Des casques bleus trafiquants d’or et d’armes en RDC ?


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Les Nations Unies ont souligné, mercredi, que leur enquête sur les trafics présumés d’or et d’armes par des casques bleus pakistanais en République Démocratique du Congo était toujours en cours et qu’elles étaient prêtes à sévir en cas de faute. Cette annonce fait suite à un reportage de la BBC alléguant qu’il aurait été prévu d’enterrer les résultats des investigations pour des raisons politiques.

Le reportage de la BBC n’a pas laissé les Nations Unies indifférentes. Le média britannique a publié, mercredi, sur son site, un reportage sur des allégations de trafic d’or et d’armes commis en 2004-2005 par des casques bleus pakistanais dans la ville de Mongbwalu, dans la région congolaise de l’Ituri (Nord-Est). Un trafic pour lequel ils auraient notamment eu pour interlocuteurs deux leaders de milices, surnommés « Kung-Fu » et « Dragon », qui seront plus tard poursuivis pour « crimes de guerre ». Si les Nations Unies ont réagi à l’article, qui comporte quelques témoignages corroborant les soupçons, c’est que l’un de ses responsables y explique qu’il aurait été envisagé d’enterrer les résultats de l’enquête que le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) de l’Onu mène sur cette affaire depuis début 2006. Objectif : ne pas causer de problèmes politiques avec le Pakistan, dont le contingent alors au sein de la Mission de maintien de la paix des Nations Unies en RDC (Monuc) est directement visé.

« Sanctionner de manière implacable » les coupables

Les Nations Unies ont réagi dès mercredi au reportage. « Lorsque son enquête sera terminée, le Bureau des services de contrôle interne communiquera son rapport et ses recommandations au Département du Maintien de la Paix des Nations Unies, pour action appropriée auprès des Pays Contributeurs de Troupes dont dépend le personnel du contingent concerné, conformément aux procédures onusiennes actuellement en vigueur », indique la Monuc, dans un communiqué. Rappelant qu’elle a participé à pacifier l’Ituri, à désarmer les milices et à organiser les « premières élections libres et démocratiques en plus de 40 ans », la Monuc poursuit en rappelant qu’elle a « une politique de tolérance zéro absolue quant aux problèmes de mauvaise conduite et demeure vigilante dans la prévention des comportements graves et inacceptables. La MONUC est déterminée à sanctionner de manière implacable, quiconque dont la conduite sera avérée comme étant indigne d’un Soldat de la paix ».

Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, indique par la voix de sa porte-parole que « la BSCI nous indique que l’enquête est bien avancée et devrait être achevée dans trois semaines ». Et la déclaration de conclure : « Le Secrétaire général attend avec intérêt la conclusion rapide de l’enquête. Il agira promptement et de manière transparente en fonction des conclusions de celle-ci. Si des actes illicites ont été commis, il tiendra leurs auteurs pour responsables. Le Secrétaire général appelle tous les États membres concernés à faire de même ».

Du Côté du Pakistan, on fait aussi preuve de patience. La porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Tasnim Aslam, a précisé « qu’à ce stade, il s’agissait de simples allégations, qui devaient être creusées » et souligné que « de notre côté, les autorités compétentes vont examiner cette question pour établir les faits ». Selon les informations recueillies par l’AFP auprès d’un responsable onusien basé à Kinshasa, « les Casques bleus visés par l’enquête ont quitté la RDC il y a plusieurs mois ». Un porte-parole de l’armée interrogé par la BBC s’est refusé à dire si ce corps de défense prévoyait une enquête, mais a souligné qu’il ne comprenait pas pourquoi seuls des Pakistanais avaient été pointés du doigt, alors que d’autres pays ont déployé des troupes en RDC. La réponse devrait tomber d’ici quelques semaines.

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