La frontière kenyane reste fermée aux demandeurs d’asile somaliens


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La frontière entre la Somalie et le Kenya restera fermée, malgré l’afflux de milliers de nouveaux demandeurs d’asile somaliens ayant fui Mogadishu, la capitale somalienne, suite à plusieurs semaines d’intenses combats, ont annoncé les autorités kenyanes.

« Nos forces de sécurité ont été placées en état d’alerte maximum. Aucun somalien n’entrera dans le pays », a déclaré mardi Joseph Imbwaga, le commissaire du district de Garissa. La décision de fermer la frontière, prise il y a plus de trois mois par les autorités du Kenya, est toujours en vigueur, a-t-il ajouté.

Selon des témoins et travailleurs humanitaires, des centaines de familles ayant fui les combats qui ont récemment fait plus de 300 morts, étaient arrivées dans les villes frontalières de Doble et Harehare. « Les familles dorment sous les arbres et chez des parents », a indiqué Abdullahi Murshid, qui venait de la région. « La situation est mauvaise ; nous faisons face à une crise humanitaire. Près de quatre personnes sont mortes de maladie hier », a-t-il déploré.

D’après le témoignage d’un travailleur humanitaire qui a requis l’anonymat, entre 2 000 et 4 000 personnes sont récemment arrivées à la frontière. Quelque 3 000 demandeurs d’asile campent déjà près de la frontière, depuis l’escalade de la violence à Mogadiscio, en décembre dernier. « Il s’agit de nouveaux déplacés qui ont fui les affrontements dans Mogadiscio », a fait remarquer l’agent humanitaire qui travaille dans la zone frontalière pour le compte d’une ONG locale. « Ils ont commencé à arriver en février [lorsque les combats se sont faits plus intenses]. Ils sont faibles et en très mauvaise condition physique ».

Une situation sanitaire préoccupante

Une épidémie de diarrhée aqueuse aiguë s’est déclarée dans le camp de fortune créé par les demandeurs d’asile, et 22 personnes ont été soignées dans un centre de santé provisoire géré par l’ONG locale. Aucune autre agence humanitaire n’a accès aux demandeurs d’asile en raison de la fermeture de la frontière.

Entre temps à Mogadiscio, le cessez-le-feu entre les forces éthiopiennes et gouvernementales et les insurgés était respecté mardi, pour la deuxième journée consécutive. « Il n’y a pas eu de violation de la trêve par les deux parties et la ville est calme », a affirmé une source proche de la société civile.

Les insurgés comptent dans leurs rangs des éléments du dernier carré des membres de l’Union des tribunaux islamiques, ainsi que des miliciens Hawiye [le clan dominant de la ville] opposés au gouvernement de transition et à la présence des forces éthiopiennes en Somalie.Le conseil des sages Haiwye a mis sur pied un comité de 15 membres pour engager des négociations avec les Ethiopiens, a annoncé Ugas Abdidahir Ugas Nur, membre du conseil.

Dans un communiqué publié mardi, l’Union Européenne (UE) a invité toutes les parties à mettre fin aux affrontements immédiatement et à « parvenir à un cessez-le-feu de longue durée ». La stabilisation du pays passe par des moyens politiques, a précisé l’UE.

« Nous sommes profondément préoccupés par l’impact humanitaire du conflit à Mogadiscio, ainsi que par le bombardement aveugle des régions densément peuplées », ont dit Javier Solana, Haut Représentant de l’UE pour la Politique étrangère et de sécurité commune, et Louis Michel, Commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire, dans un communiqué conjoint. « Nous demandons instamment à toutes les parties de respecter sans équivoque les obligations qui leur incombent en vertu du droit humanitaire international et de permettre à l’accès humanitaire de soulager les souffrances des civils pris entre deux feux », ont-ils ajouté.

Photo: Siegfried Modola/IRIN

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