L’Afrique vue « Autrement ! »


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Couverture du magazine

Autrement ! est sorti mercredi dans les kiosques. Disponible en France et dans certains pays africains, ce nouveau mensuel a pour but de donner l’image d’une Afrique positive, différente du sombre tableau que dépeignent certains medias. Explications de Julien Evina, directeur de la publication et rédacteur en chef du magazine.

Montrer l’Afrique sous un autre jour, plus lumineux, plus positif. C’est le pari qu’a pris le journaliste camerounais Julien Evina en créant le mensuel Autrement !, disponible depuis mercredi dans les kiosques. Ce magazine est vendu 3 euros en France et 1 500 FCFA au Cameroun, au Gabon, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso. Un nouveau media qui se veut people, mais sans la légèreté qui peut parfois caractériser ce créneau : Autrement ! interviewe ou tire le portrait de personnalités plus ou moins connues. L’important est qu’elles donnent une image meilleure de l’Afrique. « Autrement ! met en lumière les Africains ou non Africains qui visent ce but à travers leurs différentes activités, comme contribuer au développement culturel, économique et social de notre continent », explique Julien Evina, directeur de la publication et rédacteur en chef du magazine. L’objectif est de montrer que le berceau de l’humanité ne fait pas que broyer du noir. Précisions de Julien Evina.

Afrik.com : Pourquoi avoir créé ce magazine ?

Julien Evina :
Nous avons créé Autrement ! parce que nous avons constaté que les mondes noirs – pas seulement l’Afrique – avaient besoin d’une vitrine version papier, faisant écho de la réussite de ses ressortissants. D’autant qu’ils regorgent de talents en tout genre, qui ne demandent qu’à être mis en lumière. Normalement, sans verser dans un discours aux accents communautaristes, nous n’avons pas plus à prouver quoi que ce soit à quiconque, mais sommes conscients que nous devons nous battre dix mille fois plus.

Afrik.com : Quel est votre objectif ?

Julien Evina :
Notre objectif est de contribuer à ce processus de mise en confiance en soi de la jeunesse issue de la diversité et celle vivant sur le continent. Histoire de montrer que la réussite n’est pas un mot vide de sens en Afrique. Si nous arrivions à faire passer le message, nous aurons contribué à éviter bien des drames.

Afrik.com : Dans l’édito, vous expliquez que vous voulez parler de politique et d’économie de façon moins « alarmante ». Estimez-vous que les médias sont trop pessimistes concernant l’Afrique ou qu’ils ne mettent pas assez en valeur ce qui se fait de positif sur le continent ?

Julien Evina :
J’ai toujours été offusqué de la manière dont l’Afrique est présentée au niveau international. Attention ! Nous n’essayons pas d’occulter les maux qui font rage dans certains pays, mais il y a tant de motifs d’espoir dans nos pays d’Afrique, dans les Caraïbes, au Maghreb… que ne pas les montrer constitue, de la part d’un journaliste, une faute professionnelle grave. De fait, notre mission n’est pas une simple fantaisie, mais un devoir.

Afrik.com : A vouloir insister sur le côté positif, ne craignez-vous pas de faire un magazine qui donne une vision de l’Afrique inversement trop positive ?

Julien Evina :
Absolument pas ! Nous avons au contraire besoin d’une overdose d’optimisme, d’où l’importance de montrer le côté positif des choses, ne serait-ce que pour notre confiance en soi. Car beaucoup d’entre nous l’ont perdu de façon presque irréversible.

Afrik.com : Dans ce numéro, vous présentez un reportage sur Miriam Makeba et sa petite fille… Quelles sont vos impressions après cette rencontre avec cette reine de la chanson africaine ?

Julien Evina :
Quand vous avez la chance, comme je l’ai eue, de vous retrouver en face d’une légende vivante comme « Mama Africa », vous ne pouvez que ressentir des émotions d’une force inexplicable. Cette rencontre est historique pour moi.

Afrik.com : Avez-vous le soutien de confrères et de médias pour cette aventure ? Lesquels ?

Julien Evina :
Bien sûr. De près ou de loin, j’ai eu le soutien de pas mal de confrères, comme Robert Brazza, animateur d’Africa Song sur Africa n°1 ou encore d’Oumarou Barry de People TV, avec laquelle nous sommes en train de conclure un partenariat. Et de toute façon, l’aide d’autres confrères est ardemment sollicitée en ce moment. Donc, il n’est pas encore tard pour les autres ! (rires). Je tiens surtout à signaler que c’est moi-même qui ai tenu à ce que l’existence de ce projet soit tenue secrète jusqu’au dernier moment.

Afrik.com : Le magazine est mensuel. Cela ne sera-t-il pas être trop lourd à gérer financièrement ?

Julien Evina :
La périodicité mensuelle du magazine me convient. S’il était hebdomadaire, ça ne l’aurait pas fait. De même que j’aurais eu du mal à me lancer dans la perspective d’un bimestriel, moins excitante. C’est que j’aime me sentir sous pression, cela me permet d’avancer. Pour l’aspect financier, ce n’est pas facile, c’est vrai, mais nous essayons de planifier les choses.

Afrik.com : Comment financez-vous le magazine ?

Julien Evina :
Ah, comment je finance Autrement ! ? Avec de petites économies familiales, ajoutées à quelques soutiens généreux dont je tairai le nom…

Afrik.com : Vous êtes journaliste à Africa International. Comment va se passer la suite ? Allez-vous continuer à y collaborer ?

Julien Evina :
Oui, je travaille à Africa International, et j’espère pour longtemps encore. Car je considère cette maison comme la mienne. J’y ai beaucoup appris. Mais de là à dire comment va se passer cette collaboration maintenant, aucune idée. Je vais continuer à proposer mes papiers comme je l’ai toujours fait avec passion et professionnalisme.

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