Soro Guillaume et son escadron de la mort


Lecture 13 min.
drapeau-cote-d-ivoire moyen

Nombreux sont les Ivoiriens qui ont salué l’avènement des Forces Nouvelles d’autant plus que cela devrait mettre fin aux agissements fascistes d’une classe dirigeante dont la cécité politique, l’arrogance, le manque de considération pour la vie humaine, avaient atteint le summum de la bêtise. La gangrène était telle qu’il fallait une onde de choc pour l’éradiquer. Malheureusement cette onde tant espérée n’a pas été aussi forte en intensité si bien qu’au lieu d’annihiler le mal, elle n’a fait que le retarder, nous ramenant du coup dans une situation beaucoup plus regrettable.

Par Tra Bi Djè Alphonse

Nombreux sont les Ivoiriens qui ont salué l’avènement des Forces Nouvelles d’autant plus que cela devrait mettre fin aux agissements fascistes d’une classe dirigeante dont la cécité politique, l’arrogance, le manque de considération pour la vie humaine, avaient atteint le summum de la bêtise. La gangrène était telle qu’il fallait une onde de choc pour l’éradiquer. Malheureusement cette onde tant espérée n’a pas été aussi forte en intensité si bien qu’au lieu d’annihiler le mal, elle n’a fait que le retarder, nous ramenant du coup dans une situation beaucoup plus regrettable.

Aujourd’hui, cette rébellion qui a échoué lamentablement dans sa conquête de pouvoir par les armes, s’est engagée dans la voie de son auto désintégration. Le spectacle qui nous est offert aujourd’hui est cette honteuse image de guerre de leadership entre les dits pro Soro Guillaume et les pseudo pro-IB. Une guéguerre qui l’éloigne de ses objectifs et qui déçoit de plus en plus les millions d’Ivoiriens qui avaient placé en cette cause une foi. A la place d’une rébellion qui s’était posée en défenseur des torts, nous voyons une véritable mafia dont les maîtres à penser se trouvent au sein du cabinet de communication du Secrétaire Général du MPCI.

Depuis quelques jours nous avons été bombardés d’interviews dites de Chérifs Ousmane, de Wattao qui n’en sauraient point être les auteurs. Ces interviews ont été coiffées par celle du responsable de la communication de Soro Guillaume, son altesse Beugré Antoine lui-même, au quotidien Afrik. A l’analyse de ces déclarations, quelles conclusions pouvons-nous tirer ?

Génocide programmé

Au lendemain de l’assassinat du chef de guerre Adams Coulibaly, la presse pro Soro a malheureusement donné le ton. Cette presse nous dit que les hommes qui entouraient le Chef Adams sont des Libériens et que le chef aurait été assassiné par ces soi disant Libériens. Cette presse poursuit pour dire que dans quelques semaines ces Libériens seront nettoyés (massacrés ???) des rangs des Forces Nouvelles par les hommes de main de Soro alias Dr. Koumba. Wattao et Shérif, les nouveaux leaders de l’escadron de la mort mise sur pied par Soro Guillaume. Ce qui est dangereux dans cette déclaration, c’est que pour les hommes de Ouattara, pardon les hommes de Soro, les Libériens sont des poulets qu’on peut abattre comme des chiens. Le Liberia ne fera rien pour venir au secours de ses ressortissants. Derrière ce schéma, se cache la vérité, une vérité que les hommes de Soro n’oseraient donner.

En réalité, Il n’y a pas de Libériens autour des chefs de guerre pro-IB ou pro Soro. Ce sont tous des Ivoiriens. Des jeunes frères de Soro, de Wattao, de IB, d’Ado. Chérif Ousmane et Wattao vont entamer une vraie campagne de génocide en tuant systématiquement tout petit « agoutis » supposé être proche de IB. Une vraie campagne de génocide programmée par Soro Guillaume contre ses propres frères qui seront présentés comme des rebelles libériens, comme s’ils avaient le droit d’éliminer impunément les ressortissants d’un autre pays qu’ils ont eux même enrôlés. Le comble est que le clan Gbagbo justifiait les charniers par le fait que ce sont des non ivoiriens, des rebelles jaloux de la prospérité de notre pays, venus pour déstabiliser le pays. Les Forces Nouvelles quant à elles vont justifier leur charnier en assimilants les centaines d’Ivoiriens qu’ils vont tuer à des mercenaires libériens (oubliant qu’ils les ont eux-mêmes recrutés).

IB est-il le véritable père de la rébellion ?

Pour le service de presse de Soro, IB n’a rien fait pour la rébellion. Il n’a jamais été au Front et n’était au courant de rien. Donnons leur le crédit de leur affirmation. Mais si IB n’a rien fait, si IB ne représente rien, alors pourquoi de véritables Chefs, dont Soro et ses hommes ont entrepris l’élimination d’un poltron, d’un lâche. Pourquoi ces chefs qui ont aussi combattu sur les fronts au même titre que Chérif et compagnie, se sentent-ils solidaires d’Ibrahim Coulibaly ?

