Madagascar : une crise politique sans fin ?


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Manandafy Rakotonirina, le Premier ministre désigné par Marc Ravalomanana, le président malgache évincé en mars dernier, a été arrêté mercredi, à Antanarivo. M. Rakotonirina avait publié, mardi, une liste partielle de son gouvernement « légaliste ». Ces nominations étaient survenues au lendemain de l’arrestation de trois responsables de la sécurité à la Haute cour constitutionnelle du pays par des militaires. Ils sont soupçonnés d’être restés fidèles au président déchu et d’avoir tiré sur des manifestants pour décrédibiliser la haute autorité de la transition (HAT) dirigée par Andry Rajoelina.

La crise politique se perpétue à Madagascar et ne semble guère prête de s’arrêter. Manandafy Rakotonirina, le Premier ministre désigné du président évincé de Madagascar, Marc Ravalomanana, a été arrêté aujourd’hui par des militaires loyaux au nouveau régime, selon l’AFP. Lors dune opération commando dirigée par des officiers impliqués dans le départ de M. Ravalomanana et impliquant une vingtaine de soldats, M. Rakotonirina aurait été trouvé caché dans les toilettes de l’hôtel Carlton où il avait établi son quartier général.

La pression exercée depuis quelques semaines par les partisans de Marc Ravalomanana, sur ses ex-opposants, désormais au pouvoir, était très forte. Mardi, M. Rakotonirina, le Premier ministre désigné par le président déchu, dont les partisans ne cessent de manifester depuis son départ en exil, avait formé son gouvernement « légaliste ». Il est provisoirement constitué de six ministre. Une liste complémentaire de cette équipe gouvernementale devait être publiée ce mercredi.

« Restaurer le fonctionnement de l’Etat »

« Ce sont des techniciens de haut niveau dans leur secteur », a indiqué Manandafy Rakotonirina, lors de la publication de la liste partielle des nouveaux ministres. D’après son porte-parole, Constant Raveloson, cette nomination « donne corps à une réalité tangible d’un gouvernement légal et constitutionnel ». « Si cela maintient la pression sur la Haute autorité de transition (HAT), c’est tant mieux », a-t-il ajouté. Le Premier ministre qui ne dispose d’aucun bureau a admis que son équipe « ne peut pas travailler en dehors des ministères ». Mais « on ne peut pas non plus forcer les portes », a-t-il ajouté. En février, au plus fort de la crise, des ministres nommés par Andry Rajoelina alors chef de l’opposition avaient tenté de déloger les membres du gouvernement de Marc Ravalomanana de leurs ministères. « Il y aura des discussions avec les employés », a indiqué M. Rakotonirina. Selon son tout nouveau ministre des Finances et du Budget, Henri Bernard Razakariasa, « la mission générale du gouvernement est de restaurer le fonctionnement de l’Etat ».

M. Manandafy Rakotonirina, qui avait endossé également la fonction de ministre de la Défense nationale, devait constituer, dès ce mercredi, un cabinet formé d’officiers de l’armée. Cette même armée qui avait abandonné Marc Ravalomanana et confié, en mars, le pouvoir à l’ancien maire de la capitale. Constant Raveloson, le porte-parole du Premier ministre, avait assuré hier qu’une partie de l’armée lui était favorable et que celle-ci allait se manifester. « Il y aura de hauts dirigeants de l’armée pour constituer son cabinet et ensuite ce sera en cascade », a-t-il affirmé.

Trois responsables des forces de l’ordre arrêtés

Pourtant, lundi, des militaires ont investi les locaux de la Haute cour constitutionnelle (HCC) à Antananarivo et interpellé trois membres de la sécurité accusés d’être restés fidèles à l’ancien président Marc Ravalomanana, a rapporté l’AFP. La Haute Autorité de Transition (HAT) accuse quelques membres des forces de l’ordre d’avoir ouvert le feu sur des partisans de Marc Ravalomanana pour décrédibiliser Andry Rajoelina. Plusieurs personnes (au moins quatre) ont été tuées lors des manifestations pro-Ravalomanana qui ont eu lieu la semaine dernière dans la capitale malgache.

Alors que la situation reste tendue sur la Grande île, une délégation de la HAT s’est rendue, lundi, à Addis-Abeba, en Ethiopie, pour des consultations avec la communauté diplomatique, rapporte l’AFP. Il s’agirait d’après un diplomate interrogé par l’Agence France presse, de « faire du lobbying » auprès de l’Union africaine et des différentes ambassades. Andry Rajoelina en disgrâce auprès de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) chercherait donc l’appui de l’Union africaine pour asseoir son pouvoir.

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