Les politiques forestières africaines ont été couronnées les meilleures du monde


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la gouvernance en Afrique a reçu des louanges au siège de l’ONU à New York aujourd’hui, lorsque les lauréats du Prix 2011 de la Politique du Futur ont été annoncés: la politique forestière nationale du Rwanda a été proclamée lauréate du Prix 2011 de la politique du futur et la Politique forestière communautaire de la Gambie a remporté une médaille d’argent. Le prix est décerné annuellement par le World Future Council, une fondation qui met les intérêts des générations futures au coeur des décisions politiques. Le jury qui a décidé sur les politiques gagnantes était composé d’experts sur la durabilité et les forêts des cinq continents. Les politiques forestières du Bhoutan, du Népal et de la Suisse figuraient parmi les finalistes. L’amendement apporté (US Lacey Act) à la loi Lacey américaine en 2008, qui interdit l’importation du bois récolté illégalement, a reçu la deuxième médaille d’argent.

«Le Rwanda n’a pas seulement cherché à faire de ses forêts une priorité nationale, mais il les a également utilisé comme plate-forme pour transformer radicalement ses positions sur les droits des femmes et créer un environnement sain», explique Mme Wangari Maathai, fondatrice du Green Belt Movement, lauréate du Prix Nobel de la Paix et conseiller honoraire du World Future. Le Département des forêts de la Gambie a été une des premières administrations d’Afrique à instaurer une approche de gestion communautaire des forêts. Il a réussi à obtenir une augmentation de la superficie nette des forêts de 8,5 pour cent au cours des deux dernières décennies et est maintenant récompensé.

«Le jury a voté pour deux politiques africaines qui donnent aux communautés les moyens de s’assumer», explique Alexandra Wandel, Directeur du World Future Council. «Les politiques africaines sont des politiques gagnantes parce qu’elles reconnaissent que l’environnement, l’économie et l’autonomisation sont fortement interconnectés.» Les experts disent que le transfert de propriété des terres et des ressources aux communautés locales est un moyen de sortir de la tragédie des biens communs, et des effets d’entraînement positifs peuvent permettre aux populations locales africaines de s’assumer dans leur vie de tous les jours.

Aujourd’hui, les moyens de subsistance de 1,6 milliard de personnes à travers le monde dépendent des forêts. La déforestation, le changement climatique, la destruction des écosystèmes, les crises alimentaires et de l’eau et la tourmente financière sont des problèmes qui appellent une intervention réglementaire courageuse.

Malgré les pressions démographiques et foncières qui continuent d’exister, le Rwanda est l’un des trois seuls pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest à avoir atteint un renversement majeur de la tendance de déclin de la couverture forestière. Sa politique forestière nationale, avec l’ambition de faire de ses forêts un des piliers de l’économie et de l’équilibre écologique national, a été mise en oeuvre en 2004 et remise à jour en 2010. Le gouvernement est actuellement en train de mettre en oeuvre une stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté qui considère l’inversion de la déforestation comme un facteur crucial dans la réduction de la pauvreté, et a fixé l’objectif d’augmenter la couverture forestière du pays de 30 pour cent d’ici à 2020. La couverture forestière a déjà augmenté de 37 pour cent depuis 1990.

Les principes directeurs de la Politique forestière nationale couvrent de nombreux aspects et sont d’une grande portée, depuis le développement de l’agroforesterie et la gestion durable des forêts à la protection des espèces végétales menacées et fragiles des zones écologiques. Elle a pour priorité d’impliquer toutes les parties prenantes dans la mise en oeuvre de la politique, y compris les établissements publics, les sociétés civiles, les opérateurs privés, les associations de jeunes et de femmes. Le peuple rwandais bénéficie de la restauration des forêts grâce à une meilleure sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté. Cela est dû au rôle que jouent les forêts dans la prévention de la dégradation des sols et la protection des bassins versants : des conditions préalables importantes pour l’amélioration de la productivité agricole et la durabilité.

La politique forestière communautaire de la Gambie a remporté la médaille d’argent lors de la cérémonie du Prix de la politique du futur 2011 comme l’une des politiques forestières mondiales les plus stimulantes et novatrices. La politique de 1995 visait à parvenir à une gestion forestière étant à la fois durable et socialement équitable, en reconnaissant les droits des communautés locales d’accéder à des terres forestières et de bénéficier de la gestion de leurs propres ressources.

De cette façon, la population rurale a pu jouer un rôle clé dans le développement local et la réduction de la pauvreté, tout en diminuant la dégradation des forêts grâce à l’intervention du public dans la prévention des incendies et la protection des forêts. D’autres objectifs politiques spécifiques comprennent le maintien du couvert forestier d’au moins 30 pour cent de la superficie totale et d’assurer que 75 pour cent de cette forêt est gérée et protégée par les communautés. Plus de 350 villages à travers le pays participent maintenant à la foresterie communautaire, détenant plus de 29 000 hectares de terres et assurent la gestion de 12 pour cent des forêts du pays. Bien que l’un des pays les plus pauvres du monde avec une population en croissance rapide, la Gambie a réussi à obtenir une nette augmentation du couvert forestier de 8,5 pour cent au cours des deux dernières décennies. Tant l’abattage illégal que les incendies de forêts ont été réduits dans les zones gérées par la communauté et de nouveaux marchés pour les produits forestiers ont vu le jour. Cela génère des flux de revenus, en particulier pour les femmes, et développe des capacités organisationnelles ainsi que des compétences et la compréhension du marché.

La gestion communautaire des forêts peut se révéler avantageuse pour la justice sociale et l’égalité. L’engagement public dans la planification et l’exécution conduit à des prises de décision locales et décentralisées et favorise l’auto-gouvernance. Les droits des communautés locales sont renforcés. Ces gains communautaires en termes de réduction de la pauvreté, de l’autonomisation des femmes et de la décision publique peuvent déborder dans d’autres sphères de la société et contribuer au développement.

Alors que la gestion des forêts communautaires en Afrique n’est pas une garantie d’amélioration de la gouvernance locale ou un raccourci vers la transparence institutionnelle au niveau national, elle s’est avérée, comme le souligne le Prix de la politique du futur 2011, capable d’apporter des bénéfices trop importants pour les ignorer. «Des solutions politiques exemplaires existent. Le Prix de la politique du futur célèbre les meilleures d’entre elles. Le but du Prix est de sensibiliser l’opinion mondiale à ces politiques et d’accélérer l’action politique », explique Alexandra Wandel, Directeur du World Future Council.
Les partenaires du Conseil pour l’avenir du monde pour le Prix cette année sont les secrétariats du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) et la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies (FAO) et le Forest Stewardship Council (FSC).

Pour plus d’informations sur les partenaires du Prix de la politique du future 2011, voir

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