Les exciseuses guinéennes déposent leurs couteaux


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Excision
Excision (illustration)

Le gouvernement guinéen veut endiguer l’excision. Un phénomène qui concerne 98 % des Guinéennes. L’Etat met en place un programme de lutte contre les mutilations génitales féminines. Interview de la Ministre de la promotion féminine, Mariama Aribot.

98% des Guinéennes sont excisées. Une pratique  » largement, largement répandue au niveau de toutes les religions et catégories sociales « , s’exclame Mariama Aribot Ministre des affaires sociales, de la promotion féminine et de l’enfance. Le gouvernement guinéen persévère dans sa lutte contre les mutilations génitales féminines depuis 1984. Les Guinéens prennent conscience, pas à pas, des méfaits de cette tradition. Mariama Aribot fait le point sur la pratique de l’excision en Guinée.

Afrik.com : Que fait réellement le gouvernement guinéen contre l’excision ?

Mariama Aribot : Le gouvernement lutte contre les pratiques traditionnelles, depuis seize ans. Il a mis en place une cellule pour attirer l’attention sur les méfaits des mutilations génitales féminines. Il a aussi lancé de multiples campagnes de sensibilisation auprès des familles qui mutilaient leur fille en informant des risques encourus pour la santé, la reproduction et la propagation du sida. Depuis juillet 2000, une loi a été mise en place sur la santé reproductive qui pénalise les personnes qui pratiquent l’excision.

Afrik.com : Quels sont les résultats actuellement ?

Mariama Aribot : Aujourd’hui, de nombreuses exciseuses des zones rurales ont déposé leurs couteaux. Ce phénomène fait tâche d’huile au niveau de la capitale. Par exemple, à Conakry, deux cent exciseuses ont arrêté leur activité. Les sages femmes qui pratiquent sous anesthésie ont fait de même.

Afrik.com : Quel est le sort de ces exciseuses ?

Mariama Aribot : Nous les prenons en charge. Des projets de reconversion sont en cours d’exécution. Nous voulons que ces femmes, exerçant une activité lucrative, se réinsèrent rapidement. Nous avons mis en place des projets avec l’aide des bailleurs de fonds. Le centre d’appui à l’auto promotion de la femme va leur apprendre à fabriquer du savon, le maraîchage, la couture, la peinture et les alphabétiser. Elles repartiront avec un petit crédit et des outillages afin qu’elles se gèrent en petits groupements.

Afrik.com : Et le sort pénal des exciseuses ?

Mariama Aribot : Nous n’en avons encore arrêté aucune. Nous préférons lancer des campagnes de sensibilisation et faire du porte à porte. Cependant, le code pénal fait mention de condamnation capitale à la suite d’ablation si mort s’ensuit. Autrement cette expression peut les faire reculer d’elle-même  » La sagesse s’arrête à la porte du gendarme « .

Afrik.com : Quel est le statut de la Guinéenne aujourd’hui ?

Mariama Aribot : C’est le même que l’homme sur le plan juridique. Mais dans la réalité, c’est tout autre chose, le fossé est immense. La subordination de la femme est le premier problème à combattre. Notre objectif est d’élever son statut pour qu’elles accèdent à des postes de responsabilité et qu’elles volent de leurs propres ailes. Les femmes sont majoritaires à 52% dans ce pays, elles doivent s’émanciper.

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