Immigration: la Libye, le nouveau gendarme de l’Europe ?


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Quelque 280 migrants maliens ont été expulsés jeudi de Libye. Nombre d’entre eux, à leur arrivée à Bamako, vendredi, ont exprimé leur colère contre ce pays et affirment avoir été maltraités par les autorités libyennes. Des déclarations qui ternissent l’image du président Mouammar Kadhafi, perçu comme le garant de la mise en place des « Etats-Unis d’Afrique ».

La Libye serait-elle devenue le nouveau gendarme de l’Europe ? Jeudi, les autorités libyennes ont expulsés quelque 280 migrants maliens. Parmi les expulsés, arrivés vendredi matin à Bamako, certains travaillaient irrégulièrement en Libye. D’autres voulaient émigrer vers l’Italie. Cet événement ne fait pas figure d’exception. Il y a quelques mois, d’autres Maliens avaient été expulsés du pays. Au Mali, on s’interroge sur Mouammar Kadhafi, le chef de l’Etat libyen. Son image de « grand bienfaiteur », garant de la mise en place des « Etats-Unis d’Afrique » et d’ «un gouvernement africain » s’est, depuis quelque temps, ternie. « Je me demande si les liens d’amitiés entre le Mali et la Libye, ne sont pas des liens de façade », lance Maître Brahima Koné, le président de l’association malienne des droits de l’homme (AMDH).

Les relations entre la Libye et le Mali pointées du doigt

Au lieu de renforcer l’Union africaine, ce genre d’événements tend à diviser l’Afrique. En plus des expulsions, les migrants maliens se sont plaints d’avoir été bastonnés par la police libyenne qui leur a confisqué tout leur argent et leurs biens personnels. « Les Libyens sont très racistes. Moi, j’ai tout perdu dans ce pays mon argent, mes vêtements. Je ne conseille à personne d’aller dans ce pays », confie Oumar, 15 ans à l’AFP. « J’ai été maltraité par les soldats libyens durant mon arrestation », ajoute Sidiki Banou, un autre expulsé, plombier depuis 7 ans en Libye.

Cet incident a suscité des protestations à Bamako. « On leur a tout pris et on les a renvoyé du pays comme s’ils étaient des animaux, c’est inadmissible », explique Brahima Koné. « Le silence du gouvernement malien dans cette affaire est inquiétant. L’AMDH va se réunir et prendre des mesures pour que le gouvernement réagisse et prenne enfin ses responsabilités», précise-t-il. Si le pouvoir se montre aussi réservé, c’est sans doute à cause des accords économiques conclus entre les deux pays. En 2007, la Libye avait investi 500 millions de dollars au Mali. Tripoli a posé sa marque un peu partout dans le pays. Dans les secteurs de l’hôtellerie, du tabac – elle détient la Société national des tabacs et allumettes du Mali (Sonatam) et du pétrole avec la société Tamoil qui gère six stations à travers le Mali.

La Libye, le nouveau gendarme de l’Europe

Après s’être présentée comme la terre d’asile du Tiers monde, la Libye du colonel Kadhafi se plaint d’être devenue un pays attirant tous les déshérités, avec deux à trois immigrés contre dix Libyens. Attirés par l’Europe, ils arrivent en masse dans le but d’atteindre les îles et les côtes italiennes à bord d’embarcations de fortune. Pour lutter contre cette immigration clandestine, la Libye a conclu avec l’Union européenne, en juillet 2007, un accord prévoyant un mécanisme commun de surveillance des frontières maritimes et terrestres.

Outre son statut forcé de pays transit, la Libye perçue comme un eldorado gavé de pétrole, séduit les migrants d’Afrique subsaharienne. Le pays n’étant plus en mesure de répondre aux objectifs économiques du pays de plus en plus ambitieux, les travaux sont effectués par des immigrés. Une situation qui n’est pas du goût de la Libye. Interpellé plusieurs fois par l’association malienne des expulsés (AME), en raison des conditions précaires dans les centres de rétention, le pays fait la sourde oreille et durcit sa lutte contre l’immigration clandestine. « On a déjà interpellé les autorités libyennes et maliennes à ce sujet, en vain. Tous les jours, des expulsés maliens nous appellent pour rendre compte de leur situation dégradante », explique Ousmane Diarra, le président de l’AME. « On assiste ici à une violation des droits de l’Homme !», ajoute-t-il, énervé.

La Libye n’est pas la seule à mener une traque aux clandestins. Selon Ousmane Diarra, vingt trois Maliens ont été expulsées vendredi dernier du Maroc. Apparemment, les nouveaux gendarmes de l’Europe entendent bien mener la vie dure aux immigrés, quitte à violer au passage les droits de l’Homme.

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