Le Chef islamiste soudanais arrêté


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Hassan el Tourabi, ancienne éminence grise du gouvernement soudanais, a été arrêté ce mercredi dans sa résidence de Khartoum. Le Président de la république Omar Hassan Ahmad Al Bashir lui l’accuse de tentative de coup d’Etat.

Hassan el Tourabi, le grand leader politique soudanais de nouveau sous les verrous. Il était un peu plus de minuit, ce mercredi, quand les forces de sécurité de Khartoum se sont rendues chez le dignitaire religieux, fondateur du Front national islamique (FNI), pour l’arrêter. Il est accusé d’être impliqué dans une tentative de coup d’Etat. Un certain nombre d’opposants politiques et d’officiers de l’armée ont également été écroués.

Ce mercredi, après avoir rendu visite à son père à la prison Kober (Cooper) à Khartoum, Issameddine el Tourabi a affirmé que selon lui, il n’y avait pas eu de « tentative de coup d’Etat » et expliquait ce geste de Khartoum par une profonde animosité du régime. Pour lui, le gouvernement ne supporte pas son père, qui s’impose comme : « le seul opposant à l’intérieur du pays ». Avant d’ajouter que « plus de 27 officiers des forces armées, tous originaires de l’ouest du Soudan (Darfour et Kordofan) ont été arrêtés et accusés pour les mettre raisons. « Ceci est une tentative d’éradiquer la présence des fils de l’ouest du Soudan au sein de l’armée », a-t-il asséné pour conclure. Il y a quelque temps, Hassan el Tourabi avouait les tensions présentes au sein de l’armée mais niait toute « tentative de renversement du gouvernement ». Pour lui, Khartoum essayait « d’aggraver » la situation pour préparer le champ à leur arrestation et interdire à jamais son parti politique.

Un homme ambigu

Hassan est diplômé de la Sorbonne (Paris). Il crée le FNI en 1985. Il a été le Président du parlement soudanais de 1995 jusqu’à sa dissolution en 1999. Grâce à un grand tact et un véritable pouvoir de séduction, il a cherché à réunir les deux ailes de l’islam : les modérés et les radicaux. Ainsi, en décembre 1993, il organise à Khartoum, un rassemblement mondial des représentants de l’islamisme, y compris du plus radical, au sein de la Conférence populaire arabe et islamique. Pour un homme proche de l’aile dure de l’islam, il tient des discours assez surprenants sur l’éducation des femmes, la protection des minorités, ou encore l’illégalité de la fatwa frappant l’écrivain britannique Salman Rushdie.

Un homme de barreaux

Trois séjours à l’ombre en deux décennies, pour le leader intégriste islamique. Pourtant, il a longtemps été un des hommes du pouvoir. Il est d’ailleurs, entre autres, l’inspirateur de la loi islamique au Soudan. Alors qu’il a longtemps été le ministre de la Justice de l’ancien Président Jafaar Nimeiri, un différend entre les deux hommes le conduit derrière les barreaux au milieu des années 80. Le 21 février 2001, suite à la signature d’un accord entre sa formation et celle de John Garang (un adversaire de l’actuel chef de l’Etat), pour mettre un terme à la guerre civile de son pays, il retourne en prison. Le Président Omar Hassan Ahmad Al Bashir voyait plus dans cette entente sa destitution qu’un règlement du conflit.

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