L’affaire Bourgi vue d’Afrique


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Robert Bourgi
Robert Bourgi

L’affaire Bourgi fait des vagues, en Afrique comme en France. Ceux qui démentent et ceux qui confirment sont aussi nombreux les uns que les autres. Et il y a ceux qui n’apparaissent pas comme Paul Biya ou Ali Bongo. Tour d’horizon du continent.

Confirmation : Le Zaïre de Mobutu

RFI a interrogé les anciens proches du Maréchal Mobutu qui, d’après Robert Bourgi, aurait remis 10 millions de francs à Jacques Chirac et Dominique de Villepin pour la campagne présidentielle de 1995. Les personnes interrogées ne nient pas ce versement, mais trouvent l’attitude de Bourgi très cavalière : « C’est indécent, quand on vous donne un coup de main pour une campagne électorale, on ne balance pas après. Et ce Monsieur Bourgi, il n’a pas dû faire cela gratuitement ».

Démenti : Le Burkina Faso de Blaise Compaoré

Les autorités burkinabées ont démenti formellement avoir financé la campagne électorale de Jacques Chirac en 2002 en qualifiant ces révélations de « grotesques « . Et ce d’autant plus que Robert Bourgi ne leur donne pas le beau rôle en racontant une histoire rocambolesque ou le ministre de l’agriculture de l’époque, Salif Diallo, auraient amené les trois millions de dollars en petites coupures cachées dans des Djembés pour traverser la cour de l’Élysée.

Confirmation : La Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo

Mamadou Koulibaly, ancien numéro deux du régime du président déchu Laurent Gbagbo et actuel Président de l’Assemblée Nationale ivoirienne a confirmé les révélations « Robert Bourgi a parfaitement raison il y a eu un transfert d’argent entre Laurent Gbagbo et Jacques Chirac, en 2002 », a-t-il déclaré, faisant état « d’environ deux milliards de francs CFA (environ trois millions d’euros) transportés d’Abidjan vers Paris par valise ». Mamadou Koulibaly en profite pour expliquer qu’il était contre ce versement, mais que Laurent Gbagbo n’a malheureusement pas tenu compte de son avis. Une façon aussi de descendre encore plus l’ancien président pour récupérer le leadership du parti.

Démenti : Congo-Brazzaville : Denis Sassou Nguesso

Dénonçant les relents de colonialisme , le porte-parole du gouvernement du Congo Brazzaville a déclaré qu’il s’agissait là d’une affaire franco-française et que le Congo n’avait rien à y faire. Cependant, pour Ange-Edouard Poungui, représentant de l’opposition, il faut l’ouverture d’une enquête avec une coopération entre la France et le Congo pour découvrir la vérité. Car si cet argent a bien été versé, il s’agit d’argent appartenant au Congo a-t-il déclaré sur RFI.

Confirmation et démenti : Gabon : Omar et Ali Bongo

Pour Ali Bongo, les choses sont simples : «Notre présidence date de 2009, on répond des faits à partir de là». Une réponse qui a le mérite de ne pas tenter de nier le financement de l’ensemble des partis politiques français par son père, Omar Bongo, qui se glorifiait non sans raison d’être un fin connaisseur de la politique française et qui avait un pouvoir allant jusqu’à la nomination ou la révocation des ministres français (voir sur ce sujet le documentaire Françafrique de Patrick Benquet) et l’article France-Gabon : quels intérêts Robert Bourgi sert-il ?). Mais une chose est importante à noter, Ali Bongo était encore, aux dernières nouvelles, le patron de Robert Bourgi. Ses révélations ont peut être mis fin à leur collaboration, et il semblerait qu’ils aient eu un conflit à la suite du récent déjeunerr organisé par Ali Bongo avec Villepin et Alexandre Djouhri. Le cas du Gabon est sans doute le plus troublant et peut encore réserver des surprises.

Sénégal : Abdoulaye et Karim Wade

C’est sans doute le cas le plus personnel, les relations entre la famille Wade et Robert Bourgi s’étant récemment fortement dégradées après les récentes émeutes au Sénégal, lorsque Robert Bourgi a ridiculisé Karim Wade en révélant qu’il avait reçu son appel paniqué au milieu de la nuit pour l’appeler à l’aide (lire brève d’afrik du 6 juillet 2011). Cette première révélation sonnait comme le lâchage par la France de la famille Wade. Sur le transport de mallettes d’argent, une nouvelle fois c’est Karim Wade qui est aux premières loges. Présenté comme le « porteur de valise », il aurait remis un million de dollars à Dominique de Villepin. Karim Wade récuse bien entendu ces accusations rapporte RFI :  » Je jure sur mon honneur, écrit le fils du président sénégalais, n’avoir à aucun moment, ni directement, ni indirectement, donné la moindre somme d’argent à un homme politique français » et le fils du président sénégalais annonce qu’il va porter plainte. L’opposition sénégalaise par contre souhaite en savoir plus et demande des éclaircissements sur cette affaire, une de plus, qui éclabousse la famille régnante.

Enfin, la grande surprise des déclarations de Robert Bourgi est l’absence de mention du Cameroun de Paul Biya. Faut-il y voir le fait que Bourgi n’était pas impliqué dans les circuits de financement venant du Cameroun ou y aurait-il une autre raison plus subtile qui nous échappe ?


Le porte parole du président sénégalais demande… par afriktv

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