Dans une déclaration, du même service de communication de Soro, qu’ils ont fait signer, comme émanant d’un groupe de soldats, on nous dit que le vrai chef de la rébellion, l’homme qui a tout concocté, le cerveau n’est autre que Soro Guillaume. Cette affirmation, gratuite et insolente, trouve sa contradiction dans de nombreuses déclarations des mêmes chefs de guerre. Lorsque Eyadema tournait en bourrique Soro Guillaume à Lomé, Zaccharia Koné chef des opérations d e Vavoua, n’avait-il pas lancé dans un cri menaçant, que Soro n’est qu’un civil et qu’il n’est pas leur chef et que leur chef sortira au moment opportun ? Peut être qu’IB n’est pas le père de la rébellion, mais il a une influence monstre sur une bonne partie de ces rebelles et une assise populaire qui fait peur, non à Soro, mais à ceux pour qui Soro se bat.

IB, présidentiable ?

Nul ne peut empêcher un autre de nourrir des ambitions présidentielles s’il remplit les conditions exigées par la constitution. Seul le peuple souverain pourrait en décider autrement lors d’élections démocratiques. Il nous est difficile de dire qu’IB n’est pas présidentiable, s’il se croit présidentiable. Mais la question que l’on se pose est pourquoi IB, s’évertue à se présenter comme le président des Forces Nouvelles, alors qu’il peut bien attendre le moment opportun. La réponse est simple et elle ne se trouve point dans les déclarations et prises de position du groupe d’IB. IB et son équipe, devraient savoir, s’ils ne le savent pas déjà, que le processus de désarmement des rebelles actuellement en cours arrivera à terme quoiqu’il en soit.

IB n’ignore pas que sa présence à Korhogo n’empêcherait rien. Les soldats de la Licorne ont déjà pris position dans tous les points stratégiques du pays et ont largement infiltré les rangs des rebelles. IB n’a pas les moyens d’empêcher le cours des événements actuels, il ne peut qu’observer. IB veut se positionner en tant que Président des rebelles, parce que pour lui, il est le père de la rébellion. Il en est le vrai chef. Ensuite, sauf pour des dupes, Gbagbo n’est pas celui qui aurait piégé IB à Paris, mais plutôt Soro Guillaume sous les conseils de qui il aurait fait escale à Paris. Soro qui devrait l’y croiser deux jours après son arrivée à Paris n’y est jamais venu. IB aurait compris que Soro a décidé de le mettre sous l’éteignoir.

Carence politique du leader des républicains

Pourquoi Soro aurait-il piégé IB ? Le service de communication de Soro, par l’entremise de Beugré Antoine (cf. L’inter du 11 février 2004), nous donne la réponse. IB veut s’opposer à ADO. Voilà la genèse du problème au sein des Forces Nouvelles. ADO. Beugré nous dit qu’IB veut s’opposer à ADO et qu’il veut être Président de la République. Il est aisé de comprendre que la candidature d’IB aux présidentielles réduirait les chances d’ADO, car le RDR ne peut pas se permettre de ne pas faire 100% au Nord et espérer gagner les élections. Alors toute une machination macabre se met en place pour diaboliser, détruire IB parce qu’il veut s’opposer à ADO. Pour ADO, aucun nordiste ne peut avoir d’ambition présidentielle au risque de recevoir la visite des escadrons de la mort dont les chefs sont Chérif Ousmane et Wattao.

Voilà deux éléments, deux groupes qui s’entretuent. Deux groupes qui ont une grande sympathie pour le leader des républicains. ADO reste muet, ne dit rien et ne veut pas se positionner en véritable leader, non pas du Nord, non pas de la rébellion, mais en leader national pour emmener les deux groupes à faire la paix. Comment pourrait-il le faire ? Lui qui n’a jamais eu le courage de se positionner en véritable leader, s’occupant plutôt de son image auprès de Helène. La raison n’est-elle pas Helène et l’émotion nègre ? Il a les moyens de lancer publiquement un appel à ces deux groupes en leur imposant d’arrêter de s’entretuer, de tuer d’innocentes personnes. Il peut les obliger à s’aligner sur le processus de paix engagé, mais il a peur qu’on l’assimile aux rebelles ? Il n’a pas en s’en faire, car pour tous les Ivoiriens anti Forces Nouvelles, ADO est le parrain de la rébellion. Il n’y peut rien. Il ne pourra pas l’enlever de sitôt de la tête de ces Ivoiriens. Mais qu’y a t-il de mal à appeler deux frères, deux concitoyens à faire la paix alors que le pays est engagé sur la voie de la réconciliation ? Malheureusement les stratèges du RDR n’ont jamais su saisir les moments importants pour se faire entendre. Le silence est la règle au RDR et est l’essence même de la stratégie des républicains. Silence, le « bravetchè » travaille dur !

