Ne condamnez pas l’excision


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non a l'excision
non a l'excision

Halte à la barbarie. Non à l’amputation de la féminité. A bas les mutilations génitales. Ils sont nombreux en Afrique et en Occident à s’être emparés de l’excision pour la clouer au pilori sans autre forme de procès. Certes, l’ablation du clitoris ou, pire, des grandes et petites lèvres du vagin ainsi que la couture d’une partie du sexe (infibulation) semblent spontanément être des pratiques cruelles et inhumaines. Beaucoup condamnent l’excision sans même se donner la peine de comprendre, d’autre en font même leur fonds de commerce. Mais ne faut-il pas voir plus loin que le bout de son nez ?

Car à parler de mutilations génitales tout le monde se précipite sur l’excision qu’on s’empresse de fustiger. Mais la circoncision n’est-elle pas elle aussi, à proprement parler, une mutilation génitale ? Clitoris contre prépuce, l’affaire n’a pas l’air d’émouvoir grand monde. Les mutilations génitales sont une chasse gardée féminine. Or un homme circoncis après avoir déjà entamé sa vie sexuelle pourra témoigner du préjudice sensoriel causé par une pratique souvent qualifiée  » de plus hygiénique « .

A bien des égards, le combat contre l’excision témoigne également d’un fulgurant choc des cultures. Comment expliquer à une vieille exciseuse du Mali, dont les compétences ont été transmises par sa mère qui les tenait de sa mère, que son activité est aujourd’hui un crime ? Il est des pratiques qui peuvent nous paraître, avec une vision occidentale, pour le moins sauvages, mais qui s’inscrivent en d’autres lieux comme un rite banal. La question est uniquement d’ordre culturel. Et, toutes proportions gardées, vous trouverez plus d’un Africain scandalisé de voir que beaucoup d’occidentaux n’hésitent pas à se débarrasser de leurs propres parents, une fois qu’ils sont devenus vieux, pour les placer à l’hospice. Et les laisser mourir seuls, loin de ceux qu’ils ont élevés et nourris.

La question n’est pas d’être pour ou contre l’excision, ni pour ou contre l’hospice. Il s’agit de faire preuve de plus de distance dans son approche du problème. Et de ne pas se laisser happer par la facilité d’un jugement manichéen, dicté par un ethnocentrisme endogène. De tous les propos que nous avons déjà lus ou entendus sur le sujet, très peu donnent la parole aux acteurs de l’excision. Alors qu’ils nous aideraient sans doute à mieux comprendre l’importance et la place de cette pratique au sein d’autres sociétés. Et nous inciterait à une plus grande humilité culturelle. Reste à espérer une évolution positive des mentalités et une prise de conscience collective pour le respect de l’intégrité physique de la personne.

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