Séduction : les « benguistes » toujours demandés en Côte d’Ivoire


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Les Africains vivant dans l’Hexagone ont eux aussi une place de choix au rang des dragueurs. En Côte d’Ivoire, on leur a trouvé un petit nom : les « benguistes » (de « Bengué », qui signifie la France dans le jargon ivoirien). Sont souvent concernés les footballeurs professionnels, certains artistes, ou des particuliers sans succès mais avec un gros portefeuille constitué grâce au « djôssi » (les petits métiers des Africains en Europe). Nombreuses sont les femmes qui tombent dans les filets des « benguistes », mais il arrive aussi qu’ils se fassent escroquer.

Notre correspondante à Abidjan

A Abidjan, les benguistes ont du succès auprès de la gent féminine. Ils arrivent et les « sédentaires » passent tout leur temps à chercher leurs copines, aveuglées par les Euros et le rêve d’aller vivre dans l’Eldorado occidental. A l’instar de tous les autres dragueurs qui sont sur place, les benguistes ont une technique de séduction qui leur est propre.

Sylvie a été victime d’un benguiste. Elle explique son aventure : «C’est Carine qui m’a mise en contact avec un africain vivant en Europe ». La technique la plus connue, c’est de se faire des « commandes » depuis l’Europe. Avant qu’ils n’arrivent, ils demandent à leurs connaissances ou parents restés ici au pays, de leur trouver des copines.

« Mon téléphone a sonné un soir, confie Sylvie. C’était un homme. Il a dit s’appeler Claude et avoir eu mon numéro grâce à un ami commun. On a échangé pendant longtemps. On s’est rencontrés trois jours plus tard. Et après on est allés plus loin. Mais les choses ne se sont pas bien passées entre nous. Nous avons arrêté au bout de deux semaines ».

L’amertume des victimes de benguistes

Akassi a eu une relation plus longue avec un Benguiste. Elle semble être restée elle aussi sur sa faim : « Moi j’étais avec quelqu’un que j’ai quitté pour Patrice. Quand il est arrivé, on est restés ensemble pendant tout le mois qu’ont duré ses vacances. On habitait dans un studio que j’avais pris le soin de louer avant son arrivée. Je lui faisais des petits plats. On s’est fait des promesses. Mais quand il est retourné en France où il avait une femme blanche et deux enfants, ce que j’ignorais d’ailleurs, il n’a plus donné de nouvelles »

Généralement ils débarquent un soir, pendant les vacances avec quelques euros. Une fois sur place, ils paradent dans de rutilantes voitures convoyées expressément pour se faire voir. Et comme appât, ils évoquent la thèse du mariage, bien qu’ils soient souvent mariés en Europe.

Jean Yves est en vacances en ce moment à Abidjan. Il place des vêtements dans des magasins à Abidjan. Il a sa technique : « Moi je fais des affaires ici au pays. Donc je reviens presque tous les trois mois. Et chaque fois que j’arrive, c’est un peu difficile pour moi de me loger. Donc je cherche des femmes célibataires qui ont un appartement à elle. Je me mets en couple, juste le temps de mon séjour. Et pour la quitter je crée des histoires. La prochaine fois quand j’arrive, j’en cherche une autre… »

Voici comment est pris qui croyait prendre !

Marcelline a trouvé une parade : « Je suis avec un homme qui vit en Europe depuis des années. Je vis au pays dans un appartement qu’il me loue toutes les fins de mois. Il assure la popote comme s’il habitait avec moi et ne manque jamais mon anniversaire. Pour moi, les benguistes ça marche toujours»

Elle garde cependant un arrière goût amer de cette relation. « Je ne l’aime pas. Mais il ne le sait pas. Mais je reste avec lui parce que j’ai vécu trop d’histoires où j’étais la malheureuse. Maintenant je prends ma revanche sur la vie avec les vieux benguistes

Lucie, elle, a joué un mauvais tour à l’un d’entre eux. « Avant on ne savait pas qu’ils étaient avec nous juste pour les vacances. Maintenant que je le sais je ne me laisse plus faire. Moi j’ai fait un coup à un benguiste qui voulait se moquer de moi. Je l’ai vite su. Donc j’ai tout fait pour qu’il fasse son test de sérologie. Une fois que tout était clair, j’ai commencé à avoir des rapports non protégés avec lui. Je lui ai fait croire après son départ que j’étais enceinte de lui. Il m’a envoyé de l’argent toutes les fin de mois jusqu’au dernier de ma prétendue grossesse. » Des sommes qu’elle a pu lui soutirer grâce à ce qu’elle savait de sa vie en Europe. « Il a eu la malchance de me donner ses coordonnées, donc je le tenais. Il était marié à une femme blanche et n’était pas encore en situation régulière. Donc je l’ai bien eu. Quand il voulait que ses parents passent chez moi pour voir notre bébé, je racontais chaque fois quelque chose de nouveau. Il a fini par découvrir le pot aux roses. Mais je m’étais déjà bien servie. Mais chose bizarre, aujourd’hui encore il continue de m’appeler et veut qu’on se remette ensemble. C’est moi qui lui tourne le dos.»

Théophile, lui, vit en Italie et voulait se marier à une femme de son pays. Mais il n’a jamais eu de chance. « J’ai connu Patricia que je voulais épouser. Elle était belle et avait tout pour me plaire. Quand je suis au pays avec elle, c’est une vraie femme de maison. Mais dès que je retourne, elle me fabrique tout un tas d’histoires qui tournent toujours autour de l’argent. Tantôt c’est sa mère qui décède, si ce n’est pas sa grand-mère. Elle est toujours en train de se faire opérer. Et tout cet argent sort de ma poche. Même avec tout ce qu’elle faisait je ne voulais pas croire qu’elle était juste avec moi pour l’argent. Et j’étais l’époux idéal. Toujours absent, je ne pouvais pas avoir un œil sur ses sorties. Jusqu’à ce que je débarque un jour sans prévenir. Elle vivait avec un autre dans la maison que je payais et attendait un enfant de ce dernier… » Le jeu de la séduction pour lui s’est arrêté en chemin. « Plus d’africaine ! » s’est il juré.

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