Ado irresponsable

Ce silence et l’inaction du Président du RDR sont inquiétants et nous poussent à nous demander s’il n’a pas pris goût au fait de voir que des Ivoiriens se battent, s’entretuent constamment pour lui. On se demande s’il a la capacité nécessaire de mener des négociations sérieuses ou encore a-t-il les moyens politiques de réconcilier les Ivoiriens entre eux s’il ne peut même pas réconcilier deux de ses enfants qui s’entretuent.

Si IB veut être candidat aux élections présidentielles, alors qu’il pose sa candidature et si elle est retenue, le peuple saura lui donner la réponse. Il est sûrement flatté par sa popularité au Nord au sein de ceux et celles qui le prennent comme le véritable libérateur des Nordistes. Une popularité qui lui est montée à la tête sûrement et qui effraie les sympathisants de Soro et par extension ceux d’ADO. Mais ADO doit nous démontrer qu’il est assez futé politiquement pour faire fléchir IB et s’attacher ses services. On se pose des questions notamment celle de savoir pourquoi IB qui ne tarissait pas d’éloges pour ADO est devenu subitement un anti ADO.

On est en droit de se poser la question de savoir pourquoi Gbagbo qui a été un ami très proche des Ouattara est devenu celui qui lui en veut aujourd’hui au point de vouloir l’éliminer physiquement ? La même question pourrait être posée en ce qui concerne ses rapports avec Guei, avec qui, à un moment donné « c’était comme l’arbre et l’écorce ». Ou bien c’est ADO qui a un problème ou ce sont ces collaborateurs qui en ont.Peut-être qu’au lieu de faire de la vraie politique en se comportant en vrai homme politique, ADO préfère maintenir un mythe qui se désintègre au fil du temps. Son silence est entrain de créer encore des charniers au Nord. Il refuse de faire de la politique, de se comporter en véritable leader d’opinion et laisse les autres se tuer pour lui.

A l’abri bien au chaud

Je suis de ceux qui pensent qui si ADO avait de la maturité politique, la Côte d’Ivoire n’aurait pas connu les charniers et la guerre qu’elle connaît. Il aurait déjà pris le pouvoir sans que le sang ne soit versé avec la popularité et le support populaire qu’il avait. Si ADO veut le pouvoir en Côte d’Ivoire, le pouvoir politique, alors qu’il fasse de la politique, qu’il porte incessamment la culotte de politicien. Je ne suis pas de ceux qui disent que c’est ‘’nous qui sommes allés chercher » Ouattara … Cela s’apparente bien évidement a un raisonnement de dupes car si tel est le cas, qu’il prouve à ceux qui sont allés le chercher qu’il est prêt à assumer son rôle de leader politique. Dans tous les cas, on voit que le RDR est mal parti, car la cécité politique de ses militants et l’élévation de son président au rang d’un Dieu freinent l’émergence d’alternatives réelles.

Aujourd’hui, IB est poltron. Qu’en est-il d’Ado qui n’a pas le courage nécessaire de se sentir solidaire de ceux qui ont donné leur vie pour lui ? Lui qui se sent mille fois plus à l’aise entre la France et les Etats-Unis qu’à Abidjan ou même à Kong ? Pourquoi accepter la lâcheté de l’un et refuser celle de l’autre ? Ou encore pourquoi assimiler l’acte de l’autre à une bravoure et celle de l’autre a une lâcheté ? Si IB doit être écarté, parce qu’il se la coulait douce au Faso, Cisse Bacongo, Guede Guina, qui n’ont jamais quitté le pays lorsque l’escadron de la mort sévissait, peuvent également prétendre à postuler au poste de Président du RDR. Parce qu’il a été directeur général adjoint du Fonds monétaire international alors il est acceptable qu’ADO puisse se la couler en douce à Paris alors que l’autre, moins nanti financièrement et intellectuellement, doit être vilipendé et traîné dans la boue.

La crédibilité de la rébellion en question

Les Forces Nouvelles ont certainement, par les armes fait fléchir Gbagbo et éviter un génocide programmé lors des élections de 2005 par le régime Gbagbo, mais aujourd’hui ils ont perdu toute crédibilité aux yeux non seulement des Ivoiriens, mais aussi aux yeux de l’opinion internationale. Elles ne sont plus crédibles parce qu’elles manquent d’idéal et d’objectivité. Cette rébellion qui veut réconcilier les Ivoiriens entre eux s’avère incapable de se réconcilier entre elle-même et pour se faire entendre, elle préfère encore prendre les armes pour tuer froidement d’autres Ivoiriens.

Espérons seulement que les Nations Unies poursuivront les auteurs des massacres de populations. Les escadrons de la mort ne résident pas uniquement au palais présidentiel. Il y a d’un Côte Seka Seka et de l’autre Chérif Ousmane commandés respectivement par Gbagbo Laurent et Soro Guillaume.

Suivez Afrik.com sur Google News Newsletter