Le ramadan, un sacré mois pour les commerçants


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A la veille du Ramadan, les musulmans d’Afrique s’inquiètent du prix des aliments de base. Les commerçants haussent les prix des denrées les plus demandées lors du mois sacré, comme le pain, la viande ou le lait. Les gouvernements des pays concernés tentent de limiter le phénomène.

«En tant que ménagère, je dois toujours faire de la gymnastique au niveau du budget familial pour tenter de m’en sortir », confesse Latéfa, femme au foyer algérienne. Les ménagères font leurs comptes. Les commerçants se frottent les mains. A la veille du ramadan, certaines habitudes ont la vie dure. Cette année encore, les prix des aliments les plus consommés lors du mois sacré ont augmenté. Ainsi au Mali, le prix de l’ail a doublé en l’intervalle d’un mois. En Libye, l’agneau est passé de 12 à 15 dinars le kg (1 dinar = 60 centimes d’euros), le mouton de 11 à 14 dinars et le veau de 7,5 à 10 dinars. « Nous mettons la situation à profit en augmentant nos prix» reconnait Ahmed Diallo, gérant d’un magasin du marché de Williamsville à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Les gouvernements tentent d’enrayer le phénomène en promettant des amendes aux commerçants indélicats mais il est impossible de surveiller tous les commerces et marchés des pays musulmans. De plus, l’argent de la spéculation rembourse les amendes encourues. Dès lors, la solution la plus efficace consiste à importer en masse les produits les plus demandés comme le pain, la viande, les féculents, le lait ou le sucre.

Importer pour limiter la hausse des prix

En Mauritanie, le gouvernement a pris dimanche dernier des mesures face à l’importante hausse des prix pré-ramadan, en particulier la mise à disposition de plus de 400 tonnes de sucre dans tous les quartiers de Nouakchott. D’autres produits comme l’huile, le blé, les laits en poudre et en boîte, seront également soutenus par le gouvernement pour maintenir les prix à un niveau abordable durant le mois de jeûne. Ces mesures viennent en complément d’une opération lancée par le ministère des Affaires islamiques qui a convoyé pour une valeur de près d’un million d’euros 610 tonnes de riz, 194 tonnes de lait en boîte et 500 tonnes de sucre dans 3 465 mosquées du pays. Cette aide sera distribuée à la fin du jeûne quotidien lorsque les fidèles se trouvent généralement à la mosquée.

Le gouvernement malien a quant à lui défini le prix des aliments de grande consommation tels que le riz, le sucre, l’huile et le lait. Mais cette initiative a provoqué l’augmentation des denrées qui ne sont pas concernées : ail, oignons, pomme de terre… L’Algérie avait fait parler d’elle en autorisant l’importation de viande indienne des États musulmans Maharastra et Uttar Pradesh le mois dernier. Moins chère que la viande sud-américaine, la première cargaison de 260 tonnes a passé sans difficulté le 18 juillet la douane avec des certificats d’analyse microbiologique, de qualité, et la certification halal. Le ministère du Commerce a autorisé l’importation de 5 000 tonnes de viande fraîche ovine pour alimenter le marché national durant le ramadan. Plus de 200 tonnes de poisson congelé ont également été importés d’Espagne, de Chine et du Maroc. Mais malgré les efforts des gouvernements, les foyers savent que, comme chaque année, les frais occasionnés par le mois sacré vont être importants. Et juste après l’Aid Fitr [[jour de la fin du ramadan]], il va à nouveau falloir bourse délier pour la rentrée des enfants.

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