Mooslym.com veut changer le regard des médias sur l’Islam


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Mooslym
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Righi Billal, jeune créateur, en France, du site généraliste musulman Mooslym, répond à nos questions sur son initiative, le financement du site et le regard occidental sur la culture de l’Islam. Il espère par son site participer à l’émergence d’un véritable web musulman francophone.

Destiné en premier lieu aux Musulmans, Mooslym, lancé il y a quelques semaines à peine, entend traiter une vaste variété de sujets d’actualité, autour du sport, de la santé, du divertissement, mais aussi et surtout de la pratique culturelle et religieuse de l’Islam. Son créateur Righi Billal, 25 ans, a délaissé sa formation technico-commerciale pour se lancer dans l’aventure du web en France. Déjà à l’origine de la plate-forme de blogs muslim-blog.com et du forum de discussion islamuslim.fr, il entend avec Mooslym compléter son offre au sein d’une future société, « My Ummah group ».

Afrik.com : Vous avez créé le site Mooslym. Comment vous est venue cette idée ?

Righi Billal : L’idée de ce projet nous est tout d’abord venue d’une envie de rassembler les Musulmans pour pouvoir mieux exprimer leur voix. Les médias actuels sont souvent critiqués, car ils privilégient une partie de la population. La seconde raison qui nous a motivée est la prégnance particulièrement pénible pour les citoyens concernés de l’islamophobie et du déni d’écoute en France. Nous pouvons constater par exemple que les « musulmans » invités à intervenir dans les médias, en particulier sur les plateaux télévisés, ne nous représentent pas vraiment. Notre site a ainsi pour finalité de donner à tous le droit de s’exprimer librement. Aujourd’hui, Internet est devenu un médium accessible et qui touche un grand public, ce qui nous permet d’agir pour contrer l’image de la presse.

Afrik.com : Quel est le modèle éditorial du site ?

Righi Billal : Mooslym permet à n’importe qui, musulman ou non, de publier une opinion, un point de vue ou une information sous plusieurs formes : articles, photos, dessins ou mêmes vidéos. Ainsi nos membres deviennent journalistes citoyens ! Nous recevons des dizaines de mails de proposition d’articles par jour.

Afrik.com : Quelles sources de financement avez-vous pu trouver pour votre projet ?

Righi Billal : Pour le moment, notre projet est uniquement financé par les revenus publicitaires, qui ne couvrent qu’une infime partie des frais. Cependant, il s’est avéré que le site a eu beaucoup plus d’impact et de succès que nous ne le prévoyions avant sa mise en place. Nous nous attendons à présent à une augmentation rapide de l’activité. Peut-être existe-t-il une véritable attente des internautes pour ce genre de sites communautaires.

Afrik.com : Avez-vous rencontré des résistances à la concrétisation d’une telle idée ?

Righi Billal : Non, bien au contraire ! Nous avons reçu beaucoup de soutiens, en particulier des partenariats et de l’aide pour la réalisation du site. Il faut dire qu’il n’existe actuellement que très peu de grands sites web musulmans.

Afrik.com : Vous avez dit travailler à la création d’une organisation humanitaire en collaboration avec Mooslym. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Righi Billal : En effet nous avons pour projet de mettre en place avec des associations locales une organisation humanitaire dont le partenaire principal sera Mooslym.com. Ce projet est pour le moment en gestation, et il nous faut encore réfléchir avant de préciser ses objectifs précis et de tracer les grands axes de l’organisation.

Afrik.com : Le site est-il selon vous porteur d’une vision politique ? Défend-il par exemple des évolutions dans la reconnaissance de l’Islam, en France comme à l’étranger ?

Righi Billal : Le site n’est pas vraiment porteur d’une vision politique, mais il s’agit plutôt d’avoir une approche critique de la politique française. Effectivement, il y a aujourd’hui beaucoup de divergences au sein de la communauté musulmane où, comme dans chaque communauté, la politique joue un rôle crucial. Nous sommes bien sûr tous différents et pouvons avoir des opinions très diverses sur les questions politiques. C’est pourquoi nous essayons toujours de garder une approche critique. La question de l’évolution dans la reconnaissance de l’Islam, en France comme ailleurs, est encore un sujet tabou et sensible. Nous espérons en tout cas changer des choses avec la mise en place du site Mooslym.

Afrik.com : Quelle serait votre réponse à d’éventuelles accusations de communautarisme quant à votre démarche ?

Righi Billal : Un site communautaire ne privilégie pas forcément le communautarisme. Bien au contraire, si cela peut permettre de rassembler pour mieux discuter, c’est le genre de site qu’il faut privilégier. Il faut bien rappeler aussi que Mooslym n’est pas ouvert uniquement aux musulmans. Toutes les communautés y sont invitées, quelle que soit la religion, le sexe ou l’origine de la personne, du moment que l’éthique de notre site est respectée.

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