Tizi, le village des prostituées


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Le premier film de la jeune Marocaine Narjiss Nejjar,  » Les yeux secs « , est présenté cette semaine au 56ème Festival de Cannes. Il aborde un sujet original : la vie dans un village de l’Atlas, habité uniquement par des femmes… prostituées.

Les yeux secs, premier film de la jeune Marocaine Narjiss Nejjar, a pour originalité son sujet : un village berbère habité seulement par des femmes, prostituées depuis plusieurs générations. Ce village, Tizi, existe encore. Seuls les hommes qui paient entrent. La beauté du lieu, perdu dans les montagnes de l’Atlas, berce tout le film. Dominé par des grottes, les  » greniers « , où les filles exilent leurs propres mères, le petit village va être bouleversé par l’arrivée d’une ancienne prostituée (Raouia), qui revient après plus de 25 années de prison.

Tizi est maintenant dirigé par la fille de cette femme (Siham Assif), qui incite les prostituées a abandonner leurs enfants à leur naissance afin que la nouvelle génération ne soit pas prisonnière de ce destin tragique. Ces femmes, qui rêvent d’être aimées, doivent donc garder les yeux secs et cacher leur douleur. Mais la nouvelle venue va tenter de leur donner une autre porte de sortie : le tissage. Et elle est accompagnée d’un homme, véritable  » Georges Clooney berbère  » (Khalid Benchegra), qui sème bien évidemment le trouble dans la petite communauté.

Dire l’amour sans honte

Avec Les yeux secs, Narjiss Nejjar traite plusieurs sujets, dont le plus intéressant est l’émancipation des femmes face au regard et à la main-mise des hommes sur leur destinée. Elle souhaitait au départ faire un documentaire sur ce lieu mais a finalement choisi la fiction :  » J’ai senti une réticence de la part des femmes du village, et c’est ainsi que j’ai compris ce qui allait devenir la problématique de mon film, le regard de l’autre « .

Malgré son beau titre et son beau thème, le film est pourtant gâché par des lenteurs, des messages trop appuyés, et une fin qui s’embourbe dans un lyrisme pessimiste et hystérique (avant de bifurquer sur une autre fin plus conventionnelle et pas plus réussie). On préfèrera en retenir la beauté de nombreuses scènes, et son message en exergue :  » un peuple est grand quand il sait dire l’amour sans honte « . La jeune réalisatrice est née à Tanger et a suivi des études de réalisation en France. Elle a déjà réalisé deux documentaires et trois moyens métrages. Ses projets ?  » Je continuerais à harceler les consciences en faisant des films…des films et des films… pour que nous (les femmes) ne soyons plus jamais de simples pantins désarticulés, rasant les murs et marchant sur la pointe des pieds, mais des citoyens à part entière.  »

Les Yeux secs de Narjiss Nejjar, Maroc (2003). Jeudi 22 mai, vendredi 23 mai.

Quinzaine des réalisateurs, Festival de Cannes.

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