La formation virtuelle au Mali, une aubaine pour les professionnels


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Les « e-formations », ou formations virtuelles, sont très en vogue à l’heure actuelle dans différentes parties du monde, y compris au Mali. Différents projets de « e-formations » ont vu le jour dans le pays. Il concerne aussi bien les jeunes qui utilisent ces supports technologiques à des fins pédagogiques que les adultes qui perfectionnent leurs formations ou mettent à jour leurs connaissances.

(De notre correspondant)

Malick Coulibaly est l’un de ces hommes qui comptent dans cette importante entreprise de la place. A la tête du département des finances depuis 2005, ce cadre d’une quarantaine d’années fait partie d’une génération de jeunes technocrates maliens qui ont obtenu des diplômes étrangers grâce aux formations à distance. « Mon rêve est devenu réalité. L’e-formation m’a permis d’obtenir un master 2 en gestion. Cela en restant sur place à Bamako », se réjouit Malick. En effet, depuis quelques années, de nombreuses personnes font l’apogée de l’e-formation dans les pays en développement. « C’est un bon moyen pour enrayer la fuite des cerveaux tout en conservant au sein du pays une intelligentsia éclairée », note Sory Traoré, un juriste malien qui suit actuellement des cours à distance en droit comparé.

L’enseignement à distance, supporté par le multimédia et les nouvelles technologies, améliore la qualité de la formation supérieure par la mise à disposition d’un matériel de cours plus clair et plus adéquat, souvent sous forme écrite, ainsi que l’accès aux bibliothèques virtuelles comportant de nombreuses ressources bibliographiques et documentaires.

Au Mali, c’est l’agence universitaire de la francophonie (AUF) qui est la pionnière dans la formation à distance. « C’est en 2003 que ce programme a été introduit dans notre pays avec seulement deux étudiants. Mais aujourd’hui, une soixantaine d’apprenants, des professionnels pour la plupart, suivent des cours dans notre institut grâce à Skype et à la vidéo conférence », souligne Siriman Kéita, responsable de la formation au campus numérique de Bamako.
Pour cela, l’AUF dispose d’une connexion Internet à haut débit et de plusieurs ordinateurs ce qui permet aux étudiants de suivre les cours sans contraintes majeures. Des cours dont les coûts dépendent du niveau de la formation et de l’établissement. « Pour une licence en commerce de l’université privée d’Oujda au Maroc, un étudiant doit débourser environ 1800 euros », souligne le responsable.

Réduire le fossé numérique

Le campus numérique de Bamako se veut « un instrument de technologie de pointe pour contribuer aux moyens de formations de haut niveau, à réduire le fossé numérique entre les pays développés et les pays en voie de développement », ambitionne Siriman Kéita.

Ses cibles sont diverses : décideurs politiques et économiques du Mali, cadres des administrations publiques ou privées, journalistes, professeurs, étudiants ainsi que les jeunes chefs d’entreprise. Les formations qui leur sont proposées vont de l’initiation aux NTIC au renforcement des capacités professionnelles, en passant par des séminaires de lutte contre la pauvreté, de gestion des marchés publics, etc.

Ainsi, le Campus permet à ces personnes d’avoir des diplômes des universités européennes tout en étant à Bamako. « La formation à distance répond à la nouvelle politique d’immigration de la France et aux attentes des étudiants. Les cours dispensés sont de bonnes qualités et la formations qu’on reçoit répond au mieux aux attentes du marché de l’emploi », constate Malick Coulibaly.

Un coût financier élevé

Plusieurs étudiants dénoncent toutefois le coût élevé de ces formations à distance. « Certains pensent que la formation à distance est chère. Mais c’est la moitié de ce qu’un Français paie », note Moussa Koné, un étudiant. Les employeurs contribuent très peu au financement de ce genre de formation, même s’ils en récoltent les bénéfices. Pour financer ces études, les étudiants dépensent leurs économies et d’autres trouvent un soutien financier de leur famille.

Tout le monde n’a pas la chance de s’inscrire à de telles formations en raison de leurs coûts. Cet aspect est particulièrement contraignant dans un pays en développement où les salaires d’une grande partie de la population sont extrêmement bas. C’est pourquoi certains organismes octroient des bourses pour réduire les coûts, même si la part à la charge de l’étudiant demeure conséquente.

« Pour faire face à ces frais, l’agence universitaire octroie des subventions aux meilleurs élèves. Ainsi notre structure prend 2/3 des dépenses. Les 1/3 reviennent à l’étudiant », souligne Siriman Keita du campus numérique de Bamako.

Des formations très exigeantes

Il est difficile de trouver le temps pour mener une formation parallèlement à un emploi à plein temps. « L’organisation est complexe. Il est généralement impossible de prévoir un temps de formation durant la journée de travail, au cours de laquelle le professionnel doit être disponible pour les besoins de son activité. Les formations sont exigeantes et la charge de travail est importante », note Moussa Koné. Il y a généralement beaucoup de travaux et d’exercices à rendre, de recherches personnelles à effectuer et d’examens à passer, en plus de la matière à apprendre.

Un manque de pratique

Une autre limite de l’e-formation fréquemment abordée est le manque de pratique au sein de certaines filières. Elle concerne surtout les apprenants qui ne disposent d’aucune occupation professionnelle en parallèle au domaine d’étude. « Il serait intéressant, pour les étudiants ne bénéficiant pas d’occupation professionnelle liée au domaine d’étude, qu’un stage soit par exemple compris dans la formation, afin de leur permettre de se familiariser avec les aspects pratiques de la discipline », conseille un professeur de l’université de Bamako qui abrite l’unique campus numérique du Mali.

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