Sénégal : les députés suppriment le Sénat et la vice-présidence


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Pendant deux jours, les députés sénégalais se sont penchés et ont adopté la suppression du Sénat, de la vice-présidence de la République et la réforme du Conseil économique et social (CES). Dans une période de crise, ces institutions ont été jugées très et trop coûteuses.

(De notre correspondant)

Chose promise chose due, le président de la République Macky Sall, a proposé mardi à l’Assemblée nationale une procédure d’urgence d’un projet de loi modifiant la Constitution. Cette loi supprimerait le Sénat ainsi que la vice-présidence de la République. Les députés, appartenant en majorité à la mouvance présidentielle, ont voté à l’unanimité ce projet de loi. Le Conseil économique et social (CES) est également supprimé et remplacé par un Conseil économique, social et environnemental.

Le ministre de la Justice, Aminata Touré, parle d’une épine enlevée du pied au budget national : « au moment où beaucoup de nos concitoyens sont victimes des inondations et vivent dans des écoles et des abris de fortune, cela aurait été indécent pour le gouvernement de poursuivre comme si la vie suivait son cours normal », a-t-elle justifié. Elle rappelle l’urgence de supprimer ces institutions jugées « impopulaires ». « Le Sénat était une institution qui ne faisait pas l’unanimité. Elle coutait à l’état 7 milliards de FCFA (presque 11 millions d’euros, ndlr) qui seront désormais économisés et serviront aux urgences », a-t-elle précisé.

L’opposition parle d’un règlement de compte

Modou Diagne Fada, président du groupe parlementaire Libéral et démocrate, considère le motif avancé comme fallacieux. Selon lui, « tout le monde sait que les élection sénatoriales allaient sonner le retour du parti démocratique sénégalais (PDS) dans tout le pays. Tout le monde savait que beaucoup de départements étaient perdus par la coalition au pouvoir. Les membres de la coalition étaient frustrés du fait de la boulimie électorale de Bokk Yaakaar. Ceux-ci n’ont même pas hésité à tricher pour compléter sept département où ils étaient forclos ». M. Diagne affirme par ailleurs que derrière la volonté du Chef de l’Etat Macky Sall de supprimer le Sénat, se cache une volonté de régler des problèmes politiques : « Macky Sall allait proposer la dissolution du Sénat. La République de Macky Sall apparait peu à peu comme la République de « Y’en a marre » et de son avatar, le 23 juin. Il suffit que ces gens toussent et menacent pour que Macky Sall recule. Notre République est prise en otage, et notre démocratie est une démocratie de la couardise politique », a soutenu le coordonnateur national du PDS.

Le Sénat qui compte cent membres a été mis en place une première fois au Sénégal, le 24 janvier 1999, sous le régime socialiste du président Abdou Diouf. Les élections pour son renouvellement ont été convoquées ce 16 septembre. Mais le président sénégalais Macky Sall de retour de ses vacances écourtées en Afrique du Sud, avait proposé la suppression du Sénat au mois d’août voulant réaffecter les crédits alloués au Sénat pour venir en aide aux sinistrés des inondations.

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