompagner l’effort de modernisation en Algérie». Afin de bien rendre compte de son caractère inédit, le ministre français s’est empressé de révéler à la presse, dès sa descente d’avion, que l’accord en question «est le plus important jamais signé par la France avec un autre pays».

«Il n’y a aucun accord de cette nature de la France avec un pays étranger», a-t-il précisé. Conçu pour servir d’assises au partenariat économique d’exception placé en ligne de mire par les deux pays, lors de la conclusion de la Déclaration d’Alger du 2 mars 2003, l’aide-mémoire sur le partenariat pour la croissance et le développement repose, mentionne un communiqué commun rendu public par les ministres des Finances des deux pays, sur «la conviction partagée qu’il est de l’intérêt de l’Algérie et de la France de tirer profit du haut degré de complémentarité des deux économies pour accompagner les mutations actuelles de l’économie et de la société algérienne, dynamiser l’essor de leurs échanges et multiplier les intérêts croisés entre les opérateurs, notamment en développant le partenariat».

Convertir la dette en investissement

Au plan de la forme, l’accord économique liant désormais l’Algérie et la France est composé de trois volets et concerne des domaines de coopération très variés. Le premier a trait à l’accroissement des investissements en Algérie, le deuxième porte sur le renforcement de la coopération bilatérale dans plusieurs secteurs stratégiques pour le développement économique et social de l’Algérie et le troisième met l’accent sur une coopération économique et financière institutionnelle élargie. Au titre des objectifs consignés par l’aide-mémoire en matière d’investissements, les deux parties se sont déclarées «convaincues de la nécessité d’investissements productifs nouveaux, notamment dans la sphère de l’économie privée, pour favoriser la croissance et l’emploi».

Pour atteindre cet objectif, la partie française a décidé de mettre à la disposition de l’Algérie la totalité de l’enveloppe de conversion de dettes en investissements. D’un montant de 288 millions d’euros, cette enveloppe représente le plafond autorisé par les règles actuelles du Club de Paris. Afin d’accroître encore les investissements étrangers en Algérie, la partie française s’engage, en outre, à soutenir auprès du Club de Paris la demande de l’Algérie de porter à 30% le plafond de conversion de dettes en investissements actuellement limités à 10% seulement de la dette éligible. Parallèlement aux actions menées pour promouvoir l’investissement français en Algérie, 55 millions d’euros, sous forme de prêts bonifiés, ont été octroyés par l’Agence française de développement (AFD) pour faciliter l’investissement des PME algériennes.

Le secteur des transports privilégié

Au chapitre de la coopération bilatérale, l’Algérie et la France ont décidé de mettre le paquet dans le secteur des transports. L’on indique à ce propos que des formules innovantes seront mises en œuvre pour la réalisation de certains projets, notamment pour les équipements du métro d’Alger et pour le matériel roulant de la banlieue d’Alger, dont les financements seront assurés à hauteur des deux tiers par des crédits concessionnels. Le communiqué commun signé par les deux parties mentionne qu’«une attention toute particulière sera accordée à l’exploitation future de ces deux ouvrages pour lesquels les partenariats seront recherchés et des crédits d’aide au développement mobilisés». Dans le secteur de l’eau, signalons que la France a confirmé sa participation au financement du projet de transfert d’eau du barrage de Taksebt sous forme de crédits concessionnels pour un montant maximum de 80 millions d’euros.

Le volet coopération bilatérale évoque aussi un intérêt soutenu pour l’exploitation des réseaux de distribution d’eau d’Alger, d’Oran et de Constantine afin de les moderniser et d’en assurer une meilleure gestion. L’importance des moyens à mettre en place exigera, signale-t-on, la combinaison de plusieurs sources de financement. La partie française a exprimé, d’ores et déjà, sa disponibilité à apporter à ces projets une enveloppe de crédits concessionnels de l’ordre de 100 millions d’euros. Dans l’habitat et l’urbanisme, des prêts concessionnels de l’AFD ont été également octroyés à hauteur de 75 millions d’euros pour la réhabilitation des zones d’habitat précaire et la reconstruction d’édifices détruits par le séisme de mai 2003. Les deux parties ont convenu de faciliter la participation des groupes français de BTP au développement du logement en Algérie. Cela notamment par la voie du partenariat entre entreprises des deux pays.

Garantir les crédits

Dans la perspective de dynamiser la participation des entreprises françaises aux projets d’infrastructures en Algérie, la France a décidé, en outre, d’ouvrir une enveloppe supplémentaire d’un montant d’un milliard d’euros de garanties de crédits par la Coface destinés à couvrir de futurs contrats, notamment dans les secteurs des transports, des télécommunications, de l’électricité, des hydrocarbures, des biens d’équipements industriels, des services urbains et de l’habitat. Outre ses entretiens avec M. Benachenhou, il est à signaler que le ministre français des Finances a été reçu en audience par le président Bouteflika.

Lors d’une déclaration faite à l’issue de cette audience, M. Sarkozy a réitéré «la détermination de la France à aider l’Algérie afin qu’elle améliore sa situation économique, à travers notamment l’accord sur la reconversion de la dette algérienne». Il a souligné, à l’occasion, que «la signature de cet accord concrétise un partenariat important et extrêmement concret de deux milliards d’euros qui permet à l’Algérie d’alléger sa dette». Cet accord permettra, a encore ajouté M. Sarkozy, aux entreprises françaises de prendre part à des projets extrêmement importants en Algérie tels l’installation de rames du métro d’Alger ou l’électrification du réseau du chemin de fer de la banlieue d’Alger.

Par Zine Cherfaoui

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