Le Maroc, nouvel Hollywood africain ?


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Le Maroc multiplie, depuis quelques années, les actions pour promouvoir son cinéma. Avec une quinzaine de films réalisés par an, le Royaume chérifien talonne, en terme de production, l’Egypte et l’Afrique du sud. Cependant, les spectateurs boudent les salles marocaines. Un problème qui pourrait porter un coup à l’industrie cinématographique.

Le Maroc prend des airs d’Hollywood. L’industrie du cinéma dans le Royaume chérifien est en pleine expansion. Selon les chiffres officiels délivrés par le Centre cinématographique marocain (CCM), une quinzaine de longs métrages et quelque 50 courts métrages seraient produits annuellement dans le pays. Depuis 2008, certains films sélectionnés par une commission indépendante bénéficient d’un fonds de soutien (avances sur recettes), accordé par l’Etat, d’une valeur de 60 millions de dirhams (5,45 millions d’euros), soit deux fois plus qu’en 2004. Cet argent permet au cinéma marocain, en termes de production, d’être au même niveau que la Suisse et la Belgique. Toutefois, l’aide financière ne dépasse pas les 2/3 du budget total d’un film qui, en moyenne, coûte entre 400 000 et 500 000 euros (huit fois moins qu’en France, ndlr). Et les réalisateurs doivent recourir aux chaînes de télévision pour pouvoir compléter leur budget.

Un budget très serré

Même si les films qui sortent en salles ne sont pas des superproductions, le cinéma marocain s’illustre par sa diversité thématique et sa technique. Depuis l’accession au trône de Mohammed VI et la libéralisation progressive du pays, les cinéastes marocains abordent des sujets tabous jusqu’alors. De nombreux thèmes sont abordés : l’actualité, la société, les femmes, la vie de couple. « Les sujets polémiques attirent les spectateurs. En 2009, 600 000 Marocains se sont déjà pressés dans les salles contre 460 000 en 2008 », observe Mohamed Bakrim, le chargé de communication du CCM. Malgré un budget serré, le 7ème art marocain ne fait pas dans le bas de gamme.

Avec cinq studios implantés à Ouarzazate, Casablanca et Marrakech et la création d’écoles de cinéma, le Maroc n’a rien à envier à voisins. De plus, le paysage naturel du royaume chérifien représente un décor idyllique pour les réalisateurs marocains, et aussi étrangers. Pour l’année 2008, le pays « a délivré 1000 autorisations de tournage sur son territoire ». Pour preuve, des grands noms du cinéma comme Ridley Scott ont réalisé des films dans ce pays. Cette déferlante américaine a amené au Maroc 1 million de dirhams (10 millions d’euros) en 2008. Une somme non négligeable que le Royaume chérifien compte bien doubler d’année en année.

Des entrées insuffisantes

Malgré l’essor de l’industrie cinématographique, le cinéma marocain peine encore à attirer les spectateurs. Les 46 festivals dédiés à cet art, chaque année dans le pays, n’ont pas réussi à convaincre les Marocains de se rendre dans les salles de cinéma. L’année 2008 comptabilise « 460 000 entrées soit une recette de 10,6 millions de dirhams (940 000 euros) ». A titre d’exemple, la France[[La France atteint les 65,1 millions d’habitants au 1er janvier 2009 tandis que le Maroc comptait 34,3 millions d’habitants en 2008.]] avec ses 84, 5 millions d’entrées a perçu, la même année, 421 millions d’euros. Même si 2009 s’annonce sous de meilleurs auspices pour le Royaume chérifien, la fermeture des salles reste un problème.

« Le piratage, l’offre cinématographique à domicile plombent le cinéma marocain », note le chargé de communication. Pour Mohamed Bakrim, la seule solution réside dans « la création de multiplexes ». L’Etat, qui ne souhaite pas financer ce projet, essaye néanmoins d’attirer des investisseurs privés. Et, selon lui, les résultats sont probants : « par exemple, les dix écrans à Marrakech et les 14 écrans à Casablanca marchent à 60 % ». Hollywood n’a qu’à bien se tenir, le Maroc n’a pas encore dit son dernier mot.

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