Yasmine : islam et blouse blanche


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Dirigeante d’une société de productions de films X et actrice débutante au cinéma, Yasmine revient sur son passé de star du porno et explique à Afrik.com ses choix. Rencontre.

Assise à une table de café, à Paris, Yasmine souffle des volutes de fumée, le regard perdu dans le vide. A côté d’elle, la serveuse s’avance à pas feutrés comme pour ne pas la déranger. « Un verre de Sauvignon, s’il vous plaît », lance-t-elle, en déposant sa cigarette sur le cendrier en face d’elle. Yasmine repousse de ses doigts fins une mèche de cheveux qui taquine son front. Elle essaye d’avoir l’air décontracté. Cintrée dans un imperméable noir, elle a un look de jeune fille sage. Son maquillage est discret. Pas de rouge à lèvres tapageur, ni de vêtements affriolants. Yasmine n’est pas le stéréotype de l’actrice porno.

Une jeune femme comme les autres

« Des fois, des personnes me jugent et m’insultent parce que je fais ce métier. Pourtant je suis une femme équilibrée. Certes, je suis musulmane mais cela ne m’empêche pas d’être une star du X et d’aimer mon travail !» Cette phrase, Yasmine la lance à ses détracteurs quand la pression est trop forte. Pour cette jeune française d’origine marocaine, être actrice dans le porno n’est pas un rêve d’adolescente en mal de sensations fortes. Elevée dans une famille musulmane pratiquante, elle a grandi dans un quartier de la banlieue de Lyon. « J’ai reçu une éducation très stricte. Mes parents ne voulaient pas que je sorte alors je restais travailler à la maison », se souvient-elle. De son enfance et de son adolescence, elle n’en dira pas plus. La pudeur sans doute. A l’âge de18 ans, après son bac, Yasmine quitte le domicile familial. Elle travaille en tant que serveuse pour payer ses études d’infirmière. « A cette époque, je ne sortais pas trop, je n’avais presque pas d’amis. Je restais dans mon coin ».

Blouse blanche et latex noir

Et puis elle fait la rencontre d’Alex, son premier amour et amant. Elle a 23 ans. Le jeune homme lui fait découvrir les clubs libertins, « un univers inconnu ». « Chez moi, on ne parlait pas de sexualité, c’était tabou. La première fois que j’ai eu mes règles, ma mère m’a foutu une claque », confie-t-elle. Pourtant, pour Yasmine, être musulmane et aimer le sexe n’a jamais été antinomique. « Les écrits arabes regorgent de scènes érotiques. Je fais ce que j’aime. Et si je dois rendre des comptes, ce n’est qu’à Dieu ! », se défend-elle. Infirmière en blouse blanche le jour, libertine en tenue sexy la nuit. Une double vie qu’elle dit avoir «complètement assumé» : « Je n’avais pas honte de ce que je faisais. La seule chose qui me bloquait au fond, c’était de sortir avec un garçon alors que je n’étais pas mariée ». Pourtant, Yasmine cache ses activités nocturnes et son amoureux à sa famille. « Ils n’auraient pas compris : problème de religion ».

Star system

Et puis un jour, une annonce dans un magazine: petite production cherche couple pour scènes pornographiques. Yasmine se lance dans l’aventure. Après ce film, les opportunités se multiplient et une chaîne de télévision lui propose de faire un reportage sur elle. « J’ai bien réfléchi avant de dire oui, car je savais que mes parents allaient être au courant », dit-elle en rallumant fébrilement une autre cigarette. Depuis ce jour, Yasmine ne parle plus à sa famille, hormis sa sœur « qu’elle voit de temps en temps ». « Je devais faire un choix, c’est que j’ai fait », explique l’actrice.

Devenue par la suite l’égérie de Marc Dorcell, célèbre producteur, la jeune femme tourne avec les plus grands réalisateurs de films porno et troque sa panoplie d’infirmière contre des sous-vêtements en panthère. Elle joue notamment dans Fuck V.I.P, Cockaine, Yasmine à la prison de femmes et Yasmine, sex for cash. Après une carrière internationale, elle décide d’arrêter en février 2009 pour se consacrer au cinéma traditionnel et créer sa propre maison de production de films X. « Je voulais partir en pleine gloire », commente-t-elle. Elle interprète une femme libérée dans homme perdu de Danielle Arbid et une prostituée dans MR 73 d’Olivier Marshall. « Ces personnages me collent à la peau », lance-t-elle d’un ton amusé. Il est 22 heures, son téléphone sonne. Yasmine s’éclipse, il est l’heure pour elle de rejoindre son fiancé.

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