Le sida stagne mais n’épargne toujours pas l’Afrique


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La progression du sida stagne dans le monde mais demeure la première cause de décès en Afrique sub-saharienne. Les statistiques restent alarmantes en dépit des retombées positives des campagnes de sensibiliation et de l’accès gratuit aux antirétroviraux dans de nombreux pays.

Dans le monde, le nombre de nouvelles infections a chuté et celui des personnes vivant avec le virus du sida s’est stabilisé, indique le rapport 2007 de l’Onusida, le programme commun des Nations unies sur le VIH/Sida. Mais les chiffres sont loin d’être réjouissants pour l’Afrique sub-saharienne, où la maladie reste la première cause de mortalité, en dépit de nombreux encouragements. Sur les 33,2 millions de personnes infectées dans le monde, 68% vivent dans cette partie du monde, soit 22, 5 millions d’individus. Le nombre de ceux qui ont contracté le virus du sida en 2007 s’élève à 2,5 millions dont 1,7 sur le continent. Quant aux décès dus au sida – 2, 1 millions en 2007 au total -, l’Afrique a encore payé un lourd tribut en enregistrant 76% d’entre eux. Par ailleurs, les femmes sont toujours les premières victimes du sida dans cette partie du globe, soit 61% des individus vivant avec le VIH.

L’Afrique du Sud refuse toujours de prendre le taureau par les cornes

L’Afrique australe est la région du continent où la pandémie est la plus virulente, avec 35% de malades et « presque un tiers (32%) de toutes les nouvelles infections à VIH et de tous les décès dus au sida à l’échelle mondiale en 2007 », indique le rapport. Huit pays de la région – Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Mozambique, Namibie, Swaziland, Zambie et Zimbabwe – ont un taux de prévalence supérieure à 15%. Selon l’Onusida, ces pays « représentent désormais près du tiers de toutes les nouvelles infections à VIH et de tous les décès dus au sida dans le monde ». C’est encore à l’Afrique du Sud que revient le funeste record d’abriter le plus grand nombre de malades du sida sur la planète. Un pays où les autorités sanitaires ne sont pas encore décidées à faire face au fléau. L’archevêque Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix 1984, a dénoncé dans un discours prononcé à Pretoria, ce vendredi, l’attentisme des autorités qui perdaient leur temps en conjectures sur l’origine du sida, au lieu de s’attaquer à ce qu’il considère comme une « crise ». Six cents personnes meurent chaque jour à cause de cette maladie, ce qui est « inacceptable » pour le responsable religieux. Même si les statistiques sur la maladie sont en deçà des prévisions, cela reste une maigre consolation pour Desmond Tutu.

A l’échelle du continent, les nouvelles contaminations ont diminué par rapport à 2001, inéanmoins des efforts restent à faire parce que la région reste « très sévèrement touchée », souligne l’Onusida, en dépit de constats encourageants. « Les efforts constants d’intensification des traitements et de prévention du VIH donnent des résultats dans certains pays », note le rapport 2007. Ils sont notamment porté leurs fruits en Côte d’Ivoire, au Kenya et au Zimbabwe. Ces pays enregistrent de fait une baisse de leur prévalence nationale. Au Botswana, au Cameroun, au Kenya, au Malawi, au Tchad, au Togo, en Zambie ou encore au Zimbabwe, c’est la tendance à la baisse des comportements à risque parmi les jeunes, les 15-24, qui constitue un motif d’encouragement. Pourtant, poursuit le document, « la mortalité due au sida reste élevée en Afrique du fait de l’ampleur des besoins de traitements non satisfaits ». L’exemple qui confirme la règle : au Botswana, le premier pays africain où l’accès aux antirétroviraux est gratuit (depuis 2001), le nombre de malades et de décès montre une baisse sensible.

Le leadership pour lutter et changer la vie des séropositifs

La prise en charge des malades constitue malheureusement toujours un problème sur le continent africain. Dans ce contexte, la prévention reste encore le meilleur moyen de circonscrire le fléau. La découverte récente du fait que la circoncision chez les hommes hétérosexuels réduisait de moitié le risque d’infection par le virus du sida est en cela une bonne nouvelle. Une nouvelle que les organisations internationales s’évertuent à relativiser en rappelant aux Africains, comme les Ougandais ou les Swazis, qui se précipitent dans les hôpitaux, que le préservatif et l’abstinence restent les moyens les plus efficaces de se protéger du sida. Une maladie qui fait toujours peur à cause de la stigmatisation dont sont victimes les séropositifs.

Bien que l’accès gratuit aux antirétroviraux contribue à modifier la perception de ce mal. « Quand quelqu’un entend aujourd’hui qu’il est séropositif, ce n’est plus l’image de la mort», a confié l’anthropologue camerounais Séverin Cécile Abega à l’AFP. Les campagnes de sensibilisation portées par des personnalités locales participe également de cette évolution des mentalités. Surtout quand il s’agit de dépistage. La majorité des Africains hésitent encore à faire le test. Plus de 70% des Botswanais, par exemple, seraient dans ce cas. Le dépistage, une démarche qui rend le thème de l’édition 2007 de la Journée mondiale de lutte contre le sida pertinent à bien des égards.

« Stop sida. Tenons notre promesse » est le thème depuis 2001 de la Journée mondiale de lutte contre le sida que l’on célèbre le 1er décembre. Mais la journée mise, cette année, à l’instar de celle à venir, sur le « leadership » pour enrayer la pandémie du sida. Son efficacité a déjà été constatée lors de nombreuses campagnes de sensibilisation. En Afrique du Sud, le fait que Nelson Mandela ait reconnu que son second fils était mort du sida a eu un impact considérable dans la Nation Arc-en-ciel. Mais en attendant que ce leadership s’affirme davantage à tous les niveaux de la société, la maladie fera encore de nombreux ravages sur le continent.

 Visiter le site de l’Onusida et lire le rapport 2007

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