Bozizé reçoit le suffrage de la rue


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Bozizé reçoit le suffrage de la rue

Plus de 100 000 personnes sont sorties dans les rues de Bangui, vendredi, pour exprimer leur soutien au général François Bozizé. Le putschiste auto-proclamé président reçoit le suffrage de la rue après avoir fait accepter son  » fait accompli  » par la communauté internationale.

De l’avis de nombreux témoins, même le renversement de l’empereur Jean-Bedel Bokassa, en 1979, n’avait pas occasionné une manifestation d’une telle ampleur dans la capitale centrafricaine. Plus de 100 000 personnes se sont massées dans les rues de Bangui, vendredi, pour exprimer leur soutien au général François Bozizé. Auteur du coup d’Etat perpétré le 15 mars dernier contre le président Ange-Félix patassé, le chef militaire avait rapidement imposé son  » fait accompli  » à la communauté internationale. Moins de deux semaines plus tard, le succès de la manifestation appelée par une quinzaine de partis politiques et d’associations constitue une victoire nationale indéniable pour le putschiste auto-proclamé président de la République.

 » Le vrai changement « 

Le nouvel homme fort du régime centrafricain a lui-même conclu l’événement en s’adressant brièvement, en sango, la langue nationale, aux 100 000 personnes présentes au terme de la manifestation. Dans un vacarme indescriptible, selon les journalistes de l’AFP, le général Bozizé a fait sa première déclaration publique depuis son discours à la nation du 16 mars dernier.  » La communauté internationale peut maintenant savoir qu’en RCA (République de Centrafrique, ndlr), la population est unanime à vouloir le changement « , a t-il déclaré.  » Le pays était tombé par terre. Le jeu démocratique n’était pas respecté. Maintenant, le vrai changement est là.  »

Les opposants avec Bozizé

 » Il y aura beaucoup à faire, a-t-il poursuivi. Et c’est pourquoi j’ai décidé de confier le poste de Premier ministre à un homme d’expérience, un homme honnête, que personne ne peut tromper et qui est intègre… le Pr Abel Goumba.  » L’aura de cet éternel opposant ne sera pas la seule à rejaillir sur le nouveau régime. Charles Massi, ancien ministre du président Patassé, passé dans l’opposition, est attendu ce week-end à Bangui.  » Je dois rentrer dans mon pays pour apporter ma contribution aux nouvelles autorités en vue de la reconstruction de la Centrafrique « , a-t-il expliqué. Mercredi, le Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies (UNHCR) a annoncé que 5 000 réfugiés centrafricains qui ont fui leur pays en mai 2001, lors de la tentative de coup d’Etat imputé à l’ex-président André Kolingba, ont émis le souhait de rentrer.

Poursuites en justice

Seule voix discordante, le président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Me Sidiki Kaba, a déclaré mercredi que son organisation n’écartait pas l’éventualité de porter plainte contre le général Bozizé. De nombreux témoignages font état de crimes commis par des bandes armées lors de la prise de Bangui, le 15 mars dernier. Plus nuancé, le président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme (LCDH), Me Nicolas Tiangaye, a appelé à un  » retour rapide à une vie constitutionnelle normale dans le respect des droits humains « . Auparavant, comme la quasi-totalité des acteurs de la société centrafricaine, le président de la LCDH avait diplomatiquement prit  » acte de la situation « .

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