Algérie : La tauromachie de retour à Oran ?


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La Wali d’Oran, Abdelmalek Boudiaf, entend relancer les spectacles de tauromachie aux arènes de Haï Mahieddine, à l’ouest de la ville. Un spectacle pourrait avoir lieu avant la fin de l’année, selon la presse algérienne. Une décision qui a provoqué le courroux des associations de lutte pour la défense des animaux.

Voilà quelques jours que la colère monte au sein des associations algériennes de lutte pour la protection animale. Et pour cause, le Wali d’Oran, Abdelmalek Boudiaf, a annoncé qu’un spectacle de tauromachie aura lieu avant fin 2011 aux arènes de Haï Mahieddine, à la fin des travaux de réhabilitation. Des toréaodors d’Espagne et de Camargue devraient s’y produire. Les arènes d’Oran, bijou d’architecture, ont été construites au début du XXe siècle. Des matadors venus des quatre coins du monde s’y sont produits jusqu’en 1954, où un dernier grand spectacle de tauromachie a été organisé. Les arènes ont par ailleurs accueilli des galas de musique et des combats de boxe. En 1990, l’espace a été transformé en siège de l’Office communal des sports et a également abrité des meetings politiques ou encore des manifestations commerciales.

Bien que les origines exactes de la tauromachie restent vagues, l’épanouissement de ce spectacle fut réservé à l’Amérique latine, l’Espagne et le Sud de la France. Des partisans de l’association algérienne El Rifk s’insurgent de cette décision alors même qu’en Espagne, bastion de la corrida, la région de la Catalogne a récemment fait voter une loi visant à interdire les spectacles de tauromachie dès 2012. A en croire la presse algérienne, le dossier d’organisation semble ficelé. Le Wali d’Oran a déclaré, selon l’APS, que cette démarche devrait servir à « impulser » le secteur du tourisme à travers le « rapprochement des cultures et ce, par la valorisation du patrimoine historique culturel et cultuel, ainsi que la promotion des cultures du monde. »

Joint par Afrik.com, le siège de la Wilaya d’Oran affirme ne pas avoir de date précise quant à la tenue de cet évènement. L’administration déclare même n’avoir encore rien confirmé. « Rien n’est encore officiel, ce n’est pour le moment qu’un simple projet, a précisé le service presse de la Wilaya avant d’ajouter que « de toute manière aucune autorisation n’a pour le moment été signée. »

« La torture des animaux n’est pas une tradition algérienne »

Les membres de l’association El Rifk s’étonnent d’une telle décision prise dans un pays où, selon eux, les spectacles de tauromachie n’ont absolument pas leur place. Une sympathisante de l’association a lancé une pétition sur Internet pour empêcher le déroulement de ce spectacle. Celle-ci a pour le moment rassemblée près de 1100 signatures. L’Algérie étant un pays musulman, l’auteur de la pétition compte bien utiliser la religion pour justifier son mécontentement. Elle reprend pour cela une déclaration faite par le prophète Mohammad : « une bonne action faite à une bête équivaut à une action faite à un être humain, et un acte de cruauté envers une bête est aussi mauvaise qu’un acte semblable à un être humain. » En agissant ainsi, la sympathisante espère sensibiliser une grande partie des Algériens. D’après elle, « le sang et la torture des animaux n’a jamais été ni une tradition musulmane ni une culture algérienne des temps modernes. » Mais au-delà du domaine théologique, elle rappelle l’article 449 du Code pénal qui puni toute personne susceptible d’exercer de mauvais traitements envers un animal domestique ou tenu en captivité.

Dans un de ses articles, le quotidien Algérie-Focus, qui fait allusion à un massacre de taureaux en public, suggère au wali d’Oran d’y organiser des spectacles équestres ou de flamenco plutôt qu’une tauromachie. Mais tous ne sont pas du même avis. Beaucoup d’Oranais seraient ravis d’assister de nouveau aux corridas. Liberté-Algérie a émis, dans l’un de ses papiers, un avis positif quant aux retour des spectacles de tauromachie. « Qui sait, peut-être que l’ère de la temporada, soit la saison des corridas, reviendra chaque printemps comme au bon vieux temps et ceci boostera, sans aucun doute, le tourisme à Oran », écrit-il.

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