Papa Wemba devant la justice belge


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Le chanteur congolais Papa Wemba a été inculpé, en Belgique, dans le cadre d’une affaire d’aide à l’immigration clandestine. Une accusation pour laquelle le « Roi de la rumba congolaise » est aussi poursuivi en France. D’autres artistes originaires de la République Démocratique du Congo ont déjà été accusés d’un tel délit, ce qui risque de freiner l’exportation de leur musique.

Le « Roi de la rumba congolaise » devant la justice belge. Papa Wemba, de son vrai nom Shungu Wembadio Kikumba Pene, a été inculpé pour « traite des êtres humains » et « association de malfaiteurs », a annoncé, ce jeudi, le parquet de Bruxelles (Belgique). L’artiste congolais, âgé de 54 ans, est poursuivi en France pour des faits similaires. Ce n’est pas la première fois que des affaires d’aide à l’immigration clandestine éclaboussent des grandes pointures de la musique congolaise. Ce qui pousse l’Europe à être de plus en plus vigilante quant à l’octroi de visas pour les chanteurs et les troupes originaires de la République Démocratique du Congo (RDC).

Coup double

Papa Wemba a été interpellé, mardi en France, à son domicile situé en région parisienne, par le Service d’exécution des décisions judiciaires (SEDJ) pour être remis aux policiers belges. Cette extradition aurait été planifiée depuis déjà quelques temps. Yves Leberquier, l’avocat française de la star congolaise, a déclaré à l’Agence France Presse que « Papa Wemba, du fait de son contrôle judiciaire en France lui interdisant de quitter le territoire national, ne pouvait se rendre spontanément en Belgique. Il fallait qu’il soit accompagné par des policiers français ». A son arrivée sur le territoire belge, l’artiste a été auditionné à Bruxelles par le juge d’instruction Hervé Louvot et par les enquêteurs du pays. Entretiens qui ont débouché sur sa mise en examen pour « traite des êtres humains » et « association de malfaiteurs ».

Ce sont pour ces mêmes faits que les autorités françaises avaient arrêté le Prince des Sapeurs (cf la Sape, Société des ambianceurs et personnes élégantes) le 20 février 2003, après l’avoir mis en examen pour « aide en bande organisée au séjour irrégulier d’étrangers ». Mais la France avait commencé à mener une enquête en décembre 2000, lorsque la police des frontières avait pris note de l’arrivée à l’aéroport de Roissy de Congolais se réclamant être des musiciens de Papa Wemba. Une enquête qui prouvait, selon les enquêteurs, que le « Roi de la rumba congolaise » avait facilité l’obtention de visas à une centaine de personnes, notamment pour un concert donné le 31 décembre 2001 au Palais omnisports de Paris Bercy. Une aide à but lucratif, qui aurait permis à Papa Wemba de gagner quelque 3 500 euros par personne. L’artiste congolais a recouvré la liberté, sous contrôle judiciaire, en juin 2003. Il a d’ailleurs pu retrouver son public lors d’un show en octobre dernier.

Mauvaise image des artistes congolais

En tout, Shungu Wembadio Kikumba Pene aurait introduit au moins 300 Congolais en France et en Belgique. Certains de ses compatriotes et confrères ont aussi été accusés de tels actes. A l’image de Werrason ou de Jossart Nyoka Longo. Ce dernier, leader du groupe mythique Zaïko Nkolo Mboka, avait été incarcéré en Belgique le 13 novembre 2003 après avoir été dénoncé pour trafic de visas par l’un de ses musiciens. L’artiste a retrouvé la liberté le 9 février après le paiement, selon Congo Vision, d’une caution de 2 000 euros. Une somme que certains jugent dérisoire en comparaison avec la gravité des faits qui lui étaient reprochés. La visite du chef d’Etat congolais Joseph Kabila, quelques jours plus tôt, en Belgique, a certainement joué en la faveur de Jossart Nyoka Longo. L’homme fort de la RDC avait mis un point d’honneur à intercéder en la faveur du musicien.

Mais le Président Kabila n’a pas l’intention de multiplier ce genre d’exercice diplomatique. Aussi a-t-il insisté pour que les ambassadeurs de la musique congolaise adoptent une attitude responsable. Les Etats européens sont de plus en plus frileux à accorder des visas aux artistes congolais, de peur que d’autres affaires d’immigration clandestine ne voient le jour. Une peur qui a conduit à l’annulation de plusieurs festivals où ces derniers avaient un rôle central. Des signaux qui font craindre à certains que la musique congolaise s’exporte moins et perde de la vitesse sur la scène internationale.

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