Guinée : une nouvelle crise politique se profile-t-elle ?


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Les militaires guinéens sont mécontents et le manifestent depuis mercredi dernier au grand dam des populations. Leurs tirs en l’air ont déjà fait 71 morts parmi les civils. Leur principale revendication : le paiement des arriérés de leurs soldes. Cette mutinerie vient menacer la stabilité d’un pays qui sort de deux grèves générales, celles de janvier et février derniers, qui ont coûté la vie, selon les chiffres officiels, à 137 personnes.

Les militaires guinéens ont tiré en l’air dans la nuit de mercredi à jeudi, puis de jeudi à vendredi pour réclamer leurs arriérés de salaires, une augmentation de leurs soldes et le renouvellement d’une hiérarchie vieillissante. Selon des sources militaires, une partie de leurs salaires auraient été retenus à la suite de la mutinerie de 1996, la dernière en date qu’ait connue le pays. Le calme serait revenu à l’aube ce vendredi. Les populations de Conakry, la capitale guinéenne, de Macenta (800 km au sud de Conakry), de Kankan (600 km à l’est de Conakry), de Nzérékoré (sud-est de la Guinée) et de Faranah (sud-est) ont fait les frais de ce mouvement d’humeur des soldats.

Un gardien, à Nzérékoré qui menaçait les militaires de les dénoncer, s’est vu criblé de balles. Les soldats se sont également livrés à de nombreux actes de vandalisme, pillages et vols notamment chez les commerçants de cette ville. A Kindia, de même, le domicile de Kerfalla Camara, le chef d’état-major général de l’armée guinéenne, a été pillé dans la nuit de mercredi à jeudi. Les militaires lui reprochent de s’être construit une superbe villa alors qu’ils attendent encore d’être payés par l’armée.

Les militaires se rebellent pour le plus grand malheur des populations

Au total, cette mutinerie dans les principaux camps militaires du pays dont le camp Alfa Yaya Diallo de Conakry, le plus important, ont fait deux morts et 73 blessés parmi lesquels 71 civils tombés sous des balles perdues. Cette crise risque de fragiliser le nouveau gouvernement de Lansana Kouyaté, nommé en février, à le suite à des manifestations hostiles au régime du président Lansana Conté que l’on dit malade.

Le chef du gouvernement a convoqué d’urgence, ce vendredi, un « conseil des ministres extraordinaire » pour endiguer les effets d’un éventuel conflit. La Guinée, déjà en proie à une grave crise sociale et politique, se relève difficilement des deux grèves générales de janvier et février derniers dont l’issue a été dramatique pour les populations. Les violences survenues à la suite de ces mouvements ont fait, selon un bilan officiel du gouvernement, 137 morts et 1 667 blessés.

Les évènements de ces deux dernières nuits en Guinée rappellent la mutinerie de 1996. Comme aujourd’hui, ce sont des revendications salariales qui ont déclenché le mouvement dont l’épicentre était le camp Alfa Yaya Diallo. Elle avait causé la mort de plus de 300 personnes et de nombreux dégâts matériels. Une purge avait succédé à ce mouvement considéré comme une tentative de coup d’Etat, notamment parce que Lansana Conté, au pouvoir depuis 1984, avait failli y laisser la vie.

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