Burkina Faso : les manifestants contre la vie chère ne désarment pas


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Malgré la baisse des prix annoncée dimanche par le gouvernement, de nouvelles manifestations contre la vie chère sont prévues ce samedi. Cette initiative se prépare alors que le tribunal de grande instance de Ouagadougou a condamné mardi 45 personnes des peines d’emprisonnement ferme pour avoir foulé le pavé contre la hausse des prix.

Le mouvement contre la vie chère continue au Burkina Faso continue, en dépit des lourdes condamnations de manifestants survenues fin février et mardi dernier. Pour calmer les revendications des Burkinabès, le gouvernement avait annoncé dimanche que certains produits de grande consommation seraient exonérés de taxes douanières afin d’en réduire le prix. Le quotidien gouvernemental Sidwaya explique que la baisse, comprise entre 5% et 15% selon les denrées, concerne certaines sortes de riz et d’huile de coton raffiné, ainsi que quelques marques de pâtes et de lait en poudre et concentré.

Coalition nationale contre la vie chère

Il faut croire que ce n’était pas assez pour les travailleurs, qui déplorent que leurs salaires permettent de moins en moins de nourrir les leurs. Le secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), la plus importante du pays, a annoncé mercredi la création d’une Coalition nationale contre la vie chère. Le mouvement comprend des syndicats, des associations et plusieurs organisations de la société civile, d’après les informations recueillies par l’AFP auprès de la CGT-B.

Cette coalition s’est fixée pour mission de lutter contre la vie chère, mais aussi contre la corruption, la fraude ou encore l’impunité. Samedi, elle mènera sa première action de terrain : des « marches-meetings » qui dénonceront ces maux à travers tout le Burkina Faso. Une initiative qui démontre que les marcheurs ne sont pas effrayés par les peines que la justice burkinabè a prononcées contre d’autres manifestants.

Lourdes peines contre les manifestants

Mardi, le tribunal de grande instance de Ouagadougou a jugé 169 personnes accusées de « manifestation illicite sur la voie publique et destructions de biens publics et privés » – une affaire faisant suite à une marche contre la hausse des prix qui s’est tenue le 28 février dans la capitale burkinabè. Bilan : cent-neuf prévenus ont été relaxés pour manque de preuves ou parce qu’ils étaient mineurs. Quinze autres écopent de 6 à 24 mois d’emprisonnement avec sursis.

Les 45 restants ont été condamnés à des peines fermes. Quarante-quatre ont été condamnés à 12 mois de prison. Le leader du petit parti d’opposition Rassemblement démocratique populaire, principal accusé du dossier, s’en sort quant à lui avec 36 mois de réclusion pour avoir initié une manifestation ayant tourné au vandalisme.

Ces jugements rappellent ceux du procès de Bobo-Dioulasso. Le 29 février, le tribunal de grande instance de la deuxième ville du pays s’est prononcé sur le cas de 153 personnes ayant participé à une marche sur la vie chère les 20 et 21 février. Un mouvement de protestation qui s’était lui aussi soldé par des actes de malveillance. Au final, après 17 heures d’audience, 124 accusés ont été relaxés et 29 condamnés à des peines comprises entre 3 et 36 mois de prison ferme.

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