La lutte contre le trafic de drogue s’intensifie au Maroc


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Le Maroc, considéré comme le premier producteur de résine de cannabis au monde, multiplie les attaques contre les gros trafiquants de drogue. Dans la nuit de samedi à dimanche, les douaniers du port de Tanger ont saisi plus de trois tonnes de haschisch dissimulées dans camion immatriculé en Espagne. Le mois dernier, l’affaire Nador a défrayé la chronique. Plus d’une centaine de personnes ont été mises en examen, après le démantèlement d’un important réseau de trafic de drogue entre le Maroc, la Belgique et les Pays-Bas via l’Espagne. Depuis 2005, le Royaume chérifien redouble d’efforts pour réduire l’exportation de cannabis.

Les douaniers du port de Tanger, au nord du Maroc, ont saisi, dans la nuit de samedi à dimanche, 3,2 tonnes de haschisch dissimulées dans un chargement de pommes de terre à bord d’un camion immatriculé en Espagne. Le chauffeur du véhicule, de nationalité espagnole, aurait chargé la drogue, d’une valeur de plus de 40 millions de dirhams (3,8 millions d’euros), dans une ferme aux environs d’Agadir (sud). Et il comptait l’acheminer en Espagne via le port d’Algésiras.

Depuis janvier, c’est l’hécatombe chez les trafiquants. Le Maroc a démantelé l’un des plus grands réseaux de trafic international de drogue opérant à partir de la ville de Nador, au nord-est du pays, à destination des pays européens, principalement l’Espagne. Deux nouvelles personnes ont été déférées, lundi, devant le juge d’instruction par la Cour d’Appel de Casablanca, dans le cadre du démantèlement de ce réseau, a indiqué le quotidien marocain Le Matin. Une centaine de personnes aurait déjà été mise en en examen.

Les fonctionnaires soupçonnés

Sur les interpellés, « 29 d’entre eux seraient de la Marine Royale, 17 de la Gendarmerie Royale, 23 des Forces Auxiliaires et un des Forces Armées Royales », a indiqué un communiqué du procureur général du roi à Casablanca. Deux avocats de Nador, dont l’un préside une commune rurale dans la région de Nador et un ressortissant espagnol d’origine marocaine, font également partie des personnes mises en examen. Ils sont poursuivis pour « leur implication présumée dans la constitution d’une bande criminelle, trafic international de drogue, corruption et non dénonciation de délit ».

La chasse aux trafiquants

Les trafiquants présumés ont exporté, à partir de la côte méditerranéenne du Maroc près de 30 tonnes de haschisch vers la Belgique et les Pays-Bas via l’Espagne. Ils auraient utilisé des zodiacs équipés de puissants moteurs hors bord pour acheminer la drogue de l’autre côté du détroit de Gibraltar. Pour le ministre marocain de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, l’enquête a révélé « l’existence de personnes établies sur le territoire espagnol ». « Leur rôle consistait au transport de la drogue », a-t-il déclaré, le vendredi 30 janvier, à l’AFP. Le réseau démantelé était animé par un narcotrafiquant présumé, seulement identifié par les initiales « M.L ». Il « aurait bénéficié de la complicité d’éléments de la Gendarmerie royale, de la marine royale et des forces auxiliaires », selon le ministère.

L’affaire a commencé le 11 janvier dernier. D’après le journal marocain Aujourd’hui le Maroc, les services secrets marocains ont procédé, sur instructions du Parquet, à l’arrestation l’un des barons de la drogue, qui effectuait des expéditions de chira (résine de cannabis) à partir de la région de Nador et à destination des côtes espagnoles.

Maroc : producteur et exportateur

Selon le rapport 2008 de l’Organisation des Nations unies contre le crime et la drogue (UNODC), le Maroc serait le plus grand producteur de résine de cannabis au monde, fournissant les marchés illicites de l’Europe occidentale et de l’Afrique du nord. Son importance en tant que pays source pour la résine de cannabis aurait, cependant, baissé ces dernières années. Pour lutter contre ce fléau, le Maroc, depuis 2005, aurait intensifié ses efforts et renforcé sa coopération avec ses partenaires européens, surtout l’Espagne.

En 2008, environ 110,8 tonnes de haschisch ont été saisies par les douanes marocaines, ainsi que 33,5 kg de cocaïne, 6,2 kg d’héroïne et 43.510 unités de psychotropes, selon le le ministère de l’Intérieur. La valeur marchande de la drogue saisie l’an dernier au Maroc s’élèverait à environ 4 milliards d’euros, selon une source au sein du même ministère. Et l’année précédente, les douaniers avaient battu un record en saisissant 35 tonnes de haschich, soit une hausse de 25,7% par rapport à 2006.

La dernière enquête sur le trafic de cannabis conduite au Maroc a été entreprise conjointement par le Maroc et UNODC. En 2008, le cannabis cultivé dans la région montagneuse du Rif marocain, représentait 60 000 hectares contre 134 000 hectares en 2003, soit une baisse de 55%. Selon une étude officielle du ministère marocain, environ 800.000 Marocains vivraient en grande partie de la culture de cannabis, mais les cultivateurs ne tireraient de ce trafic que 214 millions de dollars par an, contre 12 milliards de dollars de chiffre d’affaires généré par cette production sur le marché mondial.

Si le Maroc a autant intensifié ses efforts en matière de lutte contre le trafic de drogue, c’est qu’elle convoitait sans doute le statut avancé accordé, le 13 octobre 2008, par l’Union européenne. La baisse de la production et de l’exportation du cannabis devant être une des conditions à remplir pour obtenir le fameux sésame…

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