Climat de guerre civile en Côte d’Ivoire


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Des tirs à l’arme lourde ont retentit lundi matin dans le quartier de Yopougon, le fief de Laurent Gbagbo à Abidjan. Dimanche, les Forces nouvelles alliées à Alassane Ouattara ont pris la ville de Doké, à l’ouest du pays. Elles envisagent d’atteindre la ville stratégique de San Pedro qui est le plus grand d’exportation du cacao au monde. L’Union africaine a exhorté Laurent Gbagbo a quitté le pouvoir. Mais il ne souhaite pas partir.

Climat de guerre civile en Côte d’Ivoire. Les combats font rage entre les militaires fidèles au président sortant, Laurent Gbagbo, et les Forces nouvelles (FN) alliées à Alassane Ouattara. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus lundi matin dans le quartier de Yopougon, bastion de Laurent Gbagbo, à Abidjan. « On a été réveillés par des tirs à l’arme lourde, suivis de tirs de kalachnikov », a raconté à l’AFP une habitante de la zone. « On ne peut même pas sortir », a-t-elle ajouté. C’est la première fois depuis le début de la crise que des combats se produisent à Yopougon.

Dans la capitale ivoirienne, la situation se détériore chaque jour un peu plus. Appuyées par des blindés et des hélicoptères, les FDS ont lancé samedi une grande offensive à Abobo, fief d’Alassane Ouattara. Près de 600 militaires ont participé à l’assaut pour déloger les insurgés pro-Ouattara présents dans le quartier. Au moins huit personnes auraient été tuées. «Pendant six heures, on a entendu les balles siffler, on a eu la peur de notre vie», a confié à l’AFP un habitant de Cocody, un quartier proche d’Abobo. «Depuis longtemps, on entendait des échos des combats d’Abobo mais cette fois, nous l’avons vécu», a-t-il souligné.

Offensive des Forces nouvelles à l’ouest du pays

A l’ouest du pays, les FN poursuivent leur offensive contre les positions tenues par les forces fidèles à Laurent Gbagbo. Dimanche, elles ont prises la localité de Doké, située entre Toulépleu et Bloléquin. C’est la quatrième ville qui est tombée entre leurs mains, depuis mi-février. « Nos hommes sont actuellement stationnés à Doké », a confirmé un responsable des FN basé à Man. Désormais, la de ville Bloléquin, à une dizaine de kilomètres de Doké est dans leur ligne de mire. Les FN veulent prendre cette ville stratégique, ce qui leur ouvrirait un accès au centre-ouest et au port de San Pedro (sud-ouest), le plus grand port d’exportation de cacao au monde. « Nous nous préparons avec les FDS à défendre Bloléquin » a déclaré à l’AFP, un milicien pro-Gbagbo. Il a décrit les combattants des FN comme étant « bien équipés », dotés « de lance-roquettes et de mitrailleuses».

« Le camp Ouattara parle de tueries aveugles à Abidjan »

Évoquant la situation à Abidjan, le camp Ouattara a parlé de «tueries aveugles de civils innocents». Il s’agit, pour les partisans de celui que la communauté internationale considère comme le vainqueur de la présidentielle du 28 novembre dernier, d’«offensives du désespoir» du gouvernement Gbagbo. Vendredi à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, le panel des chefs d’Etats désignés par l’Union africaine pour trouver des solutions contraignantes à la crise ivoirienne ont confirmé la victoire d’Alassane Ouattara. Ils ont par conséquent invité Laurent Gbagbo à quitter le pays. Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine a de son côté appelé le Conseil Constitutionnel de la Côte d’Ivoire à procéder à l’investiture d’Alassane Ouattara.

Gbagbo rejette les mesures du panel

Le camp Gbagbo a rapidement rejeté cette proposition du panel. Selon Ahoua Don Mello, le porte-parole du président sortant, celui-ci s’adressera bientôt aux Ivoiriens via la RTI, la chaine de télévision publique. « Nous rejetons cette proposition du CPS parce qu’elle ne se repose sur aucun argument qui fonde cette décision », a déclaré dimanche à Abidjan, Pascal Affi N’guessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), qui a représenté laurent Gbagbo à Addis-Abeba.
Il a appelé les ivoiriens à se mobiliser contre une telle mesure.

De son côté, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a appelé à la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits de l’homme dans le pays. L’organisme a entamé lundi l’examen d’un rapport sur la crise ivoirienne, établi par le haut commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay. Ce document conclut « à une détérioration drastique de la situation ». Au moins 400 personnes auraient péri dans des violences depuis le deuxième tour de l’élection présidentielle du 28 novembre.

La sortie de crise semble bien lointaine.